Voici un préambule qui pourrait également tenir lieu de conclusion : En redécouvrant Ivanhoe que je croyais disparu dans les abysses de l’oubli, je me rends compte d’une chose cruelle ; même au bas de sa forme, même en panne d’idées révolutionnaires, un groupe de métal prog allemand est souvent – à de rares exceptions près* - bien meilleur que la plupart des formations françaises se réclamant de la même scène. Et pourquoi s’il vous plaît ? Parce que conscient de sa faiblesse passagère, il n’essaie pas d’en faire trop et que même au creux de la vague il parvient à donner du relief à l’anodin, du consistant au substantiel, de la cohérence à la confusion. Les pessimistes diront « Que voilà une bien douloureuse leçon à méditer… ». Les réalistes ajouteront « et un exemple à suivre ! ».

Ivanhoe a sorti 3 albums au milieu des années 90 avant de connaître une longue période d’inactivité de 8 ans. Il est vrai que son style heavy-prog-mélodique bien que possédant un certain charme n’était pas assez percutant pour s’imposer face à la déferlante qui arrivait de Scandinavie ou des States. Ou tout simplement rivaliser avec ses compatriotes dont un certain Vanden Plas écrasant la concurrence.

Il reprend du poil de la bête en 2005 avec "Walk In The Mindfields", assez prometteur pour lui redonner confiance. Et il poursuit en 2008 une mutation réussie qui n’a plus grand-chose à voir avec ses débuts.

Avant tout, ne vous méprenez pas sur le patronyme du groupe ; bien qu’ambigu, il ne fait aucunement référence à un quelconque héros portant glaive et défenseur de la veuve et de l’orphelin. Le métal prog d’Ivanhoe ne suinte pas le « symphonisme » ni ne transpire le néo classique. Il est d’ordre conventionnel au sens normal, sobre. Sans excès ni artifice. Disons un Superior (paix à son âme) en moins carré.

On navigue entre hard prog, jazz et métal velu. Les musiciens montrent une maîtrise modèle mais sans étalage. Satisfecit pour le guitariste dont les solos plein de feeling donnent souvent le frisson. Concision des claviers qui savent rester à leur place. Enfin, bravo au nouveau chanteur qui participe largement à la cohésion de l’ensemble.

Vous allez me dire que cette description n’exhale pas un enthousiasme débordant. C’est vrai. Et cet apparent détachement peut même vous laisser penser que le kronikeur docile sert la soupe par désintérêt ou sous l’amicale pression du label. Il n’en est rien. Je vous garantis que la musique d’Ivanhoe vaut le détour. Mais elle ne vous explose jamais à la gueule ni ne vous saisit aux tripes.

Néanmoins, elle possède d’autres qualités. Et après plusieurs écoutes, lentement, en loussedé, sans crier gare, elle s’insinue dans vos synapses pour y installer une atmosphère confortable, « cosi ». De celle qui vous fait passer un bon moment en distillant parmi ces 9 compositions plein de petits bonheurs métalico-pépères; très peu de faiblesses en dehors peut être du troisième titre – "Schizophrenie".

Et tout aussi sournoisement, elle vous quitte sans que vous n’éprouviez le moindre regret, assuré que vous êtes de la retrouver intacte à la prochaine écoute. C’est une musique rassurante. Voilà !

Conclusion ? Relisez le début de la kro. Rien de plus à ajouter.

* Ellipsis – Spheric Universal Experiment - Shadrane


Rédigé par : Karadok | 14/20 | Nb de lectures : 10417