Si BLACK SABBATH l’a inventé et en a édicté les principes fondamentaux, si METALLICA l’a porté à un niveau de popularité jamais atteint jusque-là, il est indéniable qu’ IRON MAIDEN EST le Heavy Metal. A l’heure où nous fêtons les 25 ans de « The Number Of The Beast », peut-être son album le plus emblématique, celui qui a véritablement lancé une machine qui n’allait plus dès lors jamais s’arrêter ou tout au plus connaître quelques avaries, en cette période anniversaire donc, il était inenvisageable de réaliser un dossier sur un éditeur français proposant des traductions des biographies (officielles ou non) de quelques uns des groupes ou artistes incontournables du Rock et de ne pas s’arrêter sur celle d’IRON MAIDEN.

Contrairement à la bio non officielle « Que Justice Soit Faite ! » de METALLICA, cette « Epopée Des Killers » l’est et la préface de Steve Harris, son fondateur, effacera tout doute quant à sa validation par la vierge de fer. Mick Wall, son auteur, est journaliste à Kerrang ! et ami proche de MAIDEN depuis des années, ce qui lui a permis d’assister à des scènes auxquelles peu de privilégiés ont dû assister, et d’obtenir des musiciens et de leur entourage, présent ou passé, des informations certainement plus intimes qu’un journaliste extérieur n’aurait obtenues. Cette proximité est cependant à double tranchant : d’un côté il ne nous vient à aucun moment l’idée de remettre en doute ce qui est écrit, mais de l’autre on peut douter de l’objectivité de l’œuvre, en ceci qu’on peut soupçonner son auteur d’avoir occulté certains moments difficiles, ou tout au moins d’avoir minimisé certains faits. Ceux qui étaient déjà fans de MAIDEN en 1993, quand Dickinson (chant) a annoncé son départ du groupe se rappelleront les échanges de gentillesses entre Harris et lui par magazines interposés et de certaines déclarations pour le moins hostiles de Nicko Mc Brain. Sur ce point, aucune remarque, à la lecture on a l’impression que Dickinson est parti, puis revenu.

Hormis ce léger doute quant à l’impartialité de Mick Wall, le bouquin est bien construit et tout aussi bien documenté. L’évocation des premières années et des rencontres/prises de décisions qui s’avèreront déterminantes pour l’avenir du groupe sont bien entendu les plus intéressantes, parce que connaissant leurs conséquences sur son futur on ne peut que s’incliner devant l’obstination de Steve Harris et l’abnégation de Rod Smallwood, son manager depuis une trentaine d’années. L’enchaînement des chapitres est chronologique, avec la plupart du temps un personnage central ayant marqué l'histoire de MAIDEN par son départ ou son arrivée, sur lequel Mick Wall donne une foultitude de détails qui permettent de mieux cerner les membres actuels et passés. Ce n’est donc pas seulement la biographie de l'un des groupes de métal les plus influents de sa génération qui est réalisée, mais également celle de tous ceux qui ont eu un rôle à jouer (ou le jouent toujours) dans sa carrière. Il n’y a peut-être que Derreck Riggs qui est « oublié », alors qu’il aurait mérité un chapitre sur les subtilités de ses illustrations, comme le logo ou les références à des chansons ou personnages de chansons passées qu’il avait l’habitude de dissimuler dans le dessin.

« L’Epopée des Killers », dans sa version originale « Run To The Hills », que le traducteur aurait d’ailleurs pu conserver telle quelle, est un ouvrage de vulgarisation heavy métallique qui donne une image assez juste de l’histoire d’un groupe emblématique de ce genre souvent perçu de manière très caricaturale (pas forcément à tort) par le grand public. Les fans se délecteront des anecdotes et détails jalonnant l’ascension et les moments difficiles d’IRON MAIDEN, les papas et les mamans pourront y découvrir que ce milieu où les cheveux longs, les guitares hurlantes, l’imagerie provocante et l’accoutrement d’un goût parfois douteux n’est finalement pas si cauchemardesque que cela et que pour réussir il faut une volonté de fer, une intelligence à la fois musicale et commerciale, ainsi qu’une abnégation sans limite. Il y découvrirons également des hommes qui ont du coeur, comme en témoigne la création d'une fondation destinée à récolter des fonds afin d'aider Clive Burr, batteur du groupe jusqu'à "The Number Of The Beast", à payer ses frais médicaux. Lui qui avait tant apporté aux morceaux par son jeu hors normes très vivant et groovy perd en effet peu à peu le contrôle de ses mouvements à cause d'une sclérose en plaques qui le ronge peu à peu. Un chapitre émouvant lui est consacré à la fin du livre.

Mick Wall a pris le parti de montrer la vierge de fer sous son visage conquérant ; on y perd donc en objectivité mais le résultat n’est heureusement pas pour autant une glorification aveugle du groupe. A noter que la version de Camion Blanc est la traduction de la troisième édition anglaise, qui relate donc également les évènements postérieurs à 1998, date de sortie de la première édition. Les chapitres concernés sont d'ailleurs écrits par d'autres intervenants, Dave Ling (journaliste à Kerrang! et Metal Hammer, entre autres, et auteur d'une bio de Uriah Heep) et Chris Ingham (lui aussi journaliste musical).

Auteur : Mick Wall
Traduit de l’anglais par « Petit Dragon à l’Air Menaçant » (pas de crédit, le nom du traducteur est remplacé par un dessin)

Editeur France : Camion Blanc, 2005
Editeur Original : Sancturay, 2004

Nombre de pages : 385
Prix : 26 euros


Rédigé par : Dungorpat | Up The Irons!!!/ | Nb de lectures : 11930