On ne le dira jamais assez, le téléchargement gratuit est plus que jamais un atout certain pour un groupe un tantinet débrouillard en 2010. Pas sûr autrement que je me sois penché sur ce premier album des pelotteurs de démons, étant donné que leur EP "Happily Depressed", malgré des influences triées sur le volet, m'avait laissé de marbre. Pour qui, pour quoi, pas la moindre idée; reste que client des travaux graphiques du père Barbot, postilloneur attitré du groupe sous le pseudonyme d'Iamsailor, et de la mise en streaming/téléchargement de "Come What May", j'ai pu sans trop d'efforts jouer les curieux. Résultat: à genoux au bout du premier titre, sludge/hardcore aussi simple que tellurique à la croisée des introductions des derniers GAZA et TIME TO BURN. Rien de moins.

Le reste n'est pas vraiment du même tonneau, mais ça roule quand même sacrément des mécaniques. Histoire de t'ensevelir sous les références, pense avant tout évidemment à BREACH, pour cette froideur, cette versatilité, et ces penchants rock'n roll, ou à leurs compatriotes de REFUSED version désabusée dans le même panier des monstres sacrés du hardcore évolutif (et suédois, et séparés). Le CONVERGE de "You Fail Me", voire, peut-être encore plus, le POISON THE WELL de "Versions", pour ces penchants limite bluesy très organiques et ce son terrible façon Arizona au pays des fjords, froid et sec comme la bise. Tant qu'on y est sur POISON THE WELL, les vocalises sont à rapprocher de celles de Jeffrey Moreira version noisy, assez "douces" pour le genre, les élastiques lignes de chant demeurant relativement flottantes et nuancées.

Et comme les groupes cités ci-dessus, I PILOT DAEMON joue avec la même classe décontractée tendance chemise débraillée et braguette béante. Dans une micro-niche musicale où les vraies surprises se font rares, "Come What May" parvient à souffler sa fraîcheur Colgate grâce à un songwriting cinq étoiles. Tantôt dégingandé, tantôt écrasant, tantôt sur-intense, comme ce final glacial tout blasts dehors qui s'arrête en pleine galopade comme sur tes disques de beumeuh, I PILOT DAEMON enchaîne ce coup-ci les sans-fautes grâce à une foultitude de petites attentions marquantes et de compositions fourmillant de détails. Déconstruit, désarticulé, mais varié et fatal dans ses logiques d'enchaînements, "Come What May" consacre un peu plus la vivacité de la scène hardcore déviante toulousaine. Advienne que pourra.


Rédigé par : Crown_Me | 15,5/20 | Nb de lectures : 13149