Le groupe le plus hype de Belgique ces 3 dernières années fait son retour sur le devant de la scène avec le successeur au très acclamé album éponyme qui leur aura valu une tournée américaine aux côtés de leurs potes de Righteous Jams ou Verse. Le punk-hardcore résolument old-school du quartette avait séduit les nostalgiques des années 80 comme les néophytes adolescents, c’est pourquoi 'Escapades' arrive à point nommé pour enfoncer le clou et établir les Bruxellois en chef de file européen.

Le fait que les Belges soient acoquinés avec les Bostoniens de Righteous Jams va me faciliter la tâche pour cette chronique, puisque Justice semble évoluer de la même manière que leurs acolytes : ‘Escapades’ se veut moins rapide et rentre-dedans mais plus axé sur le groove que son prédecesseur. Seulement, ce que RJ avait lamentablement foiré, Justice le réussit avec une maturité assez impressionnante pour un si jeune groupe. Evidemment, ceux qui avaient apprécié l’énergie rageuse du premier album seront déçus dans un premier temps: oubliés Minor Threat ou Circle Jerks, Justice puise plutôt ses influences du moment dans le Black Flag de la seconde période, dans Cro-Mags voire Sheer Terror. Le rythme est lancinant, bluesy et tout en retenue, s’emballant parfois sans jamais réellement exploser. Les riffs sont empreints d’un groove écrasant susceptible de plaire aux fans les plus intègres d’AC/DC, oui, carrément. Certes, le bassiste et le batteur doivent se faire un peu chier sur la majorité des morceaux tant les plans sont basiques et classiques, mais il leur restera le reste du répertoire du groupe pour se réveiller sur scène. Le guitariste s’en donne par contre à cœur joie enchainant solis, riffs groovy et précis, barrés efficaces et passages plus agressifs sans discontinuer. Un très joli travail que Stif le chanteur met particulièrement en exergue: celui qui jadis me gonflait à chanter faux m’a littéralement mis sur le fion. D’accord, son anglais est pourrave et sa voix manque de justesse sur certains plans, mais dans l’ensemble, son timbre et son grain contribuent parfaitement à l’ambiance de fond de bistrot qui se dégage de la musique sur les 11 titres. C’est là toute la différence avec le dernier RJ: Escapades a une âme.

Alors, attention, ne me faites pas écrire ce que je n’ai pas écrit, cet album n’est pas non plus irréprochable, loin de là. Certains titres se ressemblent énormément, comme ‘Don’t Tell Anyone’, ‘Unsure’ ou encore ‘Up And Down’, ce qui crée une inévitable lassitude après quelques écoutes. Malgré les efforts du guitariste, les compositions restent tout de même très simples, pour ne pas dire ‘simplistes’, ce qui ne fait rien pour maintenir l’intérêt sur le long terme. L’accent anglais de Stif gâche malheureusement ses lignes de chant pourtant de haut niveau globalement. Je chipote mais ça accroche vraiment l’oreille, les Belges n’ont pas l’air meilleurs que les Français pour la prononciation. Enfin, les textes tournent toujours autant autour (c’est dur à dire, ça, c’est comme ‘ta saucisse m’assèche la bouche’, une fois…) de la mentalité Straight-Edge, sans excès d’élitisme ni de prosélytisme mais sempiternels, tellement sempiternels. On peut pas dire qu’ils évoluent beaucoup, les mangeurs de soja, m’enfin…

En un mot comme en cent, si vous aimez votre Hardcore old-school plutôt lent et axé sur les ambiances, à la Cro-Mags, et savez reconnaître une évolution intéressante quand vous en écoutez une, cet ‘Escapades’ devrait vous plaire en ce beau printemps. Par contre, si vous adoriez le précédent Justice et imaginiez ce nouvel album rempli de brûlots taillés pour les singalongs dans la fosse, vous risquez d’être particulièrement déçu. Pour ma part, je suis curieux de voir les Belges se défendre sur scène avec les super pointures américaines promises lors des prochaines tournées. EuroCore Strikes Back !


Rédigé par : Candiria-Thon | 14/20 | Nb de lectures : 11090