Toujours cette foutue impression, de devoir rebalancer les mêmes arguments, inlassablement, que je sois enthousiaste, véhément ou suisse à l'égard de tel ou tel groupe de deathcore. Je me croierais téléporté dans l'autre sketch des Inconnus, là, à devoir expliquer comment différencier le bon chasseur du mauvais chasseur. "Alors les bons deathcoreux, tu vois, ils jouent, hein, ils envoient du blast, de la moshpart, du growl, du chant hardcore, ils jouent carré et technique, avec une grosse prod', tandis que les mauvais, bah ils jouent, hein, ils envoient du blast, de la moshpart, du growl, du chant hardcore, ils jouent carré et technique, avec une grosse prod', mais euh... c'est pas pareil!". Les mêmes ingrédients, mais soit la sauce prend, soit elle foire. Et à ce petit jeu-là, les Parigots d'Ite Missa Est se la sont joués fines gâchettes, et devraient faire mosher plus d'une galinette cendrée avec cette démo...

Car ils font partie de la frange deathcore sans frange, décidés à nous rappeler que non, cette déferlante n'a pas toujours été et n'est toujours pas qu'une question de mèches et de jeans slims paralysants. Plus marcels et aisselles trempées que Babyliss et fraîcheur Narta vois-tu... Là-dedans, Ite Missa Est, le temps de trois titres, viennent clasher le All Shall Perish era "Hate.Malice.Revenge" (avant que ça sente le pâté quoi...), le Job For A Cowboy des (tout) débuts ou les excellents rosbifs de Burning Skies droit dans les yeux. Et, sans révolutionner un style sclérosé, les Ite Missa Est viennent inscrire une première ligne très prometteuse sur leur CV.

Effectivement, avec une moyenne d'âge de 21 piges et 2 ans d'existence au compteur, tu sens que les mecs ont préféré taffer leurs compos qu'aller chauffer de l'emopoufiasse sur Myspace. Techniquement d'abord, les gaziers tâtent sévèrement leur sujet, et savent éviter les deux tares qui leur pendaient aux naseaux, à savoir l'étalage de notes inutile AllShallPerishien et les compos ressemblant à des brochettes de mosh parts. Et le côté -core n'est pas ici qu'un suffixe, grâce aux crachages de poumons très The Arrs. Influence que l'on retrouve aussi dans les textes (en français siouplé), un peu dans le même esprit jouant avec les mêmes thématiques rédemption et cie.

Après, le reste, tu connais la recette, t'as 257 plans par titre mais les compos sont abouties, sans un poil qui dépasse, et reposent sur une base en béton armé. Même le son en impose, plus qu'honnête pour une autoprod'... Bref, les gaillards d'Ite Missa Est balancent un premier jet très pro, loin d'être ridicule devant les locomotives précédemment citées. Et sachant que les membres de la bien-nommée Brootal Corp ont de la marge vu leurs âges, le premier véritable EP en cours de route pourrait bien en faire perdre leur latin à quelques-uns...


Rédigé par : Crown_Me | 3,75/5 | Nb de lectures : 11117