Insomnium nous vient de Joensuu, ville finlandaise de 60 000 habitants, dans l'est du pays, et pratique un death mélodique à la croisée entre un Dark Tranquillity, un Opeth (pour le chant colossale, à faire trembler les murs) et un Amorphis (pour le mélange de brutalité et mélodies). Ce "Across the Dark" est en à peine 10 ans déjà le quatrième album du groupe. Au passage, c'est l'album qui comporte le moins de chansons (8 contre 10 en moyenne), mais ce n'est certainement pas parce qu'il est de moins bonne qualité. La musique d'Insomnium est jouée généralement sur un tempo lent, et c'est peut-être là qu'est la différence avec les autres formations pratiquant le death mélodique. N'ayons pas peur de le dire, Insomnium rajoute une certaine influence doom à sa musique (pas forcément au niveau des riffs, mais parfois les ambiances créées sonnent comme celles de certains groupes de doom scandinaves, en plus évidemment du tempo lancinant de la plupart des morceaux). L'exception de l'album se nomme "Against The Stream", le titre le plus musclé de l'album (il pourrait figurer sur un album comme "Haven" de Dark Tranquillity !), mais qui en 6 min a le temps de ralentir plusieurs fois le tempo, le temps d'un refrain lent... lent... mais très mélodieux ! Il est tout de même un peu osé de passer de couplets bien heavy, à des refrains complètement opposés ! On croit au même genre de titre un peu plus loin avec "Into The Woods" et ses 30 premières secondes énergiques, mais derrière ça ne suit pas, malgré un tempo loin d'être tout lent (quelques coups de double pédale font clairement ressentir quelques accélérations, mais on reste loin du blast beat).

L'album a évidemment ses temps forts en mélodie, avec en tête l'intro de "Equivalence", le titre qui ouvre l'album, et ses guitares acoustiques dans un rôle majestueux, prouvant d'entrée que les guitares dominent cet album, par leur efficacité à proposer de multiples mélodies envoutantes. J'en veux pour preuve le début fascinant de "Down With The Sun", ou la fin très mélancolique de "The Harrowing Years". C'est indéniable, Insomnium sait vraiment y faire en terme de mélodies, et chaque morceau y a droit. Tout à l'heure, je parlais de Dark Tranquillity, et même si la musique d'Insomnium est plus lente que celle de ces "collègues nordiques", on relève tout de même les influences du groupe, notamment sur "Where The Last Wave Broke", et son riffing très proche d'un In Flames, ou encore sur "The Harrowing Years", ou cette fois, je pense à du Amorphis, période actuelle (pour ce mélange toujours un peu délicat de growls et de chant clair).

Je parle justement d'un chant clair, ce dernier étant assuré par un certain Jules Näveri (chanteur de Profane Omen, Enemy Of The Sun) et on le retrouve au total trois fois sur l'album: en "duel" avec Nillo Sevanen sur le refrain de "Where The Last Wave Broke", pour un rendu équilibré, tout seul sur "The Harrowing Years" (petit bémol au passage, car je trouve que ces passages en chant clair qui sont les refrains du morceau ne collent pas vraiment avec le reste du titre, et forment un certain décalage vis-à-vis du morceau) et le temps d'un break acoustique charmant sur le long "Lay Of The Autumn". Ce chant clair n'est pas sans rappeler celui du chanteur de Scar Symmetry, et ses apparitions apportent au final un peu de douceur aux morceaux concernés.

"Across the Dark", c'est donc 8 morceaux, composé pour la plupart sur un lead inspiré, parfois très touchant ("Weighed Down With Sorrow"), qui se répète sans lasser. Malgré tout, il faut reconnaître que certaines mélodies se ressemblent et que certains riffs n'ont pas vraiment été inventés par le groupe. Une certaine prise de risque serait la meilleure solution pour éviter que le groupe ne se répète dans le futur, mais en attendant on ne peut qu'applaudir Insomnium, qui réussit à nous sortir un album dont certaines mélodies sont parmi les plus belles qui m'aient été donné d'entendre depuis quelques temps.




Rédigé par : gardian666 | 16/20 | Nb de lectures : 12235