JANE BOGAERT est une chanteuse suisse évoluant dans un registre classic rock parfois proche de l’AOR. "5th Dimension" est le premier album de cette artiste ayant représenté son pays au concours de l’Eurovision en 2000 (elle y a terminé à la vingtième position pour la petite histoire). Après s’être chargée de l’intégralité du travail de composition, la miss a fait jouer son carnet d’adresse afin d’obtenir la participation de quelques guests prestigieux, qui font toujours bon effet sur un CV en début de carrière.

A ce titre, la vocaliste ne s’est pas contentée d’invités au rabais puisque "5th Dimension" est l’occasion pour elle de pousser la chansonnette avec rien moins que Jeff Scott Soto (YNGWIE MALMSTEEN, TALISMAN, JOURNEY) sur le langoureux « Still There For Me », mais surtout avec l’incontournable Joe Lynn Turner (RAINBOW, DEEP PURPLE, YNGWIE MALMSTEEN) sur un « Give It Up » enflammé. La voix de Turner, bluesy à souhait, gorgée de feeling, y fait des merveilles. C’est que l’homme à la voix éraillée, on le sait, n’est peut-être jamais aussi à l’aise que dans ce registre AOR qui lui sied si bien. Les derniers albums de SUNSTORM sont là pour le rappeler. Le problème c’est que notre JANE BOGAERT fait bien pâle figure à côté de cette légende du hard rock. La seconde difficulté tient à ce que le reste de l’album devient bien moins intéressant une fois ces deux titres passés.

Malgré l’apparition de quelques pointures comme John « Rhino » Edwards (STATUS QUO) ou Charlie Morgan (Elton John, Gary Moore, Paul McCartney), "5th Dimension" oscille entre des morceaux rock hard plutôt efficaces, à l’image de ce « I’m A Rockstar » très influencé par ZZ TOP, et des titres plus axés pop-rock, à l’intérêt très limité (l’ignoble « Crazy »). Par conséquent, miss Bogaert, dont les capacités vocales ne sont nullement en cause, risque malheureusement de se retrouver le cul entre deux chaises : trop pop pour les amateurs de bon rock, et trop rock pour l’auditeur moyen.

Mis à part les interventions de Soto et Turner, qui apportent une incontestable plus-value à ce premier album, ainsi que quelques morceaux bien envoyés, le metalleux n’aura que très peu de raisons de se pencher sur la musique de JANE BOGAERT. Celle-ci devra se défaire de nombreux éléments pop pour toucher à l’avenir le mélomane averti. Entre le classic rock et la musique de supermarché, il faut choisir.


Rédigé par : up the irons | 09/20 | Nb de lectures : 12869