N’en déplaise à Arletty et Jean Gabin, oui, on peut avoir une gueule d’atmosphère. Engoncé dans son digipack de couleur bleu ciel et avare de détails, le premier disque de JODIS mérite pleinement cet adjectif et cela semble même être son objectif numéro un. Pris tout seul dans son coin, ‘Secret House’ risquerait pourtant de passer pour une espèce d’interlude un peu longuet et vain. Mais remis dans son contexte, il s’inscrit à l’inverse dans une démarche des plus cohérentes dont il serait la conclusion aussi surprenante que somme toute logique.
Oublions d’entrée les vocalises qui semblent résonner du fin fond d’une caverne et dénuées de réels mots d’Aaron Turner d’ISIS qui, après son implication minimum dans GREYMACHINE, semble confirmer sa tendance à participer aux projets de ses potes plus pour s’amuser que pour y apporter une véritable contribution. Les véritables maîtres d’œuvres de ce ‘supergroupe’ – diantre, que je déteste ce mot – sont en fait le guitariste James Plotkin et le batteur Tim Wyskida. Soit, en plus du CV à la pesanteur indéniable du premier, la moitié de KHANATE, groupe bruitiste au possible et d’un glauquissime étouffant qui s’est auto-sabordé l’année dernière. Le pire est que tout important qu'il soit dans l'alchimie générale, Wyskida joue à peine de son instrument ici, effleurant ses toms plus qu’autre chose et laissant sa caisse claire tranquille pendant presque tout le disque.
Et c’est justement ce sens de l’économie absolue, que l’on retrouve aussi chez un Plotkin au diapason qui n’hésite pas ici à laisser le silence s’installer entre deux accords fantômes et peu chargés d’effets, qui rend le tout d’autant plus passionnant que sombre et beau, comme le versant lumineux et apaisé de KHANATE. Si ces derniers mettaient en musique une lente et douloureuse agonie, JODIS prend le relais une fois le corps devenu inutile et l’esprit prêt à entamer son ultime voyage. Même lorsque ce neuneu de Turner tente de tout saboter en stupidement beuglant comme un âne (« Secret House »), on reste un peu comme un jeune béat envoyé aller chercher de l’eau au puits et qui aurait vu la Vierge. Pas forcément un disque à écouter lorsque l’on passe l’aspirateur – le lien en streaming ci-dessous vous permettra de tenter malgré tout votre chance si cela vous dit – mais presque une expérience spirituelle. Et surtout, oui, une putain d’atmosphère.
Bah oui mais Arletty - "gueule d'atmosphère", c'est dans Hôtel du Nord, et Jean Gabin ne joue pas dans ce film, donc aucun rapport !!
(précision qui me semblait indispensable)
Canicule 2003 Membre enregistré
Posté le: 07/01/2010 à 11h54 - (79432)
Attention le lien est mort !
Je pense que c'est Wyskida et non Myskida monsieur !
L'écoute en streaming m'évoque tout à fait ça : la délivrance après une longue séance de torture à coups de Khanate, une version apaisée (à quelques exceptions car la tension est parfois perceptible). Ca me tente bien.
intéressant IP:192.100.116.143 Invité
Posté le: 07/01/2010 à 13h38 - (79441)
comme la paire Plotkin-Wiskida évolue et se renouvelle à chacune des sorties auxquelles elle participe... entre Khanate, Khlyst, leur duo d'impro et maintenant Jodis...
zozo Membre enregistré
Posté le: 07/01/2010 à 16h48 - (79458)
@GeneralMono: précision qui a son importance et qui me prouve une nouvelle fois qu'il faut retourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler... Merci!
Euh... Idel pour Canicule2003 (le nom de ton groupe de grind?), vérifié et corrigé, merci!
Canicule 2003 Membre enregistré
Posté le: 07/01/2010 à 19h15 - (79470)
héhé non, on a été tenté un moment mais Canicule 2003, the band, n'a duré qu'une soirée, et c'était de la resucée, en moins bien, de kill'em all...
Eus Membre enregistré
Posté le: 09/01/2010 à 17h46 - (79537)
C'est assez amusant qu'a aucun moment on cite Neil Young et son oeuvre, la B.O. de Deadman. Car c'est a mon avis un disque qui a influencé ce dernier.
Canicule 2003 Membre enregistré
Posté le: 11/01/2010 à 13h08 - (79569)
Bien vu ! Je me souviens pas tellement du film mais je vois le genre et on retrouve le même feeling c'est vrai.
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Oublions d’entrée les vocalises qui semblent résonner du fin fond d’une caverne et dénuées de réels mots d’Aaron Turner d’ISIS qui, après son implication minimum dans GREYMACHINE, semble confirmer sa tendance à participer aux projets de ses potes plus pour s’amuser que pour y apporter une véritable contribution. Les véritables maîtres d’œuvres de ce ‘supergroupe’ – diantre, que je déteste ce mot – sont en fait le guitariste James Plotkin et le batteur Tim Wyskida. Soit, en plus du CV à la pesanteur indéniable du premier, la moitié de KHANATE, groupe bruitiste au possible et d’un glauquissime étouffant qui s’est auto-sabordé l’année dernière. Le pire est que tout important qu'il soit dans l'alchimie générale, Wyskida joue à peine de son instrument ici, effleurant ses toms plus qu’autre chose et laissant sa caisse claire tranquille pendant presque tout le disque.
Et c’est justement ce sens de l’économie absolue, que l’on retrouve aussi chez un Plotkin au diapason qui n’hésite pas ici à laisser le silence s’installer entre deux accords fantômes et peu chargés d’effets, qui rend le tout d’autant plus passionnant que sombre et beau, comme le versant lumineux et apaisé de KHANATE. Si ces derniers mettaient en musique une lente et douloureuse agonie, JODIS prend le relais une fois le corps devenu inutile et l’esprit prêt à entamer son ultime voyage. Même lorsque ce neuneu de Turner tente de tout saboter en stupidement beuglant comme un âne (« Secret House »), on reste un peu comme un jeune béat envoyé aller chercher de l’eau au puits et qui aurait vu la Vierge. Pas forcément un disque à écouter lorsque l’on passe l’aspirateur – le lien en streaming ci-dessous vous permettra de tenter malgré tout votre chance si cela vous dit – mais presque une expérience spirituelle. Et surtout, oui, une putain d’atmosphère.
Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 15/20 | Nb de lectures : 10569