Si la carrière d’IN-QUEST avait pris un bon coup de turbo avec l’arrivée de Sven Caluwé (ABORTED) qu’ allait-il en être après le divorce entre le chanteur et le reste du groupe ? La question n’était pas superflue lorsque l’on sait avec quel entrain Sven s’était démené pour promouvoir son troisième groupe. Ce dernier étant désormais parti vers de fastes horizons avec LENG T’CHE et ABORTED, IN-QUEST serait-il en mesure de conserver son élan créatif pour parvenir à une concrète reconnaissance ?

« The Comatose Quandaries » est donc l’occasion de découvrir un nouveau vocaliste en la personne du Suédois Mike Löfberg, chanteur des BLOCKHEAD (à ne pas confondre avec le groupe de grind hexagonal BLOCKHEADS) mais aussi de constater que ceux qui avaient misé des billes sur IN-QUEST, à savoir Goodlife recordings, avaient fait preuve d’un sacré pif car, avec ce quatrième album, le quintet belge balance un sacré pavé dans la mare du métal dit moderne.

Ceux qui s’obstinaient à ne voir dans ce groupe qu’un mix entre MESHUGGAH, FEAR FACTORY et S.Y.L. en seront pour leur frais car, aussi flatteuses que se voulaient ces comparaisons, elles rabaissaient quelque peu le tigre qu’IN-QUEST avait sous le capot. Et puis voilà que « The Comatose Quandaries » nous assène une véritable déferlante d’inspirations jusque là contenues. C’est un peu comme s’ils avaient subitement trouvé leur identité musicale pour la brandir tout au long de ce nouveau cd.

La version 2005 d’IN-QUEST est relativement différente de celle que nous connaissions jusqu’alors. Si le disque débute par la boucherie du fulgurant « Diffuse Pattern recognition », bien vite les tempos s’alourdissent à grands coups d’accords lachés, les blast s’espacent sans perdre en puissance et laissent place à un métal futuriste chargé d’ambiances presque indus. Pourtant, le groupe a mis un grand coup de frein sur l’utilisation des synthés et sur les bidouillages cybers. En revanche, les samples n’ont jamais été aussi nombreux que maintenant. Ils apparaissent la plupart du temps sous la forme de simples phrases et apportent un petit côté BO tout à fait cohérent. Les mélodies d’IN-QUEST n’ont jamais été aussi poignantes, aussi délicatement aériennes. On retrouve néanmoins les rythmiques et le sens du riff assassin déjà présents sur « Epileptic ». Le groupe, partiellement délivré de ses influences, se révèle ici sous un jour nouveau, mixant une finesse mélodique et une part de sauvagerie exutoire. « The Comatose Quandaries » n’échappe pas à la technicité drastique qu’on imputait déjà à la formation flamande.

Difficile, enfin de parler de ce nouveau tournant dans la carrière d’IN-QUEST sans stipuler la magnifique prestation de leur nouveau chanteur scandinave. Le bonhomme est à son aise dans les grognements les plus hirsutes comme dans les passages les plus tempérés. Sa richesse de nuances arrive à faire oublier notre bon vieux Sven (qui a également beaucoup progressé, signalons-le tout de même) et colle peut-être mieux avec l’orientation plus délicate que le groupe aborde ici, dans sa phase la plus aboutie.

Pour la production, nos Flamands sont retournés chez le magicien Danois, Tue Madsen qui redouble ici de prouesses. Le son de « The Comatose Quandaries » est d’une pureté infinie mais ne dénature pas pour autant les instruments à grands coups de filtres. Enfin, sachez que Michael, le chanteur de MNEMIC, vient pousser quelques beuglantes sur le morceau qui donne son titre à l’album.

Il est très probable que ce disque aura une « durée de vie » plus longue que son excellent prédécesseur vu qu’il est nettement plus subtil et qu’un certain temps est nécessaire pour en faire le tour. IN-QUEST nous a fait une bien belle surprise estivale. Il ne reste plus qu’à les voir sur scène pour valider l’impression très favorable que j’ai déjà de ces p’tits gars…


Rédigé par : Tonton | 17/20 | Nb de lectures : 15039