Et si ce troisième album d’INSISION était celui de la révélation ? Et si la chape de plomb qui semble peser sur la carrière des Suédois s’évaporait pour leur laisser entrevoir quelques lauriers mérités ? Parce qu’il ne faut pas se voiler la face, depuis dix ans qu’INSISION bûche sur sa copie, les retombées de dépassent pas le stade de succès d’estime et le groupe replonge dans l’oubli sitôt ses albums sortis.

« Ikon » serait-il le tremplin escompté ? Pas si certain si le groupe ne se décide pas enfin à ruer sérieusement dans les brancards pour se tailler une réputation ailleurs que sur rondelle numérique. Quoi qu’il en soit, INSISION est de retour après trois ans d’attente et quelques changements de personnel pour une fournée de death metal qui n’a de suédois que les origines. En effet, c’est une nouvelle fois du côté de la scène US et peut-être plus particulièrement la Floride qu’INSISION est allé puiser son inspiration. Il en découle une certaine radicalisation de la musique désormais devenue plus brutale, plus directe sans être totalement dénuée de subtilités. Le death metal d’INSISION s’en retrouve monté sur testostérone comme jamais et, devant la déferlante, les plans thrashy présents sur « Releaved and Worshipped » ont cédé du terrain pour presque disparaître.

Histoire de nous surprendre, INSISION essaye de varier les plaisirs avec un rouleau compresseur (« Into the cold ») trônant au milieu de salves de marteaux-piqueurs mais sitôt l’effet de surprise passée, ce ralentissement ultra-heavy n’apporte pas grand-chose. Dans le cas d’un titre comme « Entangled in Thorns » c’est un peu l’inverse puisque INSISION retrouve les réminiscences de ses origines le temps d’un morceau bien accrocheur. Pour le reste, INSISION reste cet élève doué pour les compositions sans rien apporter de spectaculaire. Le chant de Carl Birath excelle toujours dans un modèle de growls monocordes et abyssaux.

Ajoutez à ça une jolie version digipack, un livret esthétique, le prétexte d’un concept mystique vaguement psychologique détaillé au travers de textes et des paroles et vous aurez une petite galette bien calibrée mais manquant d’un rien de panache.

En effet, « Ikon » ne parvient pas réellement à se hisser à la hauteur de ses ambitions, le disque est sympa, efficace, la production colossale, l’objet plaisant à contempler mais il n’en reste plus grand-chose sitôt l’écoute terminée.
Loin de faire le procès d’INSISION, je reste persuadé que le groupe est toujours en dessous de son réel potentiel et qu’il devrait supplanter son statut d’outsider. Hélas, ça ne sera pas forcément pour cette fois.


Rédigé par : Tonton | 14,5/20 | Nb de lectures : 10135