En disette, les amateurs de black mélodique vont se frotter les mains du retour des Norvégiens Iskald. Mine de rien, le duo continue de progresser pépère, et leur fort bon second album leur a offert la première partie d'une tournée européenne en compagnie de Kampfar et Vreid en 2009. C'est donc avec le plus grand sérieux que les Nordiques se sont mis à l'écriture de leur troisième album, un cap souvent délicat à passer quand on maintient un rythme de sortie assez soutenu. Cette fois, il aura fallu trois ans avant que le successeur de Revelations of Reckoning Day n'arrive dans les étals. Des surprises à en attendre? Non, pas vraiment.

Iskald reste fidèle à lui-même avec un black mélodique qui évoque les voisins suédois de Naglfar ou Dark Tranquillity. Les amateurs de grincements de portes et autres couinements des Enfers en seront pour leurs frais; chez Iskald on développe du thème mélodique, on déploie du riff blindé de notes toutes jolies dans un ensemble rentre-dedans sans être trop agressif. Un genre qui se fait plus rare mais dont le charme opère toujours aussi bien quand le manche est bien branlé. Et c'est justement le cas ici. Toujours aussi efficace, Iskald soigne des compos qui envoie du trémolo partout dans la pièce, les enceintes livrant leur lot de passages à headbang dans des titres au tempo soutenu.

J'ai ressenti à l'écoute de The Sun... une plus grosse envie d'en découdre. Nos Norvégiens se sont-ils brûlés les mains à porter leur soleil? Est-ce que cela les a rendus chagrin au point de les faire s'agacer sur leurs instruments? Toujours est-il que l'album est plus complexe, avec des structures plus chiadées aux enchaînements parfois abrupts. Là où les deux premiers albums faisaient évoluer les titres vers l'envolée, The Sun... joue la carte Automan. Ouais, elle fait mal la référence à Automan.

J'espère que quelques-uns d'entre vous se rappellent de la série Automan, où le héros numérique emmenait dans son super bolide ses amis humains et leur faisaient suivre un trajet à fond les ballons en prenant des virages à angle droit difficiles à négocier pour ses passagers. Iskald donne un peu dans le même ton. Le groupe fonce vers son objectif, mais au bout du riff vous attend le break qui sera pris à angle droit. Là où Revelations... aurait privilégié une grande courbe, The Sun... vous plante la vitre dans la tronche et poursuit sa route imperturbable, à toute vitesse. Les vitres dans le pif, je suis moins fan.

Côté production, le son est toujours bien net, laissant ressortir les leads. La batterie sonne un poil plastoc, comme dans la majorité des productions modernes tripatouillées. Mais dans l'ensemble, le son est fort agréable et vous immergera sans effort dans les compos, surtout quand la maîtrise technique est au rendez-vous. Même le râle qui sert ses vocalises n'empêchera pas la plongée dans les méandres de compos encore une fois bien riches.

Aucune déception n'est à craindre à l'horizon. Peut-être un petit regret de ma part que les compos s'écoulent plus comme des rapides sportifs que comme un fleuve puissant. Mais si les petits points du gros coup de cœur ne sont pas livrés dans la note ci-dessous, elle devrait être assez élevée pour titiller votre curiosité. Cet album recèle une bonne tripotée de riffs à se taper le cul par terre.


Rédigé par : Prince de Lu | 15,5/20 | Nb de lectures : 13286