Quand le son, gras et lourd, pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits...

Ce cher Beaudelaire doit se retourner dans sa tombe, mais il y a fort à parier qu’après “Extermination of Millions” ce ne soit pas le seul cadavre à vouloir jaillir de sa boîte en sapin.
Comment en effet ne pas taper du calcaneum ou cliqueter des cervicales à l’écoute de dernier album d’INVERACITY?

A l’heure où le Brutal Death subit une technicalisation radicale (chose dont je suis loin de me plaindre), les Grecs choisissent la voie de l’efficacité optimale et se démarquent, du coup, du flot des sorties actuelles.
Chansons courtes, riffs incisifs ou bondissants, “mosh-parts”, breakdowns pesants... Tous les ingrédients d’un style enlevé et percutant sont présents.
Le groupe, qui a toujours évolué dans un style proche de la scène US, ne renie pas ses influences pour autant. Ca fleure bon le CANNIBAL, le MONSTROSITY et si “Extermination of Millions” fait parfois et surtout penser à DEEDS OF FLESH, c’est dans sa capacité à trouver l’étroite frontière entre technique et efficacité, complexité et brutalité. Mais là où les Américains pèchent souvent pas trop de contraste et de redondance, INVERACITY synthétise les deux. Recherchés et efficaces, les riffs font mouche.

Il n’est bien sûr pas question d’une révolution, ni musicale, ni dans le style même d’INVERACITY. Certains reprocheront peut-être un côté “déjà entendu”, d’autres pourraient trouver un certain manque de créativité dans le fait d’écrire des compositions courtes où l’on exploite essentiellement les même lignes entraînantes et les mêmes schémas. “Extermination of Millions” c’est avant tout une grosse beigne dans le nez, un plaquage chabalesque servi par un son particulièrement brut et puissant. Les guitares sont grasses, lourdes et précises, la batterie claque, la basse charcle et les gutturalises... sont gutturales. De l’efficacité bien ficelée. Que demander de plus?

Mieux qu’un suppositoire au camphre, INVERACITY réveille le bête qui sommeille en vous. Une dose d’énergie d’environ 30 minutes pour tout amateur de Death Metal velu et saignant qui se respecte.


Rédigé par : La Myxine | 15/20 | Nb de lectures : 11401