L'œuvre musicale de Duncan Patterson esquisse tout à la fois les reflets du cheminement d'un artiste, la quête intérieure d'un homme et une traversée sur les eaux primordiales.
Avec un soupçon d'audace et d'insolence, on pourrait tout aussi bien clore la chronique de « Immaculada » sur ce constat. Pas de note chiffrée, pas le moindre appareil critique. Nous voilà tous réunis sur l'appontement, le vent se lève, libre à chacun d'embarquer pour un horizon qui se dérobe aux regards. Il y a bien un vaisseau guidé par un navigateur aguerri, les contours d'un voyage. Pour autant, la destination importe guère.
On peut toutefois se permettre de jeter un regard en arrière pour constater que le parcours de Duncan Patterson (ex-ANATHEMA, ex-ANTIMATTER) ne cesse de s'éloigner des rivages du Metal, territoires manifestement trop étroits pour l'amplitude des émotions exprimées dans sa musique, pour la variété des paysages rencontrés dans son univers. Pour autant, toute la matière qui se dévoile dans ce deuxième album de son projet personnel semblait contenue en germes dans ses productions précédentes. Il y avait une profondeur insondable dans le doom d'Anathema, des atmosphères chez Antimatter qui trouvent désormais dans la musique de ION le format idéal pour révéler leur nature.

Vous connaissez L'invitation au voyage de Charlie B.?
Les soleils mouillés /De ces ciels brouillés /Pour mon esprit ont les charmes /Si mystérieux /De tes traîtres yeux, /Brillant à travers leurs larmes, /Là, tout n'est qu'ordre et beauté, /Luxe, calme et volupté.
« Immaculada » explore partiellement ces états émotionnels à travers une série d'expériences vécues par Patterson entre la Grèce et l'Irlande. Expériences sensorielles, réflexions et autres introspections qui découvrent un ancrage dans les ballades mystérieuses composant l'album. On peut aisément rapprocher le son de ION des courants ethereal/heavenly, quelque part entre RAJNA et DEAD CAN DANCE - surtout les premières pistes d'ailleurs – pourtant « Immaculada » offre un aspect beaucoup plus organique que ces derniers, un son riche et généreux qui n'en finit plus de dévoiler ses nuances.

ION projet personnel de Patterson qui assure avec brio les parties de guitares/mandoline, claviers et percussions mais certainement pas un album solo, puisque ce sont pas moins de seize musiciens et vocalistes qui apparaissent en guests. Tout l'éventail des instruments traditionnels, des berges de la Méditerranée aux côtes gaéliques, s'invitent sur chaque titre, on en prend plein les yeux sans même bouger une paupière. Entre la fraîcheur des paysages irlandais et la vibrante chaleur de la Grèce, Duncan promène l'auditeur au fil de progressions harmoniques épurées, de plus en plus loin, de plus en plus profondément, vers des recoins inexplorés de soi-même.


Rédigé par : #Guillaume# | 15,5/20 | Nb de lectures : 12895