Qu'est ce qui peut pousser quelqu'un à écouter l'album d'un groupe dont il a profondément détesté le précédent opus ? La curiosité sûrement.
On se dit qu'ils ne peuvent pas faire la même erreur deux fois, que le côté prétentieux et pédant de leur musique va s'estomper avec le temps. Que la « hype » autour du groupe va retomber et qu'ils vont faire une musique qui leur est propre. On espère....et on met “play”.
Premier choc : une production, signée Matt Bayle, sèche, très présente, organique et un état d'esprit « local de répet’ » qui sent bon la clope. Rien à voir avec le précédent album à la prod’ grasse et pachydermique et qui semble bien lourdot en comparaison. L'effet est bien plus efficace, les émotions passent plus simplement, directement et sincèrement.
On a, au final, la sensation d'écouter un album vrai, sans effets de boost en tout genre. Sensation renforcée par le côté « jam » des morceaux.
Très peu de chant (limite faux par moments), quelques effets d'ambiances, quelques synthés, mais surtout de la guitare, de la guitare et encore de la guitare. La vraie guitare, la rock n' roll, pas celle qui fait le mur du son, pas celle qui fait jumper en baggy à grands coups de "est-ce que vous êtes là ???"
Non, plutôt celle des papy Jimmy Page ou Tomy Iommy, celle qui sent le bois et pas le Rocktron ou le Mesa. On pourrait même rajouter celle de Gilmour, tant les mélodies ici sont simples, légères et efficaces.
Evidemment, musicalement, Panopticon n'a rien à voir avec les groupes des monstres pré-cités, même si on peut sentir l'influence qu'ils ont eue sur Aaron Turner et sa bande.
Ici on lorgne plus du côté de Cult Of Luna ou Godspeed you black emperor, et force est de constater qu'avec Isis on voyage très loin et très haut. Les tempos sont lents et hypnotiques, les ambiances moites et désespérées. Les guitares sont granuleuses à souhait et lourdes comme des enclumes. Finalement on retrouve tout ce qui fait le son d' Isis, mais la classe n'est définitivement pas la même. Tout y parait plus inspiré, plus naturel et moins calqué. Isis grandit.
Mais il est clair que cet album n'est pas parfait non plus. Il reste compact et dans le même état d'esprit de la première à la dernière note, mais la prod’ laisse respirer suffisamment la musique avant qu'elle ne devienne étouffante et redondante.
Du coup on se laisse bercer sans problème par de sublimes morceaux tels que « In Fiction » ou « Grinning Mouths ».
Alors effet de mode ou pas, Isis a produit un superbe album de rock, tout simplement.


Rédigé par : Franck | 17/20 | Nb de lectures : 12376