Oui, INQUISITOR fait partie de ces (très) nombreux groupes obscurs disparu des écrans radars aussi vite qu’il était apparu dans le milieu des années 90, noyé dans la masse de tâcherons de seconde zone qui, déjà, polluait la scène. Même moi, j’étais complètement passé à côté. Il faut dire que le tout était sorti sur feu SHIVER RECORDS, mythique label belge connue pour ses pratiques commerciales parfois peu honorables mais aussi pour son catalogue rempli de groupes plus dispensables les uns que les autres ou alors dont l’histoire a retenu le nom pour de mauvaises raisons – aaaaaah, CADUCITY et son premier album à la caisse claire qui fait ‘bong’ à la ‘St-Anger’!

Bref, vous, moi et même votre grand-mère nous avons tous copieusement raté INQUISITOR lors de sa première vie et grâce à leur récente reformation – qui plus est, avec le line-up qui avait enregistré leur unique album en 96 – et cette opportune discographie de tous leurs enregistrements, il est temps de se rattraper.

Pour faire simple, on pourrait qualifier leur musique de thrash/death, voire de black/thrash. Sauf que comme l’atteste l’une des nombreuses photos inclues dans le livret où l’on voit leur chanteur porter avec fierté un t-shirt DARK ANGEL, ces types aiment le thrash hystérique et toujours à deux doigts de la rupture. Là où les autres ont choisi une voie finalement assez sage, tout l’intérêt d’INQUISITOR est d’être comme une sorte de train sans frein lancé à toute berzingue dans une pente avec le vent dans le dos. Les pause-pipi sont rares ici, tous comme ces machins inutiles appelés solos et même si pas remplis d’une imagination débordante, on ne s’étonne pas de découvrir que deux de ces musiciens ont ensuite été recruté par CENTURIAN (le batteur) et ANCIENT RITES (le guitariste). Mais surtout, ces bataves ont choisi en guise de chanteur une espèce de harpie ultra-evil, entre Dani Filth et Darren Travis de SADUS, dont la voix de sorcière (oui, on parle pourtant d’un mec !) est au diapason de textes où le blasphème est roi, l’homme à barbe sur la croix en prenant plein la gueule. Le loustic crache tellement vite son venin que les guitares passent leur temps à l’y courir après en faisant de grands moulinets avec leurs bras tatoués…

Parfois pas si éloigné que ça d’un BESTIAL MOCKERY ou de FLESH MADE SIN mais avec un son bien à eux et des riffs plus resserrés et tous nerveux, c’est au final ce côté toujours à deux doigts de tomber la tête la première qui donne à cet album vieux pourtant de dix-neuf ans mais qui n’a pas trop vieilli malgré ses sonorités old-school assez typées toute sa sève. Pour dire, le tout fonctionne aussi bien sur seulement une minute vingt-sept (« Consuming Christ ») que sur huit trente (« Inquisitor »). Et en plus, on a mis ici pour une fois les petits plats dans les grands en rajoutant (en bonus) un second CD de plus de soixante dix minutes où l’on retrouve leurs deux démos plus trois titres en versions alternatives.

Certes, une petite biographie et quelques détails pour rappeler l’histoire de ce groupe jusqu’à maintenant surtout populaire aux Pays-Bas n’auraient pas été de trop mais on chipote. Daté (arf, ce logo) mais malgré tout assez à part, INQUISITOR est comme un vieux giallo, ces films d’horreur italiens des années 70 aux couleurs pop chatoyantes : un truc excessif et en faisant des tonnes mais justement plein de charme pour les mêmes raisons.




Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | Réédition/ | Nb de lectures : 10128