Jack Frost est un personnage qui représente l’hiver, la froidure, le gel (pas celui des cheveux, celui qui dessine des fougères sur les vitres certaines nuits claires).
Loin des bonhommes de neige et des clochettes, JACK FROST arrive d’Autriche avec un 7ème album, le bien nommé « My Own Private Hell ».
Depuis 1995, le groupe exploite le filon de l’ennui, de la boisson, des ex petites amies et de tout ce qui peut représenter la vie normale et authentique. Et leur propos a très peu varié depuis le début. D’ailleurs ce nouvel opus ne révolutionne pas la musique du combo car il se pose en direct successeur, sans transition, du précédent « Wannadie Songs » sorti en 2005.

JACK FROST officie dans un registre rock très down tempo, ne dépassant pas les 90 à la noire. Quand on a bu avant de prendre le volant, il est raisonnable de se montrer prudent… Leur rock est bien sale, rugueux, et les soli hyper vintage.
Par-dessus cette bande son d’une fin de soirée chaotique se pose une voix grave de géant maladroit, à la Leonard Cohen ou Jim Morrison en fin de vie. Sombre, mélancolique, chargé de pathos et d’alcool. La voix est le point le plus particulier de JACK FROST. Elle est monocorde, hypnotique et lancinante. Et le timbre particulier ajoute à cet effet.

Les morceaux sont tous courts, entre 3 et 5 minutes. Fort heureusement, car malgré des thèmes fort sympathiques, une certaine lassitude s’installe à l’écoute de cet album. Une chanson de temps à autre permettrait de l’apprécier plutôt que noyée au milieu de toute cette lourdeur (et lenteur) répétitive. L’ensemble est pesant et froid, une émotion certainement souhaitée par les acteurs de cet enfer privé.
La musique nous enveloppe dans son linceul, accompagnée par cette voix étrange, à la limite de la justesse.
L’alcool rend malade à trop forte dose.

Côté production, l’ensemble est (mort-)vivant. Très peu de traitements « blitzkrieg » ont été introduit. Des racines préservées, un son brut. Le tout est néanmoins suffisamment moderne et bien produit pour être mis en valeur.
Chaque acteur a sa place, la voix laisse souvent la place à un solo de guitare rugueux. La batterie et la basse, comme dans tout groupe de rock, cognent et remplissent l’espace.

Cet album renferme quelques belles perles d’un gothic rock alcoolisé qui pourrait vous ravir.
Passé la moitié de l’album, vous pourrez même découvrir la superbe ballade « red roses day » qui laisse planer le spectre de Johnny Cash.

N’oubliez pas de boire pour oublier.


Rédigé par : Matthieu | 14/20 | Nb de lectures : 10397