Que ce soit clair entre nous, à moins de tomber sur le groupe de fumistes qui se fout véritablement de la gueule de ses auditeurs, je ne me vois aucune légitimité à descendre un album qui a selon toute vraisemblance été accouché dans le labeur par des gens respectueux de leur travail. C'est donc la mort dans l'âme que je me vois contraint de vous exposer mon profond manque d'intérêt pour le premier album des Norvégiens de IN GRIEF (tout chagrin oui monsieur).

Pour couper court à tout procès d'intention je prends la précaution d'ajouter que je n'ai rien contre les groupes de christian metal -j'adore les premiers MORTIFICATION- ni même sur le principe de fonder un mouvement musical sur ce seul critère ; on a vu bien pire dans la joyeuse Cour des miracles qu'est la scène metal.
Très sérieusement, je ne vois dans le fond qu'une seule chose à leur reprocher : leur plus totale transparence. Ce n'est pas que leur musique soit fondamentalement mal écrite ou mal jouée, elle est seulement dénuée de saveur. Sur un plan purement théorique on se trouve en présence d'une formation naviguant dans les eaux troubles du death melo/prog incluant quelques soli de shreddeurs et des parties de synthétiseur inspirées. Dans la pratique et au risque de me répéter ça ne décolle jamais tout au long des sept morceaux qui composent l'album portant le patronyme opportun de « Deserted soul ». Il n'y a effectivement plus personne à la barre de cette âme-là.
Quelques arguments afin d'éviter de passer pour le chieur de service. Le premier titre n'est qu'une intro au clavier qui se vautre dans sa tentative de générer une ambiance épique et ne réussit qu'à plomber l'ambiance avant même la première note de guitare. Le chant typé death est désespérant de banalité tandis que les intermèdes au chant clair me font grincer les molaires. La production ne possède aucun relief et plonge le disque dans l'uniformité en dépit de sa netteté de réalisation. Enfin, la vélocité des parties de shred ne masque pas leur manque évident d'à propos. Ah si, l'artwork est plutôt moche et le groupe a l'air de s'emmerder sur la photo promo. N'en jetez plus.

Bien sûr vous pourriez rétorquer que le melodeath n'est manifestement pas ma tasse de thé et vous auriez partiellement raison, les fanatiques du style trouveront certainement dans ce premier essai de nombreuses qualités sur lesquelles je fais à dessein l'impasse. De plus il ne s'agit que du premier album d'une jeune formation qui ne demande sans doute qu'à trouver ses marques. Mais comme le disait tantôt Rodrigue « Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées -la valeur n'attend pas le nombre des années » ; dans un registre similaire à celui de IN GRIEF, les Finlandais de AMORPHIS n'ont effectivement pas attendu x albums avant de montrer l'immensité de leur talent. A réserver aux dénicheurs d'hypothétiques futurs talents et aux inconditionnels du death mélodique scandinave de confession chrétienne (?!). Permettez que je passe mon chemin.


Rédigé par : #Guillaume# | 11/20 | Nb de lectures : 9839