Le Brutal Death fait partie de ces styles musicaux où, quelle que soit l’origine du groupe, le succès et la reconnaissance sont possibles. Qui d’autre qu’un amateur de Métal peut se targuer aujourd’hui d’écouter des groupes provenant du Chili, d’Indonésie ou, comme dans le cas d’INTERNAL SUFFERING de Colombie? La mondialisation peut avoir du bon. En digne avatar de ce phénomène contemporain, INTERNAL SUFFERING a déjà choisi de délocaliser, quittant les barrios sud-américains pour New-York (qui a dit : « caricatural» ?). Une révolution géographique pour un groupe en constante évolution.

Il y a en effet un monde entre « Supreme Knowledge Domain », premier voire très primitif album d’INTERNAL SUFFERING et le travaillé « Awakening of the Rebel ». Un perfectionnement instrumental, quelques remaniements de line-up et une rencontre avec Erik Rutan ne sont sans doute pas étrangers aux progrès fulgurants réalisés par le groupe qui est aujourd’hui l’un des plus extrêmes qui soient.
C’est une plongée en apnée de 26 minutes dans un chaos absolu qui décrit le mieux l’expérience vécue par l’auditeur d’« Awakening of the Rebel ». Un maelström de décibels infligés en grande partie par Fabio Ramirez, batteur psychotique qui oscille constamment entre blasts soniques et gravity blasts hystériques, métronome fidèlement secondé par Andres Usma, maître jedi es masturbation de manche ligneux. Ultra rapides et ultra brutaux donc.
INTERNAL SUFFERING fait désormais penser à ORIGIN. L’approche des riffs est amélodique, atonale, et consiste principalement en une alternance de picking grave et de parties sweepées, de legato aigus. Le rendu est particulièrement chaotique, aléatoire et heurté tout en demeurant choronzoniquement efficace. Il est toutefois regrettable que le groupe n’offre que trop peu de breakdowns ou de riffs fédérateurs pour mettre plus de relief dans la composition car lorsqu’ils s’y essaient, comme sur « Magnificent Uranus Power », le morceau phare de l’album, INTERNAL SUFFERING tutoie les plus grands.

La qualité d’« Awakening of the Rebel » doit aussi beaucoup à maître Rutan qui, s’il ne parvient pas toujours au même résultat pour ses propres projets, gratifie les Colombiens d’une production à la hauteur de leurs ambitions : claire, précise et efficace. Les points forts du groupe sont mis en valeur (cette caisse claire, sèche et claquante…), ce qui compense la légère perte de cette originalité dont faisait preuve INTERNAL SUFFERING alors qu’ils n’étaient pas encore coupés de leurs racines.
La mondialisation ne va-t-elle pas de pair avec une uniformisation des sons et des goûts ?
« Awakening of the Rebel » fait partie des meilleurs albums de Brutal Death sortis en 2006. Souhaitons à INTERNAL SUFFERING de conserver leur force et leur saveur, pour que nous puissions leur dire encore longtemps : « Hé gringo, elle est bonne ta musique ! »


Rédigé par : La Mixyne | 16/20 | Nb de lectures : 11006