INWARD - Selfdestruction Spheres (Autoproduction) - 11/02/2004 @ 11h37
Dès la première écoute on apprend qu’Inward, duo francilien âgé de bientôt quatre ans, n’ont pas filtré leurs influences à la composition. Les arrière-goûts se bousculent dans le conduit auditif, sans l’obstruer, heureusement, sinon avec en prime le son artisanal de cette démo, on aurait pu tirer un trait sur la lecture de la musique. Celle-ci nous renvoie d’abord à Emperor par la grâce d’un enchaînement intro sibylline / démarrage tonitruant façon chaotique, et du synthé atmosphérique assez réminiscent d’un « In The Nightside Eclipse » au niveau du vernis lunaire qu’il couche par-dessus le tempo ventre à terre et les guitares en attente d’exploser, nouées dans le giron de ce tableau intimidant à la Jérôme Bosch. Le chant est tiré de son sommeil au bout de quatre minutes, et se présente écartelé entre malfaisance black, écho death et enveloppe translucide, comme la voix d’un disparu dont seule l’empreinte posthume hante les vestiges de son passé de chair. Plus loin les guitares gagnent en présence et nous honorent de passes d’arme aiguisées à l’école du dark metal nordique des mid-90’s, on ne touche pas au génie mais les riffs transportent l’action de A vers B sans faiblesse notoire. Le fil rouge reste ancré dans le black metal du fait de la perniciosité des ambiances et d’une dominance des frappes de caisse claire effrénées, pourtant Inward ne rechigne pas aux incursions dans le death mélodique, voire une fibre plus old-school (un peu thrash aux encoignures), lorsqu’il s’agit de forger une dynamique intermédiaire ou de durcir la bastonnade par des rythmiques plus appuyées. Il ne faudrait pas grand chose (une production moins capitonnée) pour qu’il s’agisse de davantage que de simples clins d’œil. L’écriture évite les conventions, chose dont on ne peut que se féliciter : apprivoiser « Selfdestruction Sphere » implique une bonne connaissance des engrenages sur des écoutes répétées, et non pas une simple intuition basée sur des structures déjà rencontrées par dizaines et tristement digérées. Bizarrement l’absence d’une production rationnelle entérine le visage très mélancolique, même dépressif par moments, de ces morceaux. Plus fidèlement peut-être que ne le ferait un son propageant un faisceau de clarté dans chaque recoin de l’édifice instrumental. On s’imagine dans un conduit souterrain exigu et c’est très bien comme ça, cela génère l’intuition d’un étau de moiteur et de menace qui se resserre inexorablement. En prolongement de cette allusion, mention spéciale aux plages d’ambient glaçante qui encadrent le CD de façon très crédible, et permettent ainsi de mieux cerner, aux moments clé de l’immersion et de l’adieu, les nuances sans vie de l’univers que l’on s’apprête à pénétrer / quitter… Le syncrétisme d’Inward ne semble à première vue pas trop large pour leurs épaules, mais sans doute l’est-il pour celles d’un public vite désorienté (ou dissuadé) quand on lui déplace ses repères à volonté, surtout lorsque ça vient d’un jeune groupe dépourvu de carte de visite en guise de parachute. C’est peut-être regrettable mais, sauf exception, on ne se construit pas un nom qui reste en balançant un pavé à cinquante facettes dans la mare, aussi gros soit-il ; des groupes comme Symbiosis et leur succès d’estime resserré, sans véritable pose de fondations ni de caractère, ont pu en faire le constat. Inward ont non seulement tout à prouver, mais aussi à définir plus clairement en direction de quel type de public ils veulent braquer leurs premières armes avant de penser à ratisser plus large. Mais bien sûr s’il ne s’agit que de se faire plaisir, personne ne leur en voudra de brandir un gros « fuck » et de continuer à tourner une salade de fruits à base des ingrédients acquis aux meilleures enseignes… « Selfdestruction Sphere » se suffit presque à lui-même sur ce plan là. Quoi qu’il en soit au final, c’est du côté d’un des grands patriarches de la pensée underground hexagonale, j’ai nommé Didier Barbelivien, que l’on ira quérir la maxime s’appliquant le mieux aux perspectives d’avenir d’Inward : « il faut laisser le temps au temps ».



Rédigé par : Uriel | 3/5 | Nb de lectures : 7887




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