Mieux vaut tard que jamais. Même si cet album est disponible depuis plusieurs mois, il aurait été impardonnable de ne pas en parler dans les colonnes de VS. Pourquoi donc ? Car on tient tout simplement là quelque chose de grand, de très grand même. Petit bijou de power metal mélodique et symphonique, "Ghosts" est avant tout l’aboutissement de plusieurs années de composition et de recherche d’un line-up stable pour Alexis Woodbury, le chanteur-guitariste à l’origine du projet en 2004. INSTANZIA (persévérance en latin), qui nous vient tout droit du Québec, de Saint-Hyacinthe plus exactement, nous propose un premier album qui s’inscrit déjà parmi les incontournables du speed mélodique de ces dernières années.

C’est bien simple, "Ghosts" est peut-être ce que l’on a fait de mieux depuis des mois dans un genre pourtant bien souvent redondant, mais que les Québécois s’appliquent à renouveler avec maestria. Il rappelle d’ailleurs en bien des points les débuts discographiques d’une formation comme SONATA ARCTICA, qui avait elle aussi frappée fort d’entrée de jeu, à la fin des années 1990. Aucune faute de goût, aucune longueur, INSTANZIA s’offre un premier opus quasi-parfait. Les orchestrations sont très bien pensées, les tempi, souvent soutenus, permettent de dégager une énergie et une fougue rafraîchissante en bien des points, tandis que les mélodies sont toutes plus enthousiasmantes les unes que les autres. Et puis il y a cette voix, si particulière. On sait qu’Alexis Woodbury a passé des années à chercher la perle rare, le chanteur ultime qui serait à même d’interpréter ses compositions. Peine perdue, le maître à penser d’INSTANZIA a dû se charger lui-même de toutes les parties vocales. Heureusement, serait-on tenté de dire, tant celles-ci sont réussies et confèrent au groupe québécois une aura singulière.

En 8 titres, "Ghosts" offre un remarquable condensé des possibilités immenses de ce jeune combo. Il suffit d’écouter le titre final, « The Desert Fox », captivant tout au long de ses 11 minutes, pour comprendre que l’on tient là un futur grand de la scène power metal. Dans la digne lignée des morceaux épiques et historiques à la « Alexander The Great » d’IRON MAIDEN, INSTANZIA a décidé de raconter l’histoire d’Erwin Rommel, général allemand de la Seconde Guerre Mondiale ayant servi sous Hitler. Point d’orgue de cet album, cette composition est tout bonnement époustouflante de maîtrise et de maturité. Mais attention, le reste de l’album est également excellent, à commencer par « Ghosts Of The Past » et « The Key », deux titres speed aux guitares tranchantes et aux refrains imparables. Doté d’une production de très bonne facture, ainsi que d’un superbe artwork signé par l’incontournable Jean-Pascal Fournier, "Ghosts" démontre toute l’étendue du travail abattu par les Québecois pour parvenir au résultat le plus professionnel possible.

A l’écoute de "Ghosts", on se dit que le genre a encore de beaux jours devant lui. INSTANZIA s’impose en tout cas comme un très sérieux espoir avec qui il va falloir compter. Il faut dire qu’avec une telle entrée en matière, il serait impensable que les Québecois n’atteignent pas rapidement les sommets. Pour le moment, Alexis Woodbury et ses acolytes peuvent d’ores et déjà se prévaloir d’avoir publié l’un des tous meilleurs albums de power metal mélodique sortis en 2010. A découvrir absolument.


Rédigé par : up the irons | 17/20 | Nb de lectures : 12809