Pas de révolution de palais chez les Britanniques d’I.Q. depuis "Dark Matter" paru en 2004 mais quelques changements de personnel qui peuvent apparaître comme significatifs au regard de l’ancienneté des protagonistes ; le vrai faux départ en 2005 de Paul Cook le batteur, retraité anticipé (revenu depuis pour les concerts) et remplacé temporairement par Andy Edwards (ex Robert Plant Band). Plus récemment en 2007 le claviériste Martin Orford est parti (définitivement ?) tenter une carrière solo. Ce dernier se voit suppléer par Mark Westworth venant de Darwin’s Radio.

Le 9ème album des aristos du néo prog embraye la suite de "Dark Matter" à savoir un propos extrêmement fin et classieux qui en fait un groupe historiquement et qualitativement incontournable.

En étant objectif et réaliste, il y a 2 manières d’appréhender la sortie de "Frequency". Soit on entame en chœur avec les blasés le refrain du déjà vu déjà entendu et on dédaigne l’objet en question tout en regrettant le manque de remise en question. Et l’on serait en droit de ne voir en "Frequency" qu’une suite logique mais redondante de "The Seventh House" ou de "Dark Matter".

Ou bien, on prend le train avec les encenseurs du style des Anglais et les optimistes et honnêtement, on peut y trouver de nombreuses raisons de l’apprécier et de prolonger le plaisir.

Car sincèrement, dans la galaxie néo progressive qui compte quelques étoiles de taille (PENDRAGON – ARENA - PALLAS), I.Q tient une place de choix. Et grâce lui soit rendue pour avoir - depuis "Subterranea" en 1997 - redonné espoir à toute une communauté underground quelque peu dépitée.

Et pour rassurer les fans de la première heure et les embarqués de dernière minute, "Frequency" est un excellent I.Q avec tous les ingrédients que l’on aime retrouver chez les Anglais. Le départ ou l’absence de 2 des membres fondateurs n’ayant en rien altéré la qualité des compos ni leur exécution.

Dès le premier titre – "Frequency" – on est dans l’univers patiemment construit et archi codé de l’une des formations les plus dévouées à la cause progressive. Un attachement avoué et revendiqué jusqu’à la caricature et l’autodérision.

Et dans cet espace bien balisé il faut souligner le formidable pouvoir d’attraction des incroyables mélodies que la bande à Nichols sait concevoir ; ou encore les tout aussi remarquables soli de guitare de Michael Holmes comme les très emphatiques interventions des claviers de Westworth qui se glisse dans les gants d’Orford avec talent et respect.

Et que dire du timbre de voix de Peter Nichols ? Ce faux clone de Peter Gabriel sait moduler sa voix pour ne pas trop ressembler à l’illustre frontman du Genesis de la grande époque et conserve à son chant un caractère affirmé et identifiable.

Des 7 titres qui composent ce 9ème album (en 30 ans d’activités, c’est finalement peu), 3 sortent immédiatement du lot ; le titre éponyme soutenu par un chorus de guitare magnifique. Puis 2 épiques ("Stronger Than Friction" et "One Fatal Misake") contenant de nombreux rebondissements dignes des meilleurs morceaux qui jalonnent la déjà longue carrière des Anglais. Pour mémoire citons en guise de référence (et pour allécher les indécis) "The Last Human Gateway", "The Narrow Margin" ou plus récemment "The Wrong Side Of Weird", "The Seventh House", "Sacred Sound" et "Harvest Of Souls". Vous voyez mieux ainsi de quoi il retourne.

Souvent un peu identique au précédent sans l’être vraiment, un disque d’I.Q est toujours un bonheur d’écoute. Bien qu’il semble rappeler quelque chose de connu, il recèle invariablement ce petit plus qui le rend indispensable. Et cette fois-ci encore, impossible de ne pas succomber au charme du quintet britannique décidément très habile dans un répertoire qu’il maîtrise à la perfection. Moi, je n’ai pas résisté…


Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 10626