Il est cinq heures, Dijon… s’éveille, il est cinq heures… je n’ai pas sommeil… Allez, je vous l’accorde, c’est une récupération plus que facile pour un début de chronique, mais le jeu de mots était tentant et je me demandais comment aborder « Above The Weeping World » sans faire d’emblée le rapprochement avec l’un des grands noms du thrash/death mélodique scandinave, DARK TRANQUILLITY. Certains d’entre vous connaissent certainement INSOMNIUM depuis longtemps (la création du groupe remonte à 1997), mais c’est, en ce qui me concerne, la première fois que j’ai l’occasion d’écouter en entier l’une de leurs productions et le rapprochement avec la scène suédoise est inévitable !

Les Finlandais se réclament d’ailleurs ouvertement d’OPETH et IN FLAMES (première période), mais c’est bien de DARK TRANQUILLITY qu’ils sont le plus proches : même élégance dans la tristesse exprimée, mêmes rythmiques épaisses, mêmes growls profonds (bien que moins variés que ceux de Stanne), mêmes riffs sautillants… L’évidence crève les yeux, il va falloir faire un choix, assez simple finalement : soit on se braque sur les similitudes entre les deux groupes, soit on essaie de profiter pleinement de « Above The Weeping World », album impersonnel mais incroyablement bien réalisé.

Ce choix, je l’ai fait : j’espère qu’INSOMNIUM se forgera rapidement une identité, que ce troisième album sera celui de la reconnaissance et qu’il leur donnera la confiance nécessaire pour s’éloigner de ces sources d’inspirations qui finiront par devenir handicapantes, mais « Above The Weeping World » est bien trop bon pour être rejeté sur un simple caprice. Le son des gouttes de pluie tombant sur le sol dans l’intro instrumentale « The Gale » (et qui reviendront à la fin de l’album) évoque d’emblée les temps sombres et humides propices aux ruminations cafardeuses empreintes de nostalgie qu’on a tous, à un moment ou un autre, connues. Elles sont comme les grincements de gonds d’une vieille porte, une invitation à la traversée d’un univers mélancolique et stylisé mêlant notes de piano à la PARADISE LOST, chorus de guitares à la NIGHTFALL et finesse de composition suédoise.

Très proche des deux derniers DARK TRANQUILLITY par ses tempos énergiques, certaines de ses rythmiques issues du heavy-speed et ses claviers discrets, « Above The Weeping World » reprend également quelques thèmes plus death de la première époque avec un à-propos insolent, ne craignant pas de s’aventurer à l’occasion dans une de ces longues introspections spirituelles chères à OPETH (« In The Groves Of Death »). Si cet album était sorti il y a dix ans, nul doute qu’INSOMNIUM serait à présent un groupe majeur ; il est sûrement trop tard pour qu’il le devienne, en tout cas pas tant que ses influences seront aussi marquées, mais il n’y a aucune raison de ne pas s’en délecter pour autant, ne serait-ce que pour attendre sereinement le prochain DARK TRANQUILLITY…




Rédigé par : Dungorpat | 16/20 | Nb de lectures : 14089