INSIGHT AFTER DOOMSDAY - The Way To Nihilism (Art Gates) - 12/11/2014 @ 07h34
En Metal, les espagnols ne font vraiment rien comme les autres. Sans véritable scène, sans véritable groupe majeur, sans véritable groupe locomotive, les formations transpyrénéennes font ce qu’elles peuvent, dans des styles différents et rarement avec de la réussite. Le label local Art Gates tente de promouvoir quelques groupes de là-bas mais le challenge est difficile, les albums qui nous arrivent étant en général des bons vieux disques de seconde zone dignes des écuries italiennes à la noix. Mais le temps de la rédemption et de l’amélioration semble être arrivé en 2014, maintenant ça devient du sérieux, fini les disques sortis par des groupes qui ont juste allongé le chèque pour le plaisir de voir le fruit de leur labeur pressé et distribué, place à l’ambition. Ambitieux, INSIGHT AFTER DOOMSDAY semble l’être depuis quelques temps. Tout d’abord sous le nom INSIGHT de 2000 à 2010, avec deux albums dont The Son Of A New Spirit (2008) qui est l’album le plus ancien que j’ai écouté de leur part. INSIGHT pratiquait alors un Metal fourre-tout assez inclassable, entre mélodeath suédois, Heavy-Metal et Metalcore, avec quelques petites surprises comme des incursions folk et ethniques, et une forte emphase sur les claviers et les triturages électroniques. Aware (2010), premier album sorti sous le nom INSIGHT AFTER DOOMSDAY, poursuivait dans cette lignée avec un ensemble plutôt travaillé et personnel, le groupe se permettant aussi de pondre des albums approchant ou dépassant l’heure de musique. Des ambitions au niveau de la composition qui ne permettaient pas pourtant au groupe de décoller, livrant une mixture assez linéaire et influencée, qui ne semblait pas savoir où elle allait.

Quatre ans plus tard, après une nouvelle version de l’album Aware et une « signature » chez Art Gates (le label de DIVINO DISTURBO et SECRETPATH, on est bien d’accord), INSIGHT AFTER DOOMSDAY a décidé de passer la seconde voire la troisième. Premièrement, le style évolue et d’un Heavy-mélo-Death-Metalcore, on passe à un mélodeath moderne plus classique, avec synthés/electro et alternance chant hurlé/clair, ce qui est dans l’absolu bien plus digeste. Deuxièmement, la production est tout à fait excellente, puissante et aérée, pas encore digne des grands mais inespérée pour une formation de cet acabit. Troisièmement, le groupe compte dans ses rangs un invité de marque, à savoir Björn « Speed » Strid de SOILWORK, que l’on découvre dès le single "Departure" placé directement après l’étonnante intro-titre folk (qui me fait penser à du THE MOON AND THE NIGHTSPIRIT !). Là on se dit que INSIGHT AFTER DOOMSDAY a tapé dans le lourd et va devenir le nouveau DISARMONIA MUNDI. Sauf que la réalité arrive bien vite : Speed ne chante en réalité que sur ce single, et pour le reste de l’album ce sont les habituels vocalistes qui prennent le relai (le chant chez INSIGHT AFTER DOOMSDAY étant partagé par 3 membres mais je ne pourrai vous dire qui fait quoi). Un gros coup de promo doublé d’un faux espoir qui pue quand même l’opportunisme jusqu’à chez nous pour ce groupe barcelonais (point Christian Jeanpierre : « Leo Messi »).

Mais quand on voit comment DISARMONIA MUNDI s’est fait défoncer en son temps (malgré l’excellence d’un Mind Tricks), on se dit qu’il reste un peu d’espoir, même si espérer quelque chose d’un groupe espagnol c’est un gros pari. Ledit single "Departure" est tout de même tout à fait croustillant et Speed ou pas Speed, il y a des musiciens là-derrière. Eh bien The Way To Nihilism est finalement une bonne surprise. Le mélodeath moderne blindé de synthés de INSIGHT AFTER DOOMSDAY est certes cliché, parfois pas loin du kitsch BLOOD STAIN CHILDien AMARANTHien, mais demeure bien composé et plutôt efficace. Dès "The Unexpected" (c’est le cas de le dire), le groupe espagnol se la joue épique avec des claviers plus symphoniques et de belles mélodies, le tout porté par des rythmiques Metalcore très couillues. Et les vocalistes parviennent à rendre une copie tout à fait honnête après celle de Speed. "Afterglow" sonne lui carrément comme du MORS PRINCIPIUM EST à tous les niveaux (rythmiques, mélodies, chant hurlé) avec une magnifique ambiance futuriste en sus. Même chose pour "S.P.G" (avec ce gimmick de doubler les rythmiques par les claviers) et INSIGHT AFTER DOOMSDAY se révèle donc carrément plaisant. Ce The Way To Nihilism témoigne donc toujours de l’ambition des espagnols, avec 13 pistes pour 53 minutes, dont 3 morceaux dépassent 6 minutes. Sans lasser, ce disque va tout de même finir par se tasser, se répétant un peu comme pour les précédents opus de la formation. Reste donc quelques belles choses comme l’aéré "Last Letter Home", le contrasté "Political Valentine" entre gros Metalcore et mélodies, le début futuriste de "Calling", ou encore les riffs accrocheurs de "Nightshift" (ou le chant se refait plus Heavy), pour un album qui se permet tout de même de n’avoir pratiquement aucun déchet dans sa globalité.

Et INSIGHT AFTER DOOMSDAY sait aussi s’amuser vu qu’après avoir repris "Billie Jean" de MICHAEL JACKSON sur Aware, il reprend ici "Maniac" de MICHAEL (encore un Michael) SEMBELLO (de la BO de « Flashdance » bien évidemment) avec une certaine réussite, on est bien loin du ratage complet du "What Is Love" de EMERGENCY GATE. INSIGHT AFTER DOOMSDAY est d’ailleurs assez comparable à EMERGENCY GATE, les deux groupes ont eu le même parcours et la même évolution (débuts plus Heavy et virage mélodeath moderne), mais les espagnols ont un peu mieux réussi leur truc. Passé la déception de constater que Speed n’est qu’un faire-valoir pour un morceau, The Way To Nihilism s’avère quand même être un bien bon album. Mais, en dehors du fait que l’ensemble n’est pas très original quoique bien torché, INSIGHT AFTER DOOMSDAY en fait parfois un peu trop (au niveau des synthés et de la durée des morceaux) et avec ses déjà 14 années de carrière, n’a probablement plus de marge de progression et se révèle peut-être trop tard. Mais tout de même, cela fait plaisir d’avoir enfin entre les feuilles un groupe espagnol qui parvient à assurer dans un mélodeath moderne efficace et ambitieux même si l’excès n’est parfois pas loin. Après DULCAMARA (qui œuvre d’ailleurs également dans du mélodeath à claviers), Art Gates sort enfin du bois avec de bons disques, toujours de seconde division certes mais tout à fait réussis et convaincants dans ce registre. Tremblez, groupes de mélodeath italiens, les espagnols sont en train de rattraper tout ce que vous êtes incapables de faire depuis quelques années.




Rédigé par : ZeSnake | 14.5/20 | Nb de lectures : 11022




Auteur
Commentaire
Frank
IP:84.78.17.172
Invité
Posté le: 12/11/2014 à 15h30 - (114691)
Très bonne chanson et album!!

jonas
IP:87.223.238.253
Invité
Posté le: 21/11/2014 à 17h47 - (114883)
good music!!!

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