Découvert comme beaucoup (je suppose) suite à leur signature chez Relapse Records et la sortie du réussi "If Thine Enemy Hunger" en 2006, le duo/couple Amber Valentine (chant et guitares) et Edgar Livengood (batterie) nous revient cette année avec son cinquième album "L'Autrichienne". Concept-album basé sur la Révolution Française, dont certains titres utilisés ici remontent à la période 1991/1994 soit aux débuts du groupes, tout comme l'idée d'un tel concept.

Musicalement parlant, on ne peut pas dire que ce nouvel album soit une révolution pour Jucifer puisque le groupe continue de nous proposer son improbable mixture des genres. Le début de l'album résume parfaitement cela: d'une ouverture sur le rock'n'roll "Blackpowder", on passe à la furtive furie grind de "Thermidor" (un peu plus loin on trouvera "Fall Of Bastille" avec un chant hargneux) pour ensuite atteindre le calme avec la ballade "To Earth" où la voix de Amber se fait très touchante. Derrière, le groupe nous rajoute une petite touche plus noisy tout en lourdeur avec "Deficit" où le chant suave en décalage complet fait son petit effet...
Voilà, en 4 morceaux Jucifer nous montre son talent en variant les plaisirs et ce avec la même réussite suivant les genres.
Toujours cette facilité à accoucher de tubes Rock (plus ou moins énervés) qui pourraient passer en radio sans aucun problème: "Behind Every Great Man" et ses petits effets, le dansant "Birds Of Feather" avec de multiples changements ou encore le grunge de "Window".
Et aussi des morceaux à l'ambiance pesante et aux guitares ultra lourdes, comme le lancinant "Armada" mais surtout "The Mountain" où les écrasants riffs majestueux vous emmènent plus bas que terre. Un titre comme "Procession à la Guillotine" tend plus vers un Doom extrême qui rappelle Unearthly Trance par exemple.
Mais ce qui retient peut-être plus l'attention sur cet album ce sont les ballades, 8 en tout, et c'est la première fois qu'il y en a autant sur un album de Jucifer et le contraste avec le reste est quand même saisissant.
Quelques-unes m'auront vraiment marqué comme la magnifique "To The End", l'émouvante "L'Autrichienne" avec ses notes de pianos bienvenues, la mélancolique "Noyade" où l'atmosphère est devient plus sombre.
C'est réussi mais en même temps troublant, le groupe dégage une sorte de malaise, dû en partie au chant juste divin de Amber qui fait passer énorméments d'émotions différentes tout au long de l'album.

Malgré les 21 titres qui le composent et 70 minutes de musique, l'album passe tout seul et c'est en partie dû à la construction de l'album et à des enchaînements monstrueux comme le milieu de l'album de "To The End" à "Window" (soit 11 titres) où il n'y a pas de baisse d'intensité.

Le groupe a eu la bonne idée de pousser le concept un peu plus loin en se permettant de chanter en français avec plus ou moins de succès comme sur "To The End", "Birds Of Feather" ou "Noyade".
C'est pas trop maîtrisé donc on peine à comprendre si on n'a pas les paroles, mais cela en devient touchant et apporte un sentiment d'âme supplémentaire à leur musique, puis ce petit accent s'avère charmant.
D'ailleurs Amber délivre une excellente prestation vocale tout le long de l'album, son chant est hypnotique et vous reste dans la tête.

Sans vraiment se renouveller certes, Jucifer nous livre cependant un très bon album, bouré d'émotions et riche en contraste. Le duo continue donc son petit bonhomme de chemin comme il fait depuis plus de 15 ans déjà, avec des albums de qualités et en écumant les routes pour délivrer des concerts intenses. A ce sujet, Jucifer débarque aux mois de mai/juin pour sa première tournée européenne en compagnie de Today Is The Day, vous savez ce qu'il vous reste à faire.


Rédigé par : Arnaud | 16,5/20 | Nb de lectures : 11429