Les 6 Allemands de JaKa sont relativement productifs, puisque depuis leur précédent album paru en 2007, ils ont déjà enregistré et sortis 3 Split, 1 DVD, 1 Live, et 1 EP 'Luxusvernichtung' (dont je vous avais dit beaucoup de bien)... Si pour certains groupes cette boulimie artistique pourrait être prétentieuse ou insipide, les JaKa sont loin d’être réduits au statut de « Striborg du Grind », car cette prolifération musicale est surtout pour eux l’occasion d’évoluer, de tester et de faire muter leur musique.

Après des expérimentations quelques peu avant-gardistes sur 'Rauchen Und Yoga', les 6 frapadingues avaient peu à peu opéré un savant retour aux sources, le Grind reprenant le dessus pour aboutir sur 'Luxusvernichtung' à un Grind Core totalement hystérique, ultra rapide et violent, laissant présager le meilleur pour le futur.
Mais, c’est bien connu, les Japanische Kamphörspiele ne savent pas (ou ne veulent pas) refaire deux fois la même chose. Et, inévitablement, 'Bilder Fressen Strom', seulement 4ème "vrai" album du groupe, illustre une nouvelle facette du groupe...

Inspiré incontestablement de leur passé discographique, et tributaire de leur style, 'Bilder Fressen Strom' n’est pas complètement en décalage avec l’habituel Grind-Punk du groupe, même si les Allemands ont ici choisi d’accentuer la lourdeur au détriment de l’hystérie et la rapidité. Car on y retrouve tout d’abord ce duo de chanteurs hallucinés, alternant growls plaisants et hurlements criards et nasillards, parfois hurlés et parfois à peine criés, et bien entendu tous déclamés en allemand. On retrouve également ce son légèrement 'Old-School', parfaitement clair mais légèrement crade et rugueux, typique du groupe. La plupart des titres ont été enregistrés en une seule prise, témoignant de cette cohésion de groupe.

Mais musicalement, le groupe a donc choisi de mettre en valeur son attirance pour le Death Metal. Lourd, Mid-Tempo, voire parfois plus lent, mais un Death à la JaKa tout de même, suintant de leur style bien particulier, et régulièrement teinté d’accélérations ou de breaks Grind/Punk. Étrange de prime abord, surtout lorsque l’on s’attend à écouter du Grind furibond, ce 'Bilder Fressen Strom' n’est pas pour autant dénué d’attrait et de qualité, et permet de découvrir une nouvelle facette des JaKa.

"Christ Of", le batteur, est ici à l’honneur, et nous démontre ses redoutables qualités techniques, mises en valeur grâce à un excellent son de batterie. A la fois rapide et précis, et sans abuser des blasts, le gaillard assure l’assise rythmique avec brio, même si les rythmes justement auraient gagné à être accélérés plus souvent... En effet, la majorité des titres est basée sur un mode 'Mid-Tempo', accrocheur, certes, mais pas franchement violent. Et c’est sans aucun doute le principal reproche que j’attribue à cet opus : le manque de rapidité, d’accélérations et de furie.
Bien sûr, quand on a pratiqué le Grind Punk durant plus de 10 ans, impossible de s’en défaire totalement, comme l’illustrent 'Everything is fine', 'Der Arsch' ou 'Auto', 3 titres purement Grind. En outre, de nombreux breaks lents ou lourds s’avèrent plutôt appréciables, comme sur 'Die Schlachtung' ou 'Nachahmer'. Mais, bien que garnie de structures variées, la globalité de l’album s’embourbe trop souvent dans des rythmes un peu trop patauds pour l’amateur de Grind et des JaKa que je suis, à l’image de 'Wie geht nochmal ficken' ou 'Effizienz'.

Ceci est d’autant plus dommage que le reste ne souffre d’aucune faiblesse particulière. Outre les hurlements convaincants et familiers, la basse est très présente, et apporte un aspect groovy et lourd. Les riffs sont dans la veine de ce fait habituellement JaKa : hormis quelques arpèges basiques et typiquement Grind, la plupart des riffs sont travaillés, parfois mélodiques, parfois acérés, et parfaitement en accord avec les variations rythmiques. Comme sur tous les albums des Allemands, point de structures répétitives, ni couplets/refrains ; la variété et la recherche musicales sont bien entendu de mise.

Passé la surprise et la découverte, cet album conserve un réel côté accrocheur et plaisant, même si malheureusement on aimerait que ça accélère un peu plus souvent... Déception donc sur ce point, l’album comporte trop de longueur à mon goût, même si cela n’empêche pas ce 'Bilder Fressen Strom' d’être un excellent laboratoire musical, et d’apporter son lot de plaisir auditif. JaKa, ou l’évolution permanente.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 14/20 | Nb de lectures : 11934