IN TORMENTATA QUIETE - Teatroelementale (MyKingdom/Season Of Mist) - 02/02/2010 @ 07h47
Je dois bien reconnaître une grande faiblesse à la plupart de mes chroniques. Avec une fâcheuse tendance à parler de tout sauf de musique, l'auditeur potentiel se retourne souvent furibond vers un lien myspace, guère convaincu par ma bafouille sur les connections entre les riffs de Cannibal Corpse et les rites funéraires dogon sur les rives orientales du fleuve Niger. Affection incurable connue dans le jargon local sous le nom de Syndrome de Michelland.
Au risque de vous décevoir je risque d'en remettre une couche aujourd'hui avec ce deuxième album de IN TORMENTATA QUIETE. Difficile de faire autrement quand on aborde un groupe ayant démarré dans un registre black plutôt avant-garde avant d'accoucher d'une musique singulière et insolente au terme d'un long processus alchimique. Insolente parce qu'elle se permet de prendre tous les risques et de réussir sur presque tous les tableaux. Singulière dans la parfaite cohérence où se mélangent musique traditionnelle et metal extrême, folk et black, le tout dans une orgie de riffs prog' empilés dans le plus grand bonheur.
Le groupe originaire de Bologne prend également le pari audacieux d'écrire et chanter ses textes en italien, vraisemblablement afin de rester au plus près de ses thématiques et de l'ambiance générale de l'album qui rappelons-le fait la part belle à la musique traditionnelle. Mais encore et surtout pour rendre hommage à l'œuvre de Luigi Pirandello dont une citation du discours sur le théâtre dramatique est placé en exergue de l'album.
"Teatroelementale", puisque c'est le nom de ce fabuleux album, aborde donc le théâtre et l'alchimie au long de sept morceaux entrecoupés d'un monologue conté par un narrateur et de rappels constants au discours de Pirandello énoncé en 1934 à l'occasion de son prix Nobel de littérature.
Là où j'enrage c'est que ma piètre connaissance de l'italien ne me permet pas de rendre compte de l'histoire développée au fil des morceaux. Toutefois des titres tels "l'alchimista", "la danza del fuoco" ou "il canto del mare" sont suffisamment éloquents pour que l'auditeur remplisse les vides narratifs. Chaque titre prend pour thème un élément particulier -le feu, le vent, la mer, la lune etc- et présente un canevas complexe tissé de riffs enragés, de complaintes au saxophone, d'instruments folkloriques et de nappes de claviers. Côté chant on rencontre jusqu'à trois intervenants assurant respectivement chant clair, hurlé et féminin (mais ce dernier est-il une catégorie à proprement parler?) pour des joutes et autres dialogues harmonieux évoquant inévitablement une pièce de théâtre dont le metal de ITQ serait la scène. Si l'on rajoute le narrateur du long monologue et la voix du maestro lui-même, on obtient un album choral qui reflète bien les obsessions de Pirandello pour le double, la gémellité et la folie. Chaque intervenant, chaque instrument, chaque morceau incarne une facette de la pierre précieuse ornant la cover de l'album -l'alchimie encore- ou le dé à six faces illustrant la conclusion du récit.
Du très beau boulot, une sauce bolognaise parfaitement réussie si vous me permettez ce jeu de mot digne d'un Bouvard en grande forme. L'album ne conviendra peut-être pas à ceux qui préfèrent une musique plus facilement identifiable voire plus agressive ; de la même manière le récit en italien pourra sembler une perte de temps à certains qui n'hésiteront pas à sauter vers la piste suivante, ils auraient bien tort de se priver. C'est pourtant une occasion unique de laisser retomber la pression et de poser l'ambiance propice au morceau suivant. Mais admettons que l'art se passe très bien de règles.
Le mot de la fin revient tout naturellement à Pirandello qui résume bien mon avis sur ce "Teatroelementale" : « L'art est une réalité en soi, hors du temps, des hasards, des obstacles, sans autre fin que lui-même. L'art venge la vie. »
Grazie signore.
curieux d'écouter cet album à la lecture de la chro, j'avais assez aimé le précédent
Rahahaaz Membre enregistré
Posté le: 02/02/2010 à 09h29 - (80417)
Tu es bien sévère avec toi-même Guillaume... Comparer tes chroniques à celles de Michelland, c'est mettre en compétition Woody Allen et Patrick Bosso.
Moulinexxx Membre enregistré
Posté le: 02/02/2010 à 10h23 - (80418)
On ne peut pas reprocher à leur musique de manquer d'originalité ! Ça mérite une écoute prolongée...
carnioxus Membre enregistré
Posté le: 02/02/2010 à 10h37 - (80419)
Quelle agréable surprise, un réel mélange étonnant de styles, où se dégage pas mal d'émotions .... merci pour la découverte !
dr gonzo Membre enregistré
Posté le: 02/02/2010 à 11h54 - (80427)
j'aime pas spécialement, mais je trouve la pochette bien classe.
Why Not ? IP:79.88.21.145 Invité
Posté le: 02/02/2010 à 23h59 - (80458)
Loin de moi l'idée de critiquer le travail du rédacteur mais effectivement, après lecture du papier, on se demande bien légitimement à quoi ressemble véritablement ce disque (genre, momnents forts, influences, potentiel). A sa décharge il est fort humble, bravo à lui.
#Guillaume# Membre enregistré
Posté le: 03/02/2010 à 11h38 - (80468)
Er... je crois bien que tout y est hein! Parfois enrobé de considérations extra-musicales (et encore!) mais tes attentes devraient être satisfaites. Sinon il te reste MySp comme je disais en intro!^^
ZeSnake Membre enregistré
Posté le: 05/02/2010 à 22h30 - (80580)
hé, c'est pas mal ce truc, je ne connaissais pas.
on dirait du Borknagar récent en 100 fois mieux
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Au risque de vous décevoir je risque d'en remettre une couche aujourd'hui avec ce deuxième album de IN TORMENTATA QUIETE. Difficile de faire autrement quand on aborde un groupe ayant démarré dans un registre black plutôt avant-garde avant d'accoucher d'une musique singulière et insolente au terme d'un long processus alchimique. Insolente parce qu'elle se permet de prendre tous les risques et de réussir sur presque tous les tableaux. Singulière dans la parfaite cohérence où se mélangent musique traditionnelle et metal extrême, folk et black, le tout dans une orgie de riffs prog' empilés dans le plus grand bonheur.
Le groupe originaire de Bologne prend également le pari audacieux d'écrire et chanter ses textes en italien, vraisemblablement afin de rester au plus près de ses thématiques et de l'ambiance générale de l'album qui rappelons-le fait la part belle à la musique traditionnelle. Mais encore et surtout pour rendre hommage à l'œuvre de Luigi Pirandello dont une citation du discours sur le théâtre dramatique est placé en exergue de l'album.
"Teatroelementale", puisque c'est le nom de ce fabuleux album, aborde donc le théâtre et l'alchimie au long de sept morceaux entrecoupés d'un monologue conté par un narrateur et de rappels constants au discours de Pirandello énoncé en 1934 à l'occasion de son prix Nobel de littérature.
Là où j'enrage c'est que ma piètre connaissance de l'italien ne me permet pas de rendre compte de l'histoire développée au fil des morceaux. Toutefois des titres tels "l'alchimista", "la danza del fuoco" ou "il canto del mare" sont suffisamment éloquents pour que l'auditeur remplisse les vides narratifs. Chaque titre prend pour thème un élément particulier -le feu, le vent, la mer, la lune etc- et présente un canevas complexe tissé de riffs enragés, de complaintes au saxophone, d'instruments folkloriques et de nappes de claviers. Côté chant on rencontre jusqu'à trois intervenants assurant respectivement chant clair, hurlé et féminin (mais ce dernier est-il une catégorie à proprement parler?) pour des joutes et autres dialogues harmonieux évoquant inévitablement une pièce de théâtre dont le metal de ITQ serait la scène. Si l'on rajoute le narrateur du long monologue et la voix du maestro lui-même, on obtient un album choral qui reflète bien les obsessions de Pirandello pour le double, la gémellité et la folie. Chaque intervenant, chaque instrument, chaque morceau incarne une facette de la pierre précieuse ornant la cover de l'album -l'alchimie encore- ou le dé à six faces illustrant la conclusion du récit.
Du très beau boulot, une sauce bolognaise parfaitement réussie si vous me permettez ce jeu de mot digne d'un Bouvard en grande forme. L'album ne conviendra peut-être pas à ceux qui préfèrent une musique plus facilement identifiable voire plus agressive ; de la même manière le récit en italien pourra sembler une perte de temps à certains qui n'hésiteront pas à sauter vers la piste suivante, ils auraient bien tort de se priver. C'est pourtant une occasion unique de laisser retomber la pression et de poser l'ambiance propice au morceau suivant. Mais admettons que l'art se passe très bien de règles.
Le mot de la fin revient tout naturellement à Pirandello qui résume bien mon avis sur ce "Teatroelementale" : « L'art est une réalité en soi, hors du temps, des hasards, des obstacles, sans autre fin que lui-même. L'art venge la vie. »
Grazie signore.
Rédigé par : #Guillaume# | 17/20 | Nb de lectures : 11567