Monté par 6 gars dont certains traînent leurs guêtres dans le milieu de la musique depuis une dizaine d'année, JARELL est la belle surprise de cette rentrée 2008. Deux années d'existence à travailler dur et d'un coup, un premier album qui sort de terre, sans prévenir. "Hidden Side" est la résultante de la mise en commun du potentiel des Franciliens et autant le dire de suite, on tient sûrement ici un futur grand du monde métallique national s'il continue sur sa lancée.

Pour être clair, il est un peu difficile de ranger JARELL dans une case précise et c'est là toute la force du combo. Entre thrash, power, death mélodique, metalcore ou metal tout simplement, le groupe propose 11 titres agréables et variés qui bastonnent allègrement pendant plus de 40 minutes.

Définir JARELL ? Imaginez un gros mur de guitares bien agressif et incisif quelque part entre IN FLAMES, STRAPPING YOUNG LAD ou DEVILDRIVER, qui laisse place ici et là à des arpèges délicats et mélodiques. Ajoutez-y une section rythmique en béton armé avec un batteur impressionnant qui allie aussi bien blasts furieux que parties toutes en finesse et rythmiques rouleau-compresseur. Bref, une véritable autoroute toute tracée! Appuyée de manière chirurgicale par une basse qui fait l'effet d'un véritable marteau-pilon, le diptyque rappelle à plusieurs reprises la cohésion d'un FEAR FACTORY période "Soul of a New Machine". Impossible de continuer l'exploration musicale sans mentionner les samples et autres sonorités synthétiques qui ornent chaque titre de JARELL. Car s'ils ne sont pas l'élément prépondérant du son d'"Hidden Side", il est indéniable qu'ils marquent fortement l'identité du groupe. Entre nappes d'ambiance sombres, leads martiaux et bruitages inquiétants, ces arrangements rappellent un peu l'univers glacial d'un ABORYM et consort, un apport indus qui déshumanise fortement l'ensemble.

JARELL est français mais il a décidé de s'exprimer majoritairement dans la langue de Shakespeare (on y trouve un seul titre en français à vrai dire). Et encore une fois, sur ce point, le combo marque des points, avec des textes parlant aussi bien des sentiments humains que de sujets de société légèrement politisés. Un effort d'écriture dû à un chanteur inspiré qui s'amuse à écrire des bouquins quand sa plume ne fornique pas avec la musique. Mais n'allez pas croire que sous réserve de textes réfléchis JARELL œuvre avec une voix typée variet'. Oscillant entre grain thrashisant, growls death, phrasé hardcore ou parties claires, le terme "variété" ne s'appliquera ici que pour la diversité des parties de chant.

D'une densité extrême, il est assez difficile d'extraire d'"Hidden Side" un titre en particulier tant chaque titre regorge du "plan qui bute". Mais de but en blanc, la puissance du titre d'ouverture "Diplomatic Missile", le duo avec Guillaume Bideau sur "Hidden Side of Democracy", la hargne et le refrain de "Through the Age of Shame", le côté malsain de "Smoking" ou la pêche de "Die Morgen" restent en tête et ont un sacré goût de reviens-y!

Bon, ne nous en cachons pas, même si l'album reçoit un tableau d'honneur pour le coup, on peut pointer du doigt quelques défauts inhérents au fait qu'il s'agit d'un premier album. On notera ainsi des plans d'intro un peu trop redondants, une impression de déjà-vu sur quelques riffs de grattes et un chant qui s'égard parfois dans un registre qui ne lui sied pas des masses (le refrain de "HGW" trop heavy à mon goût) et un accent anglais trop brut. Des détails qui s'effaceront avec l'expérience et qui n'enlèvent rien aux qualités de l'opus.

Servi par une production absolument impressionnante signée Vincent Thermidor du studio La Tour Fine et un mastering réalisé par Maor Appelbaum, "Hidden Side" est un album qui assène une vilaine claque. Et avec un plaisir sadique, on tend l'autre joue. A surveiller de très près...


Rédigé par : Foofur | 15/20 | Nb de lectures : 14445