Cette formation britannique « mineure » fait partie de la cohorte nombreuse d’autres affiliées à la scène pop rock pseudo prog de seconde zone mais à qui l’on prête la vertu d’avoir contribué au renouveau progressif. Rétrospectivement, c’est une manière un peu facile de s’en convaincre. Mais bon, puisque l’Histoire le dit alors faisons-lui confiance.

It Bites a vu le jour en 1982 de la réunion de 4 musiciens : John Beck, Bob Dalton, Franck Dunnery et Dirk Nolan et a connu un certain succès au milieu des années 80.

Elle a produit 3 albums seulement en près de 26 ans d’existence. S’il est vrai qu’elle a séduit un auditoire bienveillant, resituons cela dans le contexte d’une époque largement favorable à sa mixture pop hard rock teinté de prog dont Asia c’est fait le représentant le plus patenté. On trouve alors dans sa musique des réminiscences d’un Yes popisant ("Drama"), d’un Genesis commercial ("Abacab"), de Tears For Fears, Talk Talk ou Level 42.

Son parcours hélas ( ?) suit le même trajet que de nombreux autres protagonistes disparus depuis. Après un premier live – "Thank You And Good Night" en 1991- Dunnery quitte le navire et le groupe sombre dans une longue période d’inactivité.

Mais en 2003, à l’initiative du même Dunnery, le groupe se reforme pour un concert londonien. En 2007 un album live ("When The Lights Go Down") et des échos positifs lui donne l’idée d’une reformation officielle. Toutefois, pour raisons personnelles, Dunnery et Nolan ne seront pas de l’aventure.

Cependant, 2 c’est insuffisant pour concrétiser les ambitions nouvelles. Le groupe recrute donc le guitariste John Mitchell (Arena – Kino – Frost) aux côtés de Beck (basse et choeurs) et Dalton (batterie et chœurs) et le quartet devient trio.

Je ne garde pas un souvenir impérissable de leur « chef d’œuvre » "One Around The World". Je l’ai cherché dans ma CDthèque afin de me replonger dans l’ambiance ; niet, nada, nothing ! Pas moyen de mettre la main dessus. J’en viens à me demander si je ne l’ai pas revendu…

Ce qui m’amène à éprouver une évidente curiosité. Avec l’apport de Mitchell que je considère comme l’un des meilleurs gratteux en activité sur la scène rock prog, le groupe a-t-il suffisamment corsé sa musique au point de lui donner plus de goût et par là même plus d’intérêt?

La version optimiste à cette question nous laisse entrevoir une musique moderne proche de groupes contemporains et compatriotes que sont Kino et Frost. C’est le cas pour le titre "Lights". On peut même parler d’éclairs de génie avec "The Wind That Shakes The Barkey" et surtout "This Is England", une vraie pièce progressive de 13 minutes.

On sera plus réservé avec le trio de titres surannés et poussifs formé par "Playground", "The Tall Ships" et "Great Disasters". Et bien davantage encore quand on voit poindre le Yes facile de Trevor Rabin et le Toto naissant des années 80 sur "Oh My God" ou "Farenheit".

Au chapitre des satisfactions (il y en a tout de même), le jeu de guitare de Mitchell qui sait comme à son habitude distiller des solos au cordeau et pleins de feeling. On peut également saluer le chant de ce dernier. Pas le meilleur du monde mais qui s’agence sans problème au sein des compositions y compris les plus faibles. Il aurait même tendance à les bonifier.

Etant donné mon manque évident d’enthousiasme, vous aurez compris que le retour d’It Bites, s’il était attendu, ne me paraît ni fracassant ni décevant mais simplement anecdotique. En raison d’une liste de compos inégales en qualité, il ne peut légitimement combler mon appétit et j’en suis le premier meurtri car certaines pièces valent le détour. Seulement, si une suite est donnée à "The Tall Ships", il faudra davantage de consistance pour vraiment accrocher le quidam amateur de progressif ambitieux. Or, It Bites a les moyens de mieux faire. En a-t-il le projet ? Seul l’avenir nous renseignera mais on peut logiquement le croire.

Dans le cas contraire, seuls les nostalgiques y verront l’occasion de regretter une époque (les années 80) qui a vu malheureusement naître chez certains artistes l’appât du gain servi par une tendance coupable à se laisser aller à la facilité. L’histoire ne se répète pas, elle bégaie dit-on! Ben voilà, c’est exactement ça.


Rédigé par : Karadok | 12/20 | Nb de lectures : 10991