A quelques heures du concert lillois d'ACID KING, voilà sans doute le moment idéal pour vous parler de JEX THOTH. Quel est le rapport entre ACID KING et JEX THOTH allez-vous me demander ? Il n'y a aucun rapport direct entre les deux groupes mais ce sont deux groupes américains, le premier originaire de San Francisco en Californie et le second du Wisconsin. En dehors de ça les deux groupes pratiquent un style assez différent mais qu'on pourrait au sens très large classé dans la catégorie doom mais surtout et c'est là le point commun majeur entre les deux combos, ACID KING et JEX THOTH sont tous les deux emmenés par une chanteuse, ce qui n'est pas si commun dans le doom, le stoner ou le rock psychédélique. JEX THOTH n'affiche pas les deux décennies d'existence de ses camarades californiens, le groupe existant depuis 2007 ou 2005 si on prend en compte l'époque ou il s'appelait encore TOTEM. Sa discographie n'a cependant pas à rougir puisqu'elle comprend un split avec PAGAN ALTAR, trois EPs et deux albums dont ce "Blood Moon Rise" qui nous intéresse aujourd'hui et qui vient de sortir sur le label suédois I Hate.

JEX THOTH, c'est le nom du groupe mais c'est aussi le nom de la chanteuse (Jessica en réalité) qui prend également en charge les claviers sur cet album. Son univers n'est pas celui du métal et en dehors de JEX THOTH dont seul le côté doom peut rattacher ce projet à la scène metal, les autres projets auxquels elle a participé était vraiment étranger à notre univers. Elle est actuellement chanteuse de SABBATH ASSEMBLY, un groupe de folk psychédélique dont le but est de partager la musique et les idées de l'église du processus du jugement final, un mouvement fondé dans les années 60 par un couple d'anciens membres de l'église de scientologie. Des gens tout ce qu'il y a de fréquentables, donc. Ce qui m'avait interpellé avec ce groupe, c'est d'avoir vu le nom de Robert Lowe dans le line-up mais il s'agissait en fait d'une fausse alerte, d'un homonyme. Outre ce projet on retrouve également Jex Thoth sur certains albums de WOODEN WAND alias Grim Jim, son ex-mari. Ce combo, et ses déclinaisons (WOODEN WAND & THE VANISHING VOICE, WOODEN WAND & THE SKY HIGH BAND et j'en passe) oeuvrent dans des genres appelés freak folk ou encore free folk, des sous-genres de la musique folk psychédélique.

Tout cela pour dire que le psychédélique est de la partie sur ce second album dont le line-up a été totalement renouvelé depuis le premier puisque la chanteuse s'est séparé de son mari qui était également guitariste du groupe. N'ayant pas entendu le premier album, je ne saurais dire si ce changement de personnel a eu un quelconque impact sur la musique du groupe. Le groupe se réclame cependant avant tout de BLACK SABBATH et du heavy metal en général. Moi je veux bien mais il faut cependant bien reconnaître que les guitares manquent singulièrement d'épaisseur et de lourdeur pour que cette affirmation soit un tant soit peu crédible. S'il est ici indéniable que l'utilisation de tempo majoritairement lents ou mids confèrent à cet album une face doom, les guitares y sont globalement bien trop légères et les solo bien trop aériens pour que l'on puisse penser à du BLACK SABBATH. "The Four of Us Are Dying", est peut-être l'exception qui confirme la règle. On se retrouve là face à un morceau de pur doom bien heavy qui aurai tendance à vous enraciner mais cette lourdeur est contrebalancée par le chant léger et aérien de Jex Thoth. Globalement sur cet album le chant pousse à l'élévation, à l'envol, il est parfois majestueux, parfois même quasi éthéré ou a des accents presque pop, il est surtout l'élément central de ce skeud, il ne vient pas compléter la musique mais, au contraire c'est la musique qui vient se mettre au service de ce chant, pour le mettre en valeur.

Non, si l'on veut vraiment chercher des références, des influences, des points de comparaison, c'est plutôt du côté de PINK FLOYD ou BLUE OSYTER CULT qu'il faut chercher. On pourra également citer EARTH pour la face heavy ou encore AMON DUUL II pour la partie psychédélique, JEFFERSON AIRPLANE et la scène acid rock en général. Pour des références plus contemporaines on se tournera vers la scène désert rock et je citerais YAWNING MAN, nom qui me revient à l'esprit pour avoir vu le groupe il y a quelques semaines et enfin les Canadiens de BLOOD CEREMONY qui viennent de sortir leur troisième album. Neuf titres pour 46 minutes, les morceaux ne sont pas spécialement longs même si "Psyar" et son final majestueux dépasse allègrement les 8 minutes. La production est bonne, les guitares n'y sont - comme je l'ai dit - pas très heavy mais c'est sans doute un choix délibéré. On doit cette production à Randall Dunn connu pour avoir entre autre travaillé avec BORIS, EARTH, SUNN O))) et WOLVES IN THE THRONE ROOM.

Un album plus centré sur l'ambiance, l'atmosphère que sur les riffs. Si vous recherchez du lourd, du gras, passez votre chemin, sinon vous pouvez donner une chance à cet album qui ne manque pas de qualités et d'atouts...


Rédigé par : Sheb | 15/20 | Nb de lectures : 13615