INTRONAUT - Valley of Smoke (Century Media/EMI) - 18/04/2011 @ 09h46
Malgré deux albums de grandes qualités et un style unique, fait de gros riffs alambiqués, de moments aériens, le tout assez technique et majoritairement instrumental avec une basse très imposante pour le côté jazzy, on ne peut pas dire qu'INTRONAUT ait atteint un certain statut dont jouissent leurs contemporains tel que MASTODON, KYLESA ou encore BETWEEN THE BURIED AND ME. Il faut bien avouer que les comparaisons et étiquettes bancales (Neuroris, Isis, du sludge...), en pleine saturation de la scène Post-Hardcore, n'ont pas aidé. Pourtant "Prehistoricisms", sorti en 2008, avait grandement marqué les esprits et montrait une belle évolution vers quelque chose de plus instrumental, complexe ("Sundial") et progressif (les 16 minutes de "Reptilian Brain") sans oublier de nous écraser avec des passages mammouths. Album malheureusement non-distribué en Europe par Century Media, qui s'était seulement occupé des USA, mais le label a changé son fusil d'épaule pour la sortie de leur troisième album, "Valley Of Smoke", inspiré par leur ville natal: Los Angeles.
Je ne sais pas comment s'est traduite cette inspiration, mais il est frappant de constater qu'il y a eu encore des changements qui déplairont sans doute. Premièrement, on s'imprègne vite de l'ambiance apaisante qui se dégage des nombreux moments calmes, contemplatifs, plus nombreux que par le passé, avec toujours ces textures aquatiques où l'on se sent seul au monde comme sur le magnifique "Above". Peut-être la vie agréable que peut offrir cette immense ville californienne, allez savoir. Le groupe a certes assagi le propos en étant encore plus dans cette recherche mélodique, comme le montre le lumineux "Core Relations", (les passages rouleaux compresseurs se font plus discrets, ce qui n'est pas une mauvaise chose ici), cela n'empêche pas Danny Walker (Exhumed, Uphil Battle, Phobia) de nous en mettre plein la vue derrière la batterie avec un jeu toujours aussi léché, bien mis en évidence dans des compositions encore fouillées qui virevoltent comme le monstrueux "Miasma" assez imposant où Joe Lester (basse) apporte sa touche avec des notes rondes et suaves. D’ailleurs cette section rythmique est une des plus bandantes de la scène et ce n'est pas un morceau comme "Below" qui me fera dire le contraire ou la basse groovy sur "Past Tense" !
Au fond cela n'a rien de très surprenant, le précédent album ayant déjà amorcé ces sonorités, le groupe continue son exploration en modifiant quand même la recette en étant plus abordable, en lissant ce côté je déballe ma grosse technique (la basse de Joe Lester est quand même légèrement plus en retrait), mais surtout avec l'apparition de chant clair tout le long de l'album, qui aura sans doute déconcerté les amateurs du groupe qui appréciaient les beuglements des précédents albums.
Si ses harmonies vocales (partagées par Sacha Dunable et Dave Timnick, qui s'occupent tous les deux des guitares également) surprennent, c'est un virage parfaitement négocié par INTRONAUT, loin d'être poussif, niais et incohérent (le dernier Baroness par exemple), cela colle à merveille avec cette orientation plus soft. Ce chant clair puissant, utilisé sporadiquement, apporte de la douceur et une folle énergie qui donnent envie de pousser la gueulante (le refrain de "Core Relations", ou encore "Above") ! C'était risqué comme démarche, mais cela s'avère être une grande réussite. Et même si ce nouvel album me donne l’impression d’une musique plus calme, les Californiens n’oublient quand même de nous ratatiner avec des morceaux qui bastonnent sévères tels que "Elegy", qui est d’ailleurs une parfaite représentation de ce qu’est INTRONAUT actuellement, et "Past Tense" bien écrasant.
Et que dire du meilleur titre de l’album, "Valley Of Smoke", entièrement instrumental et qui s’étire sur 8 minutes où le groupe nous délivre différentes atmosphères à la fois douces et intrigantes, dont un passage central sublime porté par le tabla de Dave Timnick qui donne une saveur tellement planante. Morceau sur lequel apparaît Justin Chancellor de TOOL, pour une dualité intéressante des deux basses qui s’apprécie parfaitement au casque.
Rien d’autre à rajouter si ce n’est un superbe album dans une discographie sans faille et plus qu’impatient de voir où le groupe nous emmènera la prochaine fois.
Groupe qui mériterait une plus grande reconnaissance. Je suis un peu mitigé en ce qui concerne cet album, j'ai bien aimé les précédentes réalisations du combo mais le côté progressive bien plus mis en avant sur ce disque m'a quelque peu rebuté. Ceci dit, c'est très très bien fait.
nebulous Membre enregistré
Posté le: 18/04/2011 à 15h30 - (93150)
Je dois dire qu'à m'a première écoute j'étais franchement déçu. Leur musique résonnait asceptisée et se voulant résolument plus accessible et avec le mauvais goût d'avoir intégré des chants clairs mono expressifs dans quasi tous les titres.
Au niveau des compositions, rien de neuf, on connaissait la formule. La basse dont le rôle est prédominant se retrouve plus en retrait... Enfin bref, longue était la liste des critiques négatives.
Mais le miracle de leur musique c'est de pouvoir nous envouter dans un climat riche contrasté et plaisant sans subir de longueurs, chose assez périlleuse lorsque l'on tend vers une conception progressive.
Finalement c'est un album qui s'apprécie crescendo au fil des écoutes et on se met à aimer ces chants pour se dire que finalement quel putain de grand groupe on tient.
Totale réussite. Un disque que l'on aime ressortir comme pour ouvrir la porte d'un univers intime où l'on aime se réfugier.
juj Membre enregistré
Posté le: 18/04/2011 à 17h36 - (93154)
les voix claires à la Enslaved sont dures à digérer ; en revanche, les passages tabla-jazz-bossa, hmmmm ...
carnioxus Membre enregistré
Posté le: 19/04/2011 à 12h27 - (93171)
Je ne totalise pas encore un nombre suffisant d'écoutes pour un avis bien fondé, mais je rejoins quand même le sentiment exprimé dans la dernière phrase de la chro.
Énormément d'émotions, un album, comme les autres, extrêmement prenant et demandeur...
Monceau Membre enregistré
Posté le: 19/04/2011 à 13h20 - (93175)
"loin d'être poussif, niais et incohérent (le dernier Baroness par exemple)"
boarf... avant de balancer les références pareilles faudrait s’assurer au minimum que ceci est partagé par le plus grand nombre ce qui est loin d’être le cas
Sinon très bonne découverte ce groupe !
Arnaud Membre enregistré
Posté le: 19/04/2011 à 17h49 - (93186)
Ah ah, j'en étais sûr qu'il y aurait une personne pour relever et grogner sur cette petite provocation.
Ce n'est que mon avis, hein, libre à toi de contrebalancer.
Monceau Membre enregistré
Posté le: 19/04/2011 à 23h13 - (93197)
et voila, je passe pour une naïve de service maintenant :/
2nd Decapitation Membre enregistré
Posté le: 21/04/2011 à 21h58 - (93279)
"dont un passage central sublime porté par le tabla de Dave Timnick qui donne une saveur tellement planante."
1000 fois d'accord!!! Ce passage est somptueux.
Sinon rien d'autre à dire, l'album est terrible!!! Et j'aime beaucoup le chant au final.
Arnaud Membre enregistré
Posté le: 22/04/2011 à 13h18 - (93304)
J'aimerais bien qu'INTRONAUT sorte un EP où les morceaux seraient accompagnés de tabla, je trouve que c'est fantastique chez ce groupe, cela crée une ambiance si reposante.
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Je ne sais pas comment s'est traduite cette inspiration, mais il est frappant de constater qu'il y a eu encore des changements qui déplairont sans doute. Premièrement, on s'imprègne vite de l'ambiance apaisante qui se dégage des nombreux moments calmes, contemplatifs, plus nombreux que par le passé, avec toujours ces textures aquatiques où l'on se sent seul au monde comme sur le magnifique "Above". Peut-être la vie agréable que peut offrir cette immense ville californienne, allez savoir. Le groupe a certes assagi le propos en étant encore plus dans cette recherche mélodique, comme le montre le lumineux "Core Relations", (les passages rouleaux compresseurs se font plus discrets, ce qui n'est pas une mauvaise chose ici), cela n'empêche pas Danny Walker (Exhumed, Uphil Battle, Phobia) de nous en mettre plein la vue derrière la batterie avec un jeu toujours aussi léché, bien mis en évidence dans des compositions encore fouillées qui virevoltent comme le monstrueux "Miasma" assez imposant où Joe Lester (basse) apporte sa touche avec des notes rondes et suaves. D’ailleurs cette section rythmique est une des plus bandantes de la scène et ce n'est pas un morceau comme "Below" qui me fera dire le contraire ou la basse groovy sur "Past Tense" !
Au fond cela n'a rien de très surprenant, le précédent album ayant déjà amorcé ces sonorités, le groupe continue son exploration en modifiant quand même la recette en étant plus abordable, en lissant ce côté je déballe ma grosse technique (la basse de Joe Lester est quand même légèrement plus en retrait), mais surtout avec l'apparition de chant clair tout le long de l'album, qui aura sans doute déconcerté les amateurs du groupe qui appréciaient les beuglements des précédents albums.
Si ses harmonies vocales (partagées par Sacha Dunable et Dave Timnick, qui s'occupent tous les deux des guitares également) surprennent, c'est un virage parfaitement négocié par INTRONAUT, loin d'être poussif, niais et incohérent (le dernier Baroness par exemple), cela colle à merveille avec cette orientation plus soft. Ce chant clair puissant, utilisé sporadiquement, apporte de la douceur et une folle énergie qui donnent envie de pousser la gueulante (le refrain de "Core Relations", ou encore "Above") ! C'était risqué comme démarche, mais cela s'avère être une grande réussite. Et même si ce nouvel album me donne l’impression d’une musique plus calme, les Californiens n’oublient quand même de nous ratatiner avec des morceaux qui bastonnent sévères tels que "Elegy", qui est d’ailleurs une parfaite représentation de ce qu’est INTRONAUT actuellement, et "Past Tense" bien écrasant.
Et que dire du meilleur titre de l’album, "Valley Of Smoke", entièrement instrumental et qui s’étire sur 8 minutes où le groupe nous délivre différentes atmosphères à la fois douces et intrigantes, dont un passage central sublime porté par le tabla de Dave Timnick qui donne une saveur tellement planante. Morceau sur lequel apparaît Justin Chancellor de TOOL, pour une dualité intéressante des deux basses qui s’apprécie parfaitement au casque.
Rien d’autre à rajouter si ce n’est un superbe album dans une discographie sans faille et plus qu’impatient de voir où le groupe nous emmènera la prochaine fois.
Rédigé par : Arnaud | INTRONAUT/ | Nb de lectures : 12906