Acheté lors de leur concert courant janvier à Grenoble (à l’affiche avec Destinity et Stillrise), je voulais vous faire part de cette agréable découverte qu’est le « First EP » d’Innerty.
4 pistes (et 3 interludes) pour 29 minutes de zik : évoluant dans un Metal légèrement chaotique et plutôt expérimental, oubliant cependant au placard les refrains et autres gimmicks trop convenues, ce « First EP » nous présente 3 compos issues d’une préproduction enregistrée en 2007, ainsi qu’un titre plus récent, enregistré en Live lors d’un concert à Grenoble le 21 juin 2008.

Innerty est un groupe « rhône-alpin », formé en 2003, avec initialement la simple prétention de faire de la musique entre potes. Le quatuor alpin sort sa première démo en 2005, puis va peaufiner son style, afin de faire évoluer son Metal vers quelque chose de plus lourd et un poil plus personnel. Début 2007, après plusieurs concerts, ils retournent en studio, au Studio IK à Grenoble, afin d’enregistrer une préproduction de 3 titres. Après une cinquantaine de concerts, ayant notamment partagé la scène avec Destinity ou Hypnosis, les Innerty préparent la sortie de leur futur premier album, qui sortira, on croise les doigts, à l’été 2009.


Les 3 premiers titres (entrecoupés d’interludes) sont basés sur des riffs légèrement dissonants et des structures un peu alambiquées. Principalement d’obédience Death Metal, de par certains riffs mais surtout de par les growls caverneux du chanteur, Innerty s’éloigne cependant grandement des poncifs du genre, en incorporant une bonne dose d’expérimental, de cassures et d’originalité, sans toutefois (sur ces 3 titres) se défaire réellement des diverses sources d’inspirations du groupe.
Evoquant parfois, au détour d’un riff ou d’un break, Gojira (surtout sur le premier titre, au travers de riffs ou breaks), Meshuggah (principalement au niveau des quelques structures cassantes) ou Tool (notamment sur les quelques passages semi-acoustiques ou hypnotiques), on sent cependant que les 4 gus ont soif de personnaliser et d’approfondir leur musique. Bien qu’à dominante instrumentale, les compos sont toutefois ornées de quelques interventions tout en growls du meilleur effet.

Je ne sais pas si l’ordre discographique de ces 3 titres est lié à l’ordre chronologique de composition, mais mon intérêt et mon appréciation vont en grandissant au fur et à mesure de l’avancement du disque.
Le premier titre est relativement « basique », et fait grandement penser à un Gojira sous amphèt’ qui essaierait de jouer du Meshuggah, tout en restant sympa.
Le second titre, « God Bless You All », montre une petite évolution, avec apparition d’un break pas dégueu et ligne de basse en fond, et toujours ces growls bien sympa.
Quant à « Nothing », c’est, à mon sens, le meilleur des titres issus de la préprod : s’ouvrant sur un tempo lent et un riff inspiré, avec enrobage de roulements de batteries et de double, le morceau est vraiment sympa, un poil barré, avec des structures alambiquées, des riffs variés et surtout d’agréables changements de rythmes, offrant un réel plaisir d’écoute.


Mais les Rhônalpins, vils gredins, nous ont gardés le meilleur pour la fin...

« Sphenoïd », dernier titre, enregistré en live à Grenoble, est sans aucun doute à mon sens le meilleur titre de cette démo, car bien plus abouti et surtout bien plus attractif.
S’ouvrant sur un riff « gojirien », les changements de rythmes et cassures prennent rapidement le dessus, aidés par des growls convaincants. Puis, les instruments s’emparent du morceau, initiés par un petit break semi-acoustique du plus bel effet et emmené par une ligne de basse hypnotique, avant de repartir de plus belle. Et à 5min50s, LE break, posé, hypnotique, acoustique, qui pose l’ambiance, simple mais ô combien efficace. Peu à peu le morceau s’électrifie avec la batterie qui s’anime, le hurleur qui intervient sporadiquement, la guitare qui s’éveille, doucement mais sûrement, avant de ré-exploser à 8min30s, pour une fin de morceau instrumentale et efficace. Terrible.
9min40 vraiment intéressantes, majoritairement instrumentales, variées, explosives et intimistes à la fois, alternant avec réussite douceur et explosions métalliques.

Histoire de donner encore plus envie, aux dires d’un des membres du groupe, c’est plutôt dans la veine de ce dernier titre qu’évoluerait le groupe sur son futur album... De quoi rendre impatients les plus sceptiques !


Innerty, au final, porte plutôt mal son nom ; car bien loin d’être inertes, ces musiciens, qui maîtrisent vraiment leurs instruments, se complaisent dans les changements de structures, changements de rythmes et autres cassures, tout en réussissant (surtout sur le dernier titre) à être efficace et en même temps à s’éloigner des modèles du genre, ce qui est franchement appréciable.

Excellente découverte, à conseiller à tous ceux qui affectionnent le Metal légèrement chaotique et plutôt expérimental.
Et vivement la sortie de leur futur album...!


Mention spéciale à IK Studio, car outre le très bon son de cette démo, il faut signaler que, sur l’enregistrement et le mastering du morceau enregistré en Live, on n’entend quasiment pas la différence avec les morceaux enregistrés en studios, ce qui est franchement honorable.



Rédigé par : ..::Ju::.. | 3,75/5 | Nb de lectures : 10782