Né sous les meilleurs auspices au tout début de l’année 2005, IN ARKADIA sort presque dans la foulée sa première démo « Shadows In Vein », lui valant l’intérêt du label Metallic Records… qui les lâchera par la suite, peu après le départ du bassiste Eddie. Ce qui aurait pu freiner le groupe dans ses ambitions ne fera que renforcer sa hargne, et très rapidement il décide de s’autoproduire (tout en cherchant tout de même un distributeur afin de s’assurer une présence digne de ce nom dans les bacs). Une situation finalement pas si différente que ça de celle de la majorité des groupes actuels, les labels ne prenant que rarement en charge tous les frais inhérents à l’enregistrement et la publication d’un album, pour les groupes débutants tout au moins.

Loin d’être un disque produit au rabais, « Release The Shadow » a été masterisé aux Finnvox par le maître des potards, l’incontournable Mika Jussila (STRATOVARIUS, NIGHTWISH, FURIA), et bénéficie d’une présentation soignée (livret seize pages, une illustration par page) à laquelle certains groupes professionnels n’ont même pas droit ! L’écoute de ce premier album peut donc commencer en toute sérénité, avec toutefois une question en tête : que donnera le chant de Théo (guitares) sur des morceaux initialement prévus pour le chant heavy de Jocelyn, qui a déserté au cours de l’enregistrement ? Et bien il passe plutôt pas mal ce chant agressif thrash/black, quoi qu’un poil linéaire malgré les efforts de Théo pour moduler et ne pas se contenter des raclements de gorge habituels, comme sur la ballade « Not Enough Time » où il se rapproche des geignements crispés de Dave Mustaine (MEGADETH). Une linéarité finalement relative, puisqu’elle est sûrement due en partie au contraste entre cette voix et la musique, franchement heavy metal elle. On pense en effet beaucoup au « Piece Of Mind » de MAIDEN et aux mélodies arabisantes de « To Tame A Land ». La plupart des morceaux sont construits sur des solos et chorus de guitare (délicieusement) stéréotypés posés sur une solide assise rythmique bien plus que sur des riffs, néanmoins imparables quand l’occasion se présente (« Delirium Tremens » par exemple, reproduction fidèle du tube heavy). Une architecture assez inhabituelle quand on intègre le chant, qui place IN ARKADIA entre heavy 80’s et extrême, susceptible de fédérer les deux publics mais aussi de se les mettre à dos.

Adhésion ou rejet, chacun fera son choix et le titre en écoute sur le site (premier sur l’album) donnera une bonne indication aux plus curieux sur ce que proposent les lyonnais. On trouve également sur « Release The Shadow » quelques indices d’une possible évolution future plus radicale dans l’explosion de fureur black metal de « Stormkeeper » qui suit, hasard ou clin d’œil, l’une des dernières traces vocales laissées par Jocelyn avant son départ. L’association des deux chanteurs donne d’ailleurs un résultat remarquable et fait regretter qu’on ne trouve pas de double chant sur tout l’album, la puissance qui se dégage du duo étant de la trempe d’un GARDENIAN époque « Soulburner » ! Cavalcades rythmiques, solos, chant black, morceaux aérés et variés, IN ARKADIA a fait du très beau boulot pour un premier essai, le pari n’était pourtant pas gagné compte tenu du virage à 180 degrés effectué au niveau du chant !


Rédigé par : Dungorpat | 07/10 | Nb de lectures : 11985