Après avoir démarré sous la forme d'un duo, le groupe hollandais Isthar (et non Ishtar) a vu son line-up se stabiliser il y a dix ans. Après deux autoproductions "Isthar" (1998) et "The Weak Will Perish" (2000), il aura fallu attendre six ans avant que ne voit le jour ce premier album, encore sous la forme d'une autoproduction. Comme particularité, notons que Isthar compte un guitariste et deux bassistes (5 et 10 cordes), ce qui lui confère un son gras particulier, proche des groupes les plus chaotiques.

Et c'est Arkhon Infaustus qui me vient à l'esprit dès les premiers assauts de "Torch Of Hatred". Isthar envoie un black/death bien dense, un métal d'apparence simple, lourd et rentre-dedans où une voix death infra-basse vient se mêler à un chant black d'écorché. Les titres frappent au hasard, sans homogénéité et il faut écouter l'album dans son intégralité pour en subir au mieux l'essence. Ponctuellement des mélodies surnagent, quelques soli viennent illuminer un univers sombre et glauque qui ne voit pas la lumière du soleil. Les influences avouées du groupe (Winter, Necromantia, Samael, Bolt Thrower) sont régurgitées sous la forme de rythmiques simples et directes, autant d'uppercuts au menton. Si l'extrait proposé donne une idée de la gangue sonore (surtout sur la fin), il ne met pas en valeur la facette la plus brutale du combo, restant dans un mid-tempo bien peu représentatif. Etrange choix...

"Among the Ruins" a été enregistré au Excess Studio de Rotterdam (Seth, Sauron, entre autres) sous la houlette de Hans Pieters et Dennis Leidelmeijer (essayez de le prononcer très vite). La production dense est une volonté claire du groupe. Des éléments percussifs d'orchestre viennent même compléter la bousculade dans les fréquences basses, notamment des timpani (d'énormes tambours qu'on met au fin fond des orchestres). Du jambon bien dodu avec beaucoup de gras!

Surprenant de prime abord, cet album de Isthar est vraiment accrocheur. Le groupe s'est trouvé une identité et explore les vibrations les plus graves audibles par une oreille humaine avec réussite, chaque instant de répit n'étant là que pour préparer la prochaine rafale (le final de "Prologue of the last Storm" me fait bondir à chaque coup). Voilà un album fort intéressant dont le seul défaut est une diffusion très restreinte, apparemment limitée au site du groupe. J'avoue ne pas être un spécialiste du style, mais j'aurais trouvé fort dommage de ne pas vous faire partager cette découverte faite au fil du net.


Rédigé par : Prince de Lu | 8/10 | Nb de lectures : 11090