Certains trucs ne vieillissent pas super bien. Il n'y a pas longtemps, je suis tombé sur une rediffusion d'épisodes de X-Files sur une chaîne de la TNT (de vraies machines à voyager dans le temps, ces chaînes discount). Ce n'était pas un épisode très récent. "Duane Barry" pour les connaisseurs, un double épisode du début de la saison 2 où Scully se fait enlever pour la première fois (à une époque où le pognon de la série n'était pas encore dilapidé dans le budget coiffure de ses acteurs). Sans être un fanatique, j'essayais de ne pas rater la diffusion des X-Files. Et c'est en subissant à nouveau ces dialogues un peu obscurs et ces extra-terrestres en caoutchouc que je me suis dit que tout ne vieillissait pas toujours bien, malgré l'engouement qu'on pouvait avoir à l'époque et le bon souvenir qu'on peut en garder. Est-ce que ça se voit que je meuble? Oui? Ah merde.

Tout ça pour dire qu'Israthoum joue pleinement la carte passéiste sur sa première production d'importance. Pour leur défense, cette sortie des Néerlandais date de 2004 et débarque dans les pages de VS par la grâce d'une réédition chez le label allemand Merciless. Leur premier album Monument of Brimstone, sorti l'année dernière, montre d'ailleurs une évolution radicale du combo. Ce dernier leur a valu une signature et une réédition chez Spinefarm, ce qui est déjà plus sexy que Merciless. Manque de bol, ce n'est hélas pas de cet album dont je vais vous causer (ça va viendre, vous z'inquiétez pas).

Pour la petite histoire, Israthoum a été formé au Portugal sous le nom de Grendel (à ne pas confondre avec les Italiens). Le duo responsable sort une démo intitulée Decapitation en 1992 et une démo sans nom en 1993. La formation se rebaptise Geryous en 1994, sort une démo-tape live en 1995, puis se rebaptise finalement Israthoum et déménage aux Pays-Bas. Le groupe sort là-bas une nouvelle démo Hatred en 2000 puis le MCD autoproduit Black Scenery Avatar. Ce MCD leur apporte une signature chez Merciless qui doit rééditer l'objet en 2005. Mais suite à des problèmes financiers, le label ne s'acquittera de sa part du contrat qu'en 2008, sans informer plus avant un groupe qui ne veut plus en entendre parler.

Niveau contenu, à cette époque, Israthoum reprend de nombreux procédés du black mélodique, en y ajoutant des nappes de clavier pseudo-symphoniques en soutien et en conservant une production à prix réduit. Les thèmes mélodiques sont nombreux et cultivés en carré dans un potager à l'allemande. Vu la longue carrière de démos de la formation, j'avoue que les compositions me laissent grandement sur ma faim. Excusables pour un jeune groupe, les 35 minutes de Black Scenery Avatar restent fortement ancrés dans les productions de la seconde moitié des années 90, celles des groupes de second plan qui envahissaient les étals. Israthoum préserve la patine de l'ancien sur du meuble Ikéa, produit en grande série et sans faire preuve de personnalité.

La réalisation est à l'avenant. L'exécution est brute de fonderie mais pas exempte de grosses imperfections. Après écoute de ce MCD, j'ai franchement l'impression que le trait est trop forcé et que les compos ne valent finalement pas qu'on s'y attarde. Les très grands nostalgiques des années 90 pourront frémir à certains accords, mais ces riffs sont trop rares pour déclencher mon émoi. Et surtout, pourquoi se contenter d'un ersatz moderne quand on peut ressortir les brûlots de l'époque? D'ailleurs, le groupe ne semble pas assez fier de cette sortie pour en proposer des extraits. Même en guise d'apéritif en attendant le premier album qui, comme je vous le disais, promet d'être largement meilleur.


Rédigé par : Prince de Lu | Réédition/ | Nb de lectures : 10154