Aux côtés de Marillion et Pendragon, ses illustres compatriotes, lorsque IQ propose un nouvel album, il est l'objet de toutes les attentions. Normal, après 25 ans d'activité, ce pilier du renouveau de la scène prog britannique n'a cessé de s'améliorer au fil des sorties et surtout depuis Ever en 1993. Pour ceux qui l'auraient ignoré, il est, entre autres, l'auteur d'un splendide double concept-album en 1997, nommé Subterranea, encensé par tous les canards de musique, l'un d'entre eux allant jusqu'à prétendre que Genesis aurait pu sortir pareille "merveille". Un disque coté par les amateurs de prog comme l'un des meilleurs de ces 20 dernières années. C'est dire! Si vous ne le connaissez pas, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Quant à ceux qui ont aimé The Seventh House, il y a déjà 4 ans, ils vont sans aucun doute grimper au rideau en écoutant Dark Matter. Car IQ s'est fait violence en bousculant un brin son sacro-saint néoprog toujours efficace mais parfois un peu convenu aux oreilles de certains. Bien sûr, il n'abandonne pas la fibre qui constitue sa marque de fabrique. Mais, en donnant aux claviers d'Orford une place plus prépondérante aux travers d'une panoplie de sons "vintage" du plus bel effet, il a de grandes chances de se rallier les suffrages de l'amateur de progressif nostalgique des seventies. Le titre de l'album traduit une nouvelle facette de la musique d'IQ; elle reste mélodique mais elle s'assombrit comme c'est un peu la mode en ce moment dans le néo prog. Une tendance que pour ma part je trouve plus intéressante car plus génératrice d'audace. Mais, attention, il ne s'agit pas de faire passer IQ pour ce qu'il n'est pas devenu, c'est à dire un groupe de doom! Dark Matter nous offre donc 5 compositions toutes réussies et assez différentes dans leurs propos pour tenir l'auditeur en haleine tout au long des 52 minutes. Depuis Sacred Sound qui ouvre l'album et ses 12 minutes tout à fait dans le style maison et qui ne dépareillerait pas sur The Seventh House ou sur Subterranea. Les titres suivants, plus ramassés dans leurs formats, plus "chansons" serions-nous tentés de dire sont tout aussi intéressants. On y retrouve une guitare acoustique légère (Red Dust Shadow) et le chant magique - très Gabrielien - de Peter Nicholls. Bref, 3 titres certes courts (5' en moyenne) mais non dénués d'un grand sens mélodique qui auront sans doute la particularité de rester dans les têtes. Cependant, c'est bien la suite finale Harvest Of Souls qui reste la pièce magistrale de l'album.Par sa durée; 24'30, c'est la composition la plus longue d'IQ, loin devant The Last Human Gateway et ses 20', selon les multiples versions disponibles. Ou The Narrow Margin -20' également- qui clôt le sublissime Subterranea. "Plus c'est long, plus c'est bon!" semble être la maxime préférée du fan de progressif de base tant les références talentueuses sont mémorables. Il arrive cependant que cette affirmation soit de plus en plus remise en question, de nombreux groupes ayant la fâcheuse habitude de confondre quantité et qualité. Sans atteindre le génie, l'emphase et le brio d'un Supper's Ready de légende, Harvest Of Souls remplit parfaitement son rôle attractif de par sa riche diversité en alternant dans chacune de ses 6 parties une identité propre à combler l'amateur de ce genre de digressions musicales. Avec encore une fois, j'y reviens, un panel de sonorités de claviers qui va du moog au mellotron en passant par le hammond . Et si vous y retrouvez des influences pour ne pas dire de "honteux" plagiats de Genesis, ne soyez pas surpris, IQ n'a jamais caché son admiration pour le groupe de Peter Gabriel. En somme, Dark Matter peut apparaître tout à la fois comme l'apothéose du style IQ et un condensé de ce qu'il sait faire de mieux. A défaut de surprendre...


Rédigé par : Karadok | 17/20 | Nb de lectures : 9358