Papy Cyril: Me concernant les derniers albums de MAIDEN (on va dire depuis la « reformation »), ont un point commun, j'ai du mal à rentrer dedans! Il suffit de se rendre sur ma partie de la Kronik de « Dance of death » pour en lire la conclusion et de savoir qu'au jour d'aujourd'hui j'aime beaucoup ce disque... Lors de mes 3 premières écoutes de ce nouveau CD, j'ai été déçu, non que j'ai eu l'impression d'écouter un mauvais album mais je n'ai pas entendu de classique potentiel, seul le premier single « The Reincarnation of Benjamin Breeg » sortant un peu du lot.
Ce qui me gêne sur ce disque c'est sa relative lenteur, pas de titre qui claque... Mais en fait « A Matter of Life and Death », est un album très homogène, très travaillé, avec de longs morceaux (10 titres pour 72 min de musique!), qui nécessite du temps pour être assimilé. Le tout en restant en terrain connu, on retrouve des riffs qui rappellent tel titre ou même tel album du groupe comme si le groupe arrivait tels des écologistes à recycler du vieux pour en faire du vraiment neuf, sans que cela soit gênant.

Plusieurs cas de figure à mon avis, soit vous ne connaissez pas le groupe (un petit jeune quoi!), passez votre chemin et prenez un « The Number of The Beast », un « Piece of Mind » ou un « Powerslave », vous aimez raisonnablement Maiden, l'achat de « A Matter of Life and Death » est conseillé et les premières écoutes sont à dépasser, vous êtes un gros fan du groupe vous l'avez déjà!

Sur ce, je laisse mes collègues vous donner leur avis!
Note: 15/20

Dungorpat: Ben alors !? Nos échanges d’impressions internes me laissaient penser que j’étais le seul à craquer sur « A Matter Of Life And Death » et je me réjouissais déjà du débat sans fin qui s’annonçait, comme de l’évocation des albums mythiques qu’il entraînerait et du réveil des extases adolescentes qui y sont liées… Mais je constate que Papy Cyril a fini par se ranger du bon côté de la Force, tant pis pour la joute chronicale et tant mieux pour MAIDEN !

Papy vous a déjà donné les clés qui vous permettront d’appréhender l’album sans tomber dans le piège du survol nonchalant et de la réaction intempestive classique : « Mouais, encore un album de MAIDEN pareil que les autres qui n’apporte rien et en plus y a pas de tubes et en plus il est mou et en plus le son est pas bon et en plus la pochette est pas belle et pis et cætera et pis et cætera », alors je me contenterai d’appuyer ses propos de quelques références qui je l’espère pousseront les fans tangents à se pencher sur ces dix titres et à leur donner le temps qu’ils nécessitent pour être digérés sans risque d’aigreurs.

Parce que je l’avoue, j’ai moi aussi été un poil déçu à la première écoute : morceau d’ouverture décevant (comme d’hab’ depuis « Virtual XI », je sais), deuxième et troisième pas mal mais sans plus, malgré un Dickinson impérial, des morceaux longs mais sans surprises, sans même les cavalcades rythmiques aussi cultes qu’Eddie, une prod meilleure que celle de « Dance Of Death » mais bien loin des standards actuels… Bref, ce n’était pas la suite de « Seventh Son Of A Seventh Son » qu’avait promise Nicko Mc Brain et que le fan crédule que je suis attendait comme un bon petit Iron Soldier. La deuxième écoute semblait partie pour aboutir au même constat quand, au cours de « Pilgrim », j’entendis une voix de castrat très désagréable que j’allais rapidement identifier comme la mienne… Je n’avais jamais entendu la moindre note de ce titre avant et voilà qu’après un seul passage, j’en braillais le refrain… et quel refrain ! Dissimulé au milieu d’un morceau assez banal par ailleurs, il avait la puissance des hymnes de la grande époque et Dickinson s’y montrait presque plus lyrique encore qu’il y a vingt ans ! Hmmm ? L’espoir me serait-il permis ? Vite, passons à la scène suivante, « The Longest Day » !

Après une longue intro aux sonorités orientales rappelant la très glauque « The Horror » de W.A.S.P. (« Kill, Fuck, Die »), la vierge de fer resserre son étau avec un nouveau refrain à l’ancienne, de ceux qui seront chantés à tue-tête par un public en transe lors des prochains concerts : deux lignes, deux vers répétés à l’infini aussi simples à hurler que « Et un, et deux, et trois-zé-ro ! », et un Dickinson plus « Air Raid Siren » que jamais… jouissif, comme l’est rapidement devenu « A Matter Of Life And Death ». Ce quatorzième album est celui de six musiciens cinquantenaires qui savent que quoi qu’ils fassent désormais, chaque note, chaque riff qu’ils écriront seront comparés à ce qu’ils ont fait dans les années 80, quand ils régnaient sans partage sur la scène heavy metal. Mais ils savent également que les albums de cette époque resteront dans l’histoire et qu’ils n’ont aucun besoin de chercher à les égaler… parce qu’on ne peut se comparer à un mythe.

Alors, IRON MAIDEN s’est plongé dans l’écriture d’un album progressif et atmosphérique, comme un croisement de « Somewhere In Time », « Seventh Son Of A Seventh Son » et « Piece Of Mind », avec des touches de « The Number Of The Beast » (le passage acoustique de « Out Of The Shadows », une ballade à la « Wasting Love » qui rappelle « Children Of The Damned ») ou, plus surprenant, des albums solos plus modernes de Dickinson en collaboration avec Smith (les riffs de « Brighter Than A Thousand Suns » et « The Reincarnation Of Benjamin Breeg »). « A Matter Of Life And Death » est à la fois un album très simple dans sa conception et dans le même temps très riche, avec des morceaux dont la longueur est imputable à leurs intros et outros bien plus qu’à leur complexité, mais qui ne révèlent leurs secrets qu’après qu’on s’y soit plongé plusieurs fois. Si la plupart des gimmicks de MAIDEN sont là, ce sont les détails qui en font la force, de petites choses auxquelles on ne prête pas forcément attention tout de suite, mais qui transforment de banales chansons en ces épopées dantesques dont les Anglais ont le secret.

Et voilà, je piapiate, je piapiate, mais il faut penser à rendre l’antenne… Pour conclure, si vous ne deviez acquérir ou vous forcer à écouter plus de quelques secondes l’album que pour une raison, faites-le pour le chant de Dickinson ! Sa performance est certainement l’une des meilleures et des plus homogènes qu’il nous ait offertes depuis des années (exception faite de « Accident Of Birth », sous son nom), un régal et une preuve de plus, s’il en fallait, qu’il est LE chanteur heavy metal, indétrônable depuis presque 25 ans et pour probablement encore quelques années… Quand on sait qu’un deuxième « World Slavery Tour » serait en préparation pour l’an prochain dans une version légèrement mise à jour… Up The Irons !!!
Note: 17/20


Rédigé par : Papy cyril et Dungorpat | 16/20 | Nb de lectures : 17471