Duncan Patterson est vraiment quelqu'un d'étonnant. Alors que certains qui n'ont plus rien à dire d'intéressant depuis longtemps continuent d'essayer de faire parler d'eux ou de leur groupe par n'importe quel moyen, lui n'hésite jamais à quitter des situations confortables pour tout recommencer à zéro. Si son départ d'ANATHEMA après "Alternative IV" n'avait pas réellement été une surprise tant ce groupe regorgeait de personnalités et de potentiels compositeurs, son abandon de son propre projet ANTIMATTER fût plus étonnant. Mick Moss reste donc seul aux commandes d'ANTIMATTER et Duncan Patterson est de retour avec ION.

Cela fait maintenant de longs mois que l'on attendait enfin le projet solo de l'homme à la discographie parfaite. Pour un projet solo, Patterson n'a en fait jamais été aussi entouré que sur ce "Madre, protégenos". En effet, c'est pas moins de quatorze invités qui viennent lui prêter main forte. Venant d'horizons musicaux et géographiques divers on retrouve parmi d'autres, Marcela Bovio, chanteuse mexicaine de STREAM OF PASSION, l'Australien Marl Kelson, chanteur de THE ETERNAL mais également des percussionnistes, violonistes, harpistes et autres flûtistes.

Si la rupture avec le métal et le rock est totalement définitive avec ce disque, le style de Duncan Patterson est cependant toujours aussi présent et reconnaissable. Tout comme dans ANTIMATTER et même dans une moindre mesure ses compos pour ANATHEMA, le dépouillement, l'intimisme et les ambiances feutrées et éthérées sont ici de mise. L'auditeur est lentement, délicatement emporté dans un paisible voyage au travers des neuf titres de ce magnifique album, création sans doute la plus personnelle de Duncan Patterson. Les origines irlandaises de notre homme (je l'ignorais d'ailleurs avant de m'atteler à cette chronique) ressortent pour la première fois comme sur la ballade mélancolique "Goodbye Johnny Dear". Sur d'autres titres, l'utilisation des percussions ("Ultreia") ou de tambourins rapproche plus la musique de ION de ce que l'on appelle affreusement la "world music".

Une fois de plus Duncan Patterson, a réussi son pari. Même seul, il a su nous sortir un album d'une beauté rare, que tous les amateurs de ses travaux et de musiques éthérées se doivent de posséder.


Rédigé par : Sheb | 17/20 | Nb de lectures : 13423