Je n’avais entendu jamais entendu parler d’IRRLYCHT avant de recevoir par hasard cette galette. Doté d’un pouvoir de déduction aigu et précis, je peux sans trop de mal deviner que le groupe est allemand. Bingo ! Pour la petite histoire, le titre signifie dans la langue de Molière l’Ombre de la Tempête. Autre fait intéressant, le quintet est depuis la fin de l’année dernière le nouveau groupe de Sorghal, guitariste de Nehëmah, mais aussi chanteur de Nahar. Pour le reste du line-up, c’est juste des Teutons poilus et maquillés. Schatten des Gewitters est donc le premier album de cette horde germano-française, après un EP et un split avec Megaera respectivement sortis en 2007 et 2009. D’ailleurs, le groupe a pris le temps de peaufiner son art noir, puisque cet album sort sept ans après la formation du combo.

D’ailleurs, cette maturité saute aux oreilles à l’écoute de l’album. Tout au long des sept morceaux et des 47 minutes, on sent que le groupe a pris son temps pour peaufiner son black metal. Résultat, une musique sombre, haineuse et efficace. Le groupe mêle les parties guerrières et violentes aux parties plus mélodiques et malfaisantes. Les Allemands réussissent à mixer la rigueur allemande, empreinte d’ENSTILLE ou d’ORLOG, à une efficacité nordique, type BAPTISM ou les vieux SATYRICON. Les mélodies sont là pour souligner la colère et la violence du groupe, et non pour embellir l’ensemble. Le tempo est varié, les parties blastées distillées avec parcimonies, mais toujours au bon moment. Les passages mid-tempo donnent envie de secouer la tignasse. L’ensemble ne respire pas l’originalité, mais plutôt les leçons bien apprises et assimilées, avec un résultat efficace. Car malgré des morceaux plutôt longs (5 des 7 morceaux font plus de 6 minutes), on ne ressent pas de lassitude ou d’ennui. Au contraire, plus les morceaux avancent, et plus on sent la haine s’accroître, la colère se faire plus froide. Les titres sont soit en anglais, soit en allemand (toujours efficace la langue de Goethe dans le black metal), voire en français pour un titre.

On pourrait reprocher au groupe des impressions de déjà-entendu, qui parfois reviennent un peu souvent, mais je ne leur en tiendrai pas rigueur, tant le résultat guerrier m’a convaincu. IRRLYCHT a accouché d’un album abouti, vraiment convaincant, et prometteur pour l’avenir. En tout cas, Sorghal a trouvé une horde vraiment efficace et crédible, pendant que Nehëmah continue de sommeiller. Et la haine hargneuse des Teutons vaut bien le coup de se pencher sur ce brûlot.
Support or die, comme dirait l’autre.


Rédigé par : Skay | 15/20 | Nb de lectures : 12167