VsGreg : Tout au long de sa carrière, IN FLAMES n'a cessé d'évoluer et de franchir des étapes. Le groupe est ainsi passé du death mélodique sombre teinté de black de "Lunar Stain" (1994) aux chefs-d'œuvre du melodeath suédois ("Whoracle" - 1997 & "Colony" - 1999) avant d'embrayer vers un modern melodeath plus catchy (de "Reroute to Remain" - 2002 à "Come Clarity" - 2006) pour finir par américaniser son style et ses sonorités ces dernières années.

Force est de constater que si certains fans ont lâché l'affaire, n'adhérant pas à ces multiples changements de caps, IN FLAMES a toujours réussi à faire croître sa fanbase, les nouveaux fans étant plus nombreux que les anciens quittant le navire.
Combien de temps cela va-t-il encore durer ?

"Siren Charms" marque ainsi un nouveau jalon dans la discographie du groupe, poursuivant le virage musical amorcé par "Sound Of A Playground Fading", mais j'ai bien peur que le groupe finisse dans le mur à la sortie de celui-ci.

Disons-le clairement "Siren Charms" est un album très décevant, voire vraiment raté dans certains points. Si on retrouve l'ambiance introspective et mélancolique de son prédécesseur avec ces mélodies teintées de sonorités électro, le groupe manque complètement d'inspiration et propose un disque vide vraiment déroutant.

Si "Everything's Gone" est le titre de la seconde chanson de l'album, c'est surtout le sentiment que partage l'auditeur à l'écoute des 11 très pauvres titres pour 45 minutes de musique soporifique et ennuyeuse. Certains diront que le groupe a voulu épurer ses compositions et mieux mettre en valeur la voix et le chant d'Anders Fridén... cela ne semble pas avoir été une bonne idée tant Anders est peu captivant à de très nombreux moments.
N'y allons pas par 4 chemins, il chante carrément mal avec son timbre de pleurnicheuse se contentant de geindre sur "Siren Charms" ou encore "Through Oblivion".

Quelques titres viennent sauver ce qu'il reste à sauver de cet album. On citera le simple et punchy "Filtered Truth" ou encore le très classique premier single "Rusted Nail". Notons aussi le réussi "When The World Explodes" avec le refrain chanté par Emilia Feldt qui rappellera - dans un autre registre - les débuts du groupe lorsque Jennica Johansson venait chanter sur "Everlost" (1994).

Certains artistes ont osé prendre des risques dans leur carrière avant de faire marche arrière (citons Paradise Lost avec "Host"), c'est tout ce que je souhaite à In Flames.

Note : 09/20


ZeSnake : Tolérance, clémence, ne tirons pas sur l’ambulance. Mais méfiance.
Je pense que l’on peut admettre que oui, IN FLAMES, c’était mieux avant. Chialer sur ce que le groupe est devenu et en appeler aux souvenirs de The Jester Race et Whoracle, c’est un peu du niveau Captain Obvious. « In Flames ? Mais ils font de la soupe ! C’était mieux en 1997 ! » : je pense qu’on a compris… Maintenant, la question qui se pose, c’est la filiation à une période qui ne couvre pas la préférence des vieux croûtons, celle démarrant dès Reroute To Remain (2002) et son mélodeath racé, même si les deux albums suivants, Soundtrack To Your Escape et Come Clarity, n’ont pas fait l’unanimité (je trouve toujours le premier cité très sous-estimé). IN FLAMES édulcorait déjà son propos par rapport à Colony et Clayman, et au grand dam du metalleux moyen il a fini par poursuivre dans cette « mauvaise » voie. Déjà de par le biais de l’affreux A Sense Of Purpose, un album totalement raté qui s’était au final avéré être un bien pauvre album de transition. Transition vers le nouveau son de IN FLAMES, plongeant clairement vers un mélodeath « alternatif », plus posé, plus mielleux. Sounds Of A Playground Fading avait donc été logiquement décrié parce que #cétaitmieuxavant et que bien sûr, tout le monde n’a pas envie de s’enquiller un album de mélodeath alternatif. Mais force est d’avouer que IN FLAMES a choisi d’évoluer et que leur propos demeure cohérent. Le groupe fait ce qu’il veut, ce qu’il sent, au grand dam d’une grosse partie de sa vieille fan-base et au grand bonheur d’une nouvelle fan-base qui, c’est sûr, n’a pas dû assister à la naissance du mélodeath à la fin des 90’s avec entre autres les premiers albums d’IN FLAMES…

Avec le recul Sounds Of A Playground Fading était donc un album correct de mélodeath alternatif, gardant pour lui certaines mélodies typiques du groupe suédois et quelques passages croustillants, même si IN FLAMES joue maintenant ses riffs les plus crus en mode Néo voire Heavy Rock. Des riffs qui ouvrent d’ailleurs Siren Charms ce nouvel album attendu au tournant, après une petite intro électronique, ce qui surprend car on attendait que IN FLAMES continue à sucrer son propos. Mais passées les mélodies faisant la marque de fabrique du groupe, "In Plain View" se retrouve avec les lignes vocales claires d’Anders et on comprend tout de suite que ça ne va pas le faire. Certes l’ex-dreadlocké néo-hipster a progressé depuis A Sense Of Purpose mais son chant est encore loin d’être maîtrisé, on oserait même dire que le Suédois n’a pas le bagage ni le talent nécessaire pour assurer des vocaux dignes d’un bon groupe de Metal alternatif. Trop plaintif, trop niais, ses vocalises ne sont absolument pas convaincantes. Eike Fresse (DARK AGE) et Jacob Løbner (ex-MALRUN) ont bien plus de qualités. On navigue donc entre le passable ("Everything’s Gone" -normal là il ne chante pas en clair-, "Paralyzed"), le plutôt moyen (le refrain de "Paralyzed", "Through Oblivion", "Siren Charms", "Filtered Truth" mais merci les filtres) et l’assez mauvais ("With Eyes Wide Open", "Rusted Nail" et "Dead Eyes" dans l’ensemble, surtout "Monsters in the Ballroom" et donc "In Plain View"). Ouais, en fait, on navigue donc plus entre le plutôt moyen et l’assez mauvais en tendant vers l’assez mauvais… Anders ne va donc nullement tirer vers le haut cet album qui, musicalement, n’a pas non plus énormément d’arguments purement musicaux.

Qu’y-a-t-il donc dans Siren Charms alors ? Globalement, une collection de morceaux plats ("Rusted Nail", "With Eyes Wide Open", "Siren Charms" malgré son refrain plaisant (ouais Greg !)) voire poussifs ("Dead Eyes" qui essaie de surprendre avec des sonorités prog, sans y arriver), épicés par quelques bizarreries plus ("Filtered Truth" et son côté plus Rock) ou moins (l’incompréhensible "When the World Explodes" avec ses chants Metalcore et féminin) réussies. Reste des morceaux tout de même corrects voire bons, surtout le plus musclé "Everything’s Gone" qui est assurément le meilleur morceau de l’album, "Paralyzed" passe bien, le single "Rusted Nail" également, et "Monsters in the Ballroom" pourrait également figurer au palmarès s’il n’y avait ce chant d’Anders à côté de la plaque. Un album un brin hétérogène (jusqu’au sein même des morceaux) qui est encore plus soft que Sounds Of A Playground Fading, c’est surtout ça qu’il y a à retenir, et ce qui est certain c’est que ça ne va pas plaire pas à tout le monde. Mais à la limite on s’en fiche, il faut désormais considérer IN FLAMES comme un pur groupe de Metal alternatif. Hélas, ça coince aussi, car Siren Charms n’est pas suffisamment pêchu et accrocheur (il est même parfois franchement pataud) pour devenir un très bon album du style. On s’arrêtera sur ce qui reste typique du IN FLAMES de la fin des années 2000 (mélodies, riffs hérités de certains morceaux de Come Clarity), pour le reste, c’est du Metal alternatif clichesque (avec ce son faussement abrasif pour faire trop Grunge et des effets électroniques hors-sujet) et passablement ennuyeux. Je pense qu’il existe pire et Siren Charms vaut pour moi la moyenne, ne serait-ce que par le minimum de qualités du backing-band d’Anders, par quelques passages sympathiques et par la présence de quelques morceaux qui dynamisent un peu (mais vraiment un peu) le tout, mais ça ne vaut pas beaucoup plus et Sounds Of A Playground Fading est clairement au-dessus, à vous de voir comment vous considériez ce dernier. Quand les compos ne sont pas foncièrement intéressantes et que le chanteur n’arrive pas à se mettre à un bon niveau, c’est forcément difficile. « Jesper revient » ? Pour quoi faire ? Je vois mal le groupe revenir à du vrai mélodeath même celui de Come Clarity, seule la balance peut changer et pencher vers des morceaux plus couillus, mais il serait étonnant de voir le groupe, qui assume ses choix, faire machine arrière surtout qu’il a des nouveaux fans de son nouveau style. IN FLAMES a changé, il faut l’accepter et faire avec, et passer à autre chose si on est pas intéressé par ce mélodeath alternatif, qui dans l’absolu est quand même assez moyen… Et on est en droit d'en attendre plus de la part d'un « nom » comme IN FLAMES.

Note : 11/20




Rédigé par : VsGreg & ZeSnake | 10/20 | Nb de lectures : 20487