Avatar insolent et typique du phénomène, il aura seulement fallu à JOB FOR A COWBOY quelques 150000 « amis » et un mini CD solidement balancé pour attirer l’attention et la convoitise d’un label comme Metal Blade croyant faire un gros coup en signant ces jeunes loups à la pointe d'une nouvelle scène deathcore ricaine.
Il faut dire que « Doom » avait créé son petit buzz Outre-Atlantique dont les répercutions s’étaient fait ressentir jusqu’à nos contrées.

Adulés par les uns, honnis par les autres, visionnaires pour les premiers ou imposteurs pour les seconds, JFAC avait réussi un tour de force notoire d’annihiler toute notion de neutralité dans l’esprit des auditeurs qu’ils soient « amis » ou pas. Un tour de force qui avait débouché sur des appréciations très contrastées dans les médias. Entre chroniques dithyrambiques et exécutions sommaires, le cas JFAC ne connaissait pas de demi-mesure et c’était peut-être bien la meilleure option possible pour le groupe pour faire circuler son nom encore plus rapidement que sa musique.

Deux ans plus tard, après un joli bottin en guise de contrat, quelques changements de line-up et quelques 25000 « amis » supplémentaires, JFAC nous offre, avec « Genesis », son premier album. Dire que le quintet de Glendale, Arizona, était attendu au tournant relèverait de l’euphémisme pur et simple, les uns ayant déjà préparé hachoirs et sulfateuses, les autres ayant déjà en tête l’inévitable plébiscite d’un essai largement transformé.

Contre toute attente, le scénario déjà imaginé trouve avec « Genesis » une issue pour le moins inattendue puisque les factions pour ou contre se trouveront fortement remaniées une fois ce disque écouté. En effet, cette galette si ardemment attendue se révèle plus banale qu’escomptée puisque « Genesis » est un disque de death metal relativement brutal certes mais bien loin des intonations deathcore de « Doom ».

Les lignes de chant exploitant parfaitement, jadis, le large panel de Jonny Davy se retrouvent désormais ciblées sur des growls persistants. Idem pour la démarche musicale du groupe qui semble avoir perdu de son originalité avec les départs d’Andrew Arcurio et Elliott Sellers respectivement guitariste et batteur à l’époque de « Doom ». De même, les trames mélodiques qui émaillaient si sympathiquement le style de JFAC sont passées aux oubliettes en laissant derrière elles des riffs tremolos et une flopée de palm muting.
L’album n’est pas mauvais loin de là. Mais les vertus génériques de « Genesis » ne le destinent pas à une durée de vie qui dépassera la dizaine d’écoutes tout au plus. JFAC essaye tant bien que mal de diversifier son propos par un instrumental surprenant (« Upheaval ») ou par les quelques mélodies orientales de « The Divine Falsehood ». Cela ne suffit pas à lui donner au groupe le côté progressif dont il croit disposer mais qui lui aurait sans doute permis d’accoucher d’un disque moins convenu.

Le plus cocasse dans toute cette histoire, c’est que les amateurs de la première heure jugeront ce disque comme étant raté et auront du mal à masquer leur déception alors que ceux qui pensaient déjà au carnage seront peut-être agréablement surpris par ce revirement de situation. Une chose est néanmoins certaine, on ne peut pas enlever au groupe son professionnalisme et la solide mise en place de sa musique. De même, on saluera l’excellent travail de ce nouveau batteur mais cela ne suffira pas pour réitérer l’exploit de « Doom ».

« Genesis » s’avère donc un album solide qui envoie bien le boulet mais dont l’intérêt retombera sitôt quelques écoutes effectuées. Peut-être que l’ascension du groupe a été trop rapide pour qu’ils en digèrent les répercutions mais, après tout, ils ont tout le temps devant eux pour rectifier le tir.
Dommage quand même.


Rédigé par : Tonton | 13/20 | Nb de lectures : 12133