IN THE WOODS... - Live at the Caledonien Hall (Karmakosmetix/Prophecy/Adipocere) - 18/08/2003 @ 17h47
Il aura fallu patienter près de trois ans pour que tous ceux qui n’ont pas eu le privilège d’assister à ce concert mythique puissent à leur tour entendre In The Woods… tirer leur révérence. Petite biographie à l’attention du profane : In The Woods… était un collectif norvégien issu au début des années 90 de la première partition de Green Carnation (reformé de nos jours avec le bonheur que l’on connaît). D’un côté Tchort s’en allait renforcer Emperor à la basse, de l’autre les frères Christpher Botteri et X-Botteri et leurs acolytes donnaient un nouveau visage à leur aventure commune : In The Woods…
La première réalisation du groupe fut la démo « Isle of Men », datée de 1993 et plus tard rééditée en CD (« Return to the Isle of Men »). In The Woods… y affirmaient leur personnalité au moyen d’un death metal lourd déjà marqué par des structures étranges, en décalage avec les normes conservatrices de l’époque.
L’album « HEart of the Ages » révéla une bande d’artistes intègres et épris des atmosphères nébuleuses de leur mère patrie. On commença à parler de black metal, en partie à cause de quelques éruptions vocales survoltées, mais quelque part cette étiquette ne collait déjà plus du tout aux aspirations d’un groupe gravitant dans un univers musical dont lui seul définissait les limites. « HEart of the Ages » fut l’un des premiers albums de metal dur (de metal extrême peut-on dire) à posséder un feeling hypnotique ramenant aux plus belles heures de la scène psychédélique des 70’s.
Eté 1997 : In The Woods… reviennent avec ce qui aux yeux d’un cercle de fans indécrottables (suivez mon regard), deviendra l’unes des œuvres les plus influentes de l’histoire du metal. « Omnio » coupe définitivement le cordon ombilical avec les racines extrêmes du groupe et célèbre, le temps de 7 chapitres d’une rare densité inspiratrice, le règne d’un metal (très) sombre, cérébral et élégant, où les guitares frissonnantes côtoient le violon et les synthés planants dans un mariage d’un stupéfiant naturel. L’album doit aussi beaucoup à l’amalgame entre les chants inimitables de Jan Transit et Synne Soprana, qui offrent des dialogues frontaux tantôt nerveux, tantôt frêles et bouleversants. Plus on est amené à en parler, et plus il devient difficile d’exprimer de façon intelligible à quel point « Omnio » est une expérience qui peut marquer une vie, au même titre qu’un livre de chevet ou qu’une toile de maître dont le contexte laisse une trace indélébile sur l’esprit. Il m’est souvent arrivé de combattre les larmes au contact intime de cet album, et presque aussi souvent de perdre ce combat sans véritable enjeu.
L’album suivant, « Strange in Stereo », le dernier chez Misanthropy Records qui fera faillite peu de temps après, emprunte des virages plus sophistiqués, et perd un peu du pouvoir d’empathie de son prédécesseur. Les performances vocales comme instrumentales sont parfois sensiblement démesurées dans leur avant-gardisme. C’est une œuvre originale et plus, à la plastique étudiée pour dérouter, ce en quoi elle atteint son but et ne dévoile son excellence bien effective qu’une fois le choc initial estompé.
In The Woods… signent chez Prophecy Productions en l’an 2000 mais annoncent rapidement la dissolution du groupe, au grand désespoir de leurs disciples. Ils auront le temps d’offrir un dernier miracle à la scène en regroupant sur CD le contenu de trois 7’EP sortis entre les albums réguliers. Ce matériel, publié en digisleeve sous l’appellation « Three Times Seven on a Pilgrimage », se révélera particulièrement féérique et permettra d’admirer le profil le plus soft d’In The Woods… ainsi que de remonter aux sources de leur inspiration à travers diverses reprises exécutées avec talent et respect (Pink Floyd, King Crimson, Syd Barrett…).
En décembre de cette même année 2000, In The Woods… convient leurs fans à un grand concert d’adieu de trois heures au cours desquelles ils interpréteront la quasi intégralité de leur discographie. C’est l’ambiance de cette soirée submergée d’émotion(s) que nous pouvons à présent revivre par l’intermédiaire de ce live 2-CD. La tracklist aborde, comme il fallait s’y attendre, toutes les époques et les styles d’In The Woods…, quoique l’on ne retrouve pas de chant hurlé. « Omnio » occupe naturellement une place centrale, puisqu’il est joué dans son intégralité, alors que sur le disque 2 alternent les morceaux de « Strange in Stereo » et « Three Times Seven on a Pilgrimage ». Il est inutile d’empiler les commentaires dans la mesure où la musique d’In The Woods… parle d’elle-même, et où ceux qui l’ont rencontrée, ne serait-ce que brièvement, savent parfaitement à quoi s’en tenir. D’un point de vue technique, la prise de son et le travail de mixage garantissent un plaisir d’écoute sans zones d’ombres, que ce soit dans les moments intimistes ou dans les portions plus énervées. Pour ce qui est de l’interprétation, elle tient toutes ses promesses. On suit sans problèmes le déroulement des titres tels qu’ils figuraient sur l’album, malgré les altérations obligatoires sur certains points impossibles à retranscrire à 100%, et malgré aussi quelques détails rajoutés dans le feu de l’action - tout ceci n’est que du positif, dans la mesure où on n’a jamais l’impression d’écouter la copie conforme des morceaux d’origine, comme c’est parfois le cas sur d’autres albums lives. Puissance sonore oblige, le côté rude des morceaux ressort plus facilement, et il est à noter que les parties rapides (celles de « Omnio » notamment) sont jouées légèrement au-dessus du tempo studio. Les vocalistes sont à la hauteur de leur réputation : écouter Synne propulser sa voix dans la stratosphère sur l’emblématique « Mourning the Death of Aase » provoque toujours la chair de poule.
La magie de la musique opère sans faillir, alliée à la rareté précieuse de l’événement. On ne peut s’empêcher de revivre ou d’imaginer le concert tel qu’il a eu lieu, et donc on se prend à égréner fébrilement les moments impérissables de ce qui n’est en fait, si on le dépare de tout ce qui fait sa grandeur, qu’un gigantesque compte à rebours vers une mort programmée. La différence c’est que désormais vous pourrez dire adieu à In The Woods… autant de fois que vous le voudrez. Ca enlève peut-être un peu au mythe, mais le besoin en était vital.
Voilà, trois ans plus tard, In The Woods… ne sont plus, mais ont essaimé bon nombre de petites poches de fécondité artistique (par exemple Stille Opprør, Eliz.. ou le projet solo de X-Botteri…) que le label Karmakosmetix va enfin avoir les moyens de donner en pâture aux fans insatiables.
Rédigé par : Uriel | Live Immortel/ | Nb de lectures : 8988
rha , je les avais vu à Marseille, on devait être une centaine!!! j'en ai encore la chaire de poule....Groupe gigantissime, que tout amateur de bonne musique regrettera.
langoustator Invité
Posté le: 18/08/2003 à 22h02 - (4938)
Rah! quand va-t'il arriver dans ma boite aux lettres???? ;)
Et les inédits? Ils sont comment?
Arf, très belle chronique comme d'habitude
Dark tranquilou Invité
Posté le: 21/08/2003 à 18h51 - (4957)
Ce live à un gros défaut... il est posthume! bouh, y'en aura plus jamais!
Dark tranquilou Invité
Posté le: 21/08/2003 à 18h51 - (4958)
Ce live à un gros défaut... il est posthume! bouh, y'en aura plus jamais!
Gort'h Invité
Posté le: 27/08/2003 à 17h41 - (5072)
Rien à jeter dans la discographie de ce groupe génialissime!
Il ne manquait qu'un live et c'est chose fait. Dommage que ce soit pour un adieu...
Garm Invité
Posté le: 20/01/2004 à 22h03 - (6835)
Live indispensable
chaque morceau est joué un peu différament et c'est un plaisir de les redécouvrir dans une nouvelle version
meme le sampler karmakosmix offert avec l'album est exelent
que du bonheur......
[eMp] Membre enregistré
Posté le: 20/05/2004 à 14h22 - (8764)
Je ne l'ai acheté qu'hier et ça doit bien faire 3 ans que je n'ai pas écouté Omnio que j'avais pourtant énormément apprécié. Donc autant vous dire que je suis particulièrement ému.
Je n'ai écouté que les 3 premiers titres pour l'instant mais cela me permet de donner déjà quelques impressions à chaud :
- le son est énorme
- l'émotion est palpable
- mais c'est vraiment pas super bien exécuté : pas mal de pains à la gratte et les chants sont faux de temps à autres.
Suis-je le seul à sentir cela ?
[eMp] Membre enregistré
Posté le: 20/05/2004 à 15h28 - (8767)
Haaaaaaaaaaaaa mais je suis déçu mais déçuuuuuuuuuuuuuu !
Ce live est inécoutable pour moi malgré la qualité de l'enregistrement :
- Les guitares sont désaccordées sur pas mal de morceaux. Alors lorsqu'il s'agit de rythmique ça passe encore, mais dès qu'il y a des envolées mélodiques à deux guitares c'est la cata.
- Les duos au chant sont la plupart du temps faux. Et je sais faire la différence entre la dissonance (qu'aime bien pratiquer ITW) et le faux. Et là c'est faux.
Profondément déçu je suis :'(
Garm Invité
Posté le: 29/05/2004 à 12h02 - (8902)
eh bien moi pas du tout je ne m'en lasse pas, le son est brut et l'enregistrement pas retouché en studio, et c ca que j'aimes j'ai pas l'impression d'ecouter les album
et je ne trouve pas que les grattes sonnt faux, quelques pains de temps en temps mais rien de grave. le chant bonne prestation malgré quelques petites faiblesses par moment.
mit de coté cet aspect purement technique, j'adore l'ambiance et l'emotion de ce live
[eMp] Membre enregistré
Posté le: 29/05/2004 à 12h45 - (8903)
Tout à fait d'accord avec toi Garm sur le fait qu'un live non retouché est fort appréciable.
Par contre il y a certaines choses qui gachent vraiment la prestation d'un groupe sur scène. La justesse du chant en fait, pour moi, partie au même titre que la mise en place. Surtout que le groupe a fait le choix de ne mettre aucun chant black, il faut donc vraiment assurer si on veut que la prise risque en vaille la peine.
Par ailleurs tu précises "par moment", mais il y en a quasiment à chaque morceau du premier CD (je n'ai pas encore écouté le second). Et quand on en vient à redouter l'arrivée des chants doublés en se demandant si cette fois ça va aller, bah personnellement ça me gache le plaisir.
Je me mets le second CD on verra bien (:
Cela dit ce live à un son énorme et écouter un groupe aussi rare qu'in the woods en live avec cette qualité sonore et ce feeling ça fait plaisir. Mais vraiment dommage pour les alterations qui ne passent vraiment pas inaperçus ):
Uriel Invité
Posté le: 31/05/2004 à 13h07 - (8912)
[eMp], on s'en est expliqués au rendez-vous VS, donc je me contenterai de dire que je ressens le live de la même facon que Garm. Les erreurs auxquelles tu fais allusion, je n'y suis pas aveugle bien sûr, mais pour moi les menues approximations et décalages participent quelque part de l'intérêt et du caractère unique de l'événement. Ces peut-être à travers eux qu'on ressent au plus fort l'émotion qui devait étouffer les musiciens ce soir là, et les rendre par moments fébriles, quoi de plus compréhensible.
Uriel Invité
Posté le: 31/05/2004 à 13h09 - (8913)
Sans parler du fait que In The Woods... n'ont jamais été des monstres de scène, donc il n'est pas très réaliste d'aborder ces CD en espérant une tuerie au carré :)
[eMp] Membre enregistré
Posté le: 31/05/2004 à 17h23 - (8918)
Ouaip.
Enfin ce ne sont pas les quelques approximations aux grattes qui me gènent hein ? Je parle surtout du chant qui, étant au premier plan ne peut être écarté.
Sinon il est vrai que ITW n'ont jamais été des bêtes de scène je vais essayer de me le réécouter encore et encore pour assimiler ces quelques élements disgracieux (:
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La première réalisation du groupe fut la démo « Isle of Men », datée de 1993 et plus tard rééditée en CD (« Return to the Isle of Men »). In The Woods… y affirmaient leur personnalité au moyen d’un death metal lourd déjà marqué par des structures étranges, en décalage avec les normes conservatrices de l’époque.
L’album « HEart of the Ages » révéla une bande d’artistes intègres et épris des atmosphères nébuleuses de leur mère patrie. On commença à parler de black metal, en partie à cause de quelques éruptions vocales survoltées, mais quelque part cette étiquette ne collait déjà plus du tout aux aspirations d’un groupe gravitant dans un univers musical dont lui seul définissait les limites. « HEart of the Ages » fut l’un des premiers albums de metal dur (de metal extrême peut-on dire) à posséder un feeling hypnotique ramenant aux plus belles heures de la scène psychédélique des 70’s.
Eté 1997 : In The Woods… reviennent avec ce qui aux yeux d’un cercle de fans indécrottables (suivez mon regard), deviendra l’unes des œuvres les plus influentes de l’histoire du metal. « Omnio » coupe définitivement le cordon ombilical avec les racines extrêmes du groupe et célèbre, le temps de 7 chapitres d’une rare densité inspiratrice, le règne d’un metal (très) sombre, cérébral et élégant, où les guitares frissonnantes côtoient le violon et les synthés planants dans un mariage d’un stupéfiant naturel. L’album doit aussi beaucoup à l’amalgame entre les chants inimitables de Jan Transit et Synne Soprana, qui offrent des dialogues frontaux tantôt nerveux, tantôt frêles et bouleversants. Plus on est amené à en parler, et plus il devient difficile d’exprimer de façon intelligible à quel point « Omnio » est une expérience qui peut marquer une vie, au même titre qu’un livre de chevet ou qu’une toile de maître dont le contexte laisse une trace indélébile sur l’esprit. Il m’est souvent arrivé de combattre les larmes au contact intime de cet album, et presque aussi souvent de perdre ce combat sans véritable enjeu.
L’album suivant, « Strange in Stereo », le dernier chez Misanthropy Records qui fera faillite peu de temps après, emprunte des virages plus sophistiqués, et perd un peu du pouvoir d’empathie de son prédécesseur. Les performances vocales comme instrumentales sont parfois sensiblement démesurées dans leur avant-gardisme. C’est une œuvre originale et plus, à la plastique étudiée pour dérouter, ce en quoi elle atteint son but et ne dévoile son excellence bien effective qu’une fois le choc initial estompé.
In The Woods… signent chez Prophecy Productions en l’an 2000 mais annoncent rapidement la dissolution du groupe, au grand désespoir de leurs disciples. Ils auront le temps d’offrir un dernier miracle à la scène en regroupant sur CD le contenu de trois 7’EP sortis entre les albums réguliers. Ce matériel, publié en digisleeve sous l’appellation « Three Times Seven on a Pilgrimage », se révélera particulièrement féérique et permettra d’admirer le profil le plus soft d’In The Woods… ainsi que de remonter aux sources de leur inspiration à travers diverses reprises exécutées avec talent et respect (Pink Floyd, King Crimson, Syd Barrett…).
En décembre de cette même année 2000, In The Woods… convient leurs fans à un grand concert d’adieu de trois heures au cours desquelles ils interpréteront la quasi intégralité de leur discographie. C’est l’ambiance de cette soirée submergée d’émotion(s) que nous pouvons à présent revivre par l’intermédiaire de ce live 2-CD. La tracklist aborde, comme il fallait s’y attendre, toutes les époques et les styles d’In The Woods…, quoique l’on ne retrouve pas de chant hurlé. « Omnio » occupe naturellement une place centrale, puisqu’il est joué dans son intégralité, alors que sur le disque 2 alternent les morceaux de « Strange in Stereo » et « Three Times Seven on a Pilgrimage ». Il est inutile d’empiler les commentaires dans la mesure où la musique d’In The Woods… parle d’elle-même, et où ceux qui l’ont rencontrée, ne serait-ce que brièvement, savent parfaitement à quoi s’en tenir. D’un point de vue technique, la prise de son et le travail de mixage garantissent un plaisir d’écoute sans zones d’ombres, que ce soit dans les moments intimistes ou dans les portions plus énervées. Pour ce qui est de l’interprétation, elle tient toutes ses promesses. On suit sans problèmes le déroulement des titres tels qu’ils figuraient sur l’album, malgré les altérations obligatoires sur certains points impossibles à retranscrire à 100%, et malgré aussi quelques détails rajoutés dans le feu de l’action - tout ceci n’est que du positif, dans la mesure où on n’a jamais l’impression d’écouter la copie conforme des morceaux d’origine, comme c’est parfois le cas sur d’autres albums lives. Puissance sonore oblige, le côté rude des morceaux ressort plus facilement, et il est à noter que les parties rapides (celles de « Omnio » notamment) sont jouées légèrement au-dessus du tempo studio. Les vocalistes sont à la hauteur de leur réputation : écouter Synne propulser sa voix dans la stratosphère sur l’emblématique « Mourning the Death of Aase » provoque toujours la chair de poule.
La magie de la musique opère sans faillir, alliée à la rareté précieuse de l’événement. On ne peut s’empêcher de revivre ou d’imaginer le concert tel qu’il a eu lieu, et donc on se prend à égréner fébrilement les moments impérissables de ce qui n’est en fait, si on le dépare de tout ce qui fait sa grandeur, qu’un gigantesque compte à rebours vers une mort programmée. La différence c’est que désormais vous pourrez dire adieu à In The Woods… autant de fois que vous le voudrez. Ca enlève peut-être un peu au mythe, mais le besoin en était vital.
Voilà, trois ans plus tard, In The Woods… ne sont plus, mais ont essaimé bon nombre de petites poches de fécondité artistique (par exemple Stille Opprør, Eliz.. ou le projet solo de X-Botteri…) que le label Karmakosmetix va enfin avoir les moyens de donner en pâture aux fans insatiables.
Rédigé par : Uriel | Live Immortel/ | Nb de lectures : 8988