La renommée et la réputation d’un groupe comme Inhume ne doivent pas me faire perdre toute objectivité. L’impartialité doit être de mise, implacable. Et la vérité doit jaillir, sans fard. 4ème album des Néerlandais, 'Moulding The Deformed' illustre 16 années de passion dédiées au Grind, et s’avère puissant et implacable. Que dis-je, exceptionnel, même...

Faisant suite au très bon 'Chaos Dissection Order', paru en 2007, 'Moulding The Deformed' est tout d’abord le premier opus du groupe paru via leur nouveau label, "War Anthem Record". Premier constat, l’artwork est redoutablement travaillé et "raffiné". Réalisée par Mike Hrubovcak (Monstrosity, Vile, mais surtout les visuels Visual Darkness), la pochette, tranchant avec les habituelles illustrations plus basiques des précédents opus, met parfaitement en valeur la thématique ‘‘Gore de Luxe’’ illustrée par l’album et les textes. Et s’avère être totalement à l’image du contenu musical : travaillé, recherché, mais toujours aussi efficace.
Inhume est et restera à jamais le pourfendeur d’un Grind Core teinté de Death, et dont l’efficacité et le groove restent les atouts principaux. Mais, tout à fait dans la continuité du précédent opus, 'Moulding The Deformed' poursuit cette sensible évolution musicale, en diluant un peu plus de Death dans cette mixture Grind.

N’allez pas imaginer non plus de changements d’orientations radicales dans le style musical pratiqué, Inhume se complaît toujours au travers cette rage et cette débauche d’énergie typiquement Grind Core. Et ce n’est pas 'Moulding The Deformed' qui me fera mentir. Mais la légère augmentation d’influences Death a engendré une plus grande proportion de variations rythmiques, dont la conséquence est immédiate, et se traduit par un groove et une efficacité revus à la hausse. Les traditionnels et succulents Blast-beats et accélérations Grind sont régulièrement et intelligemment entrecoupés de rythmes variés, entre Mid-Tempo ultra-accrocheur, tempo rapide inspiré du Thrash, ralentissements assez lourds ou rythme frénétique sautillant digne des meilleurs Punk. Roel s’en donne à cœur joie, et s’affirme comme étant plus que jamais un métronome talentueux.
Clairement un cran au-dessus de son prédécesseur sur ce point, 'Moulding The Deformed' est une ode au déboîtage de cervicales, tant les variations rythmiques, plus fréquentes et pertinentes, rendent l’intégralité des 14 titres encore plus efficaces et accrocheurs.

L’autre force du groupe, illustrée par ce duo de beugleur talentueux, est bien évidemment au rendez-vous. Aux cris aigus écorchés s’intercalent les beuglements graves et gutturaux, et Joost et Dorus modulent et varient leurs cris pour véhiculer cette rage inhérente au Grind. Toujours aussi implacable, l’alternance de cris pourait s’apparenter à une sorte de dialogue hurlée entre les deux beugleurs, tant l’osmose et la cohésion est parfaite. Imparable.
Rendu orphelin d’un guitariste depuis le départ d’Arnold chez Legion Of The Damned, Ben reste seul gratteux à bord, et nous gratifie de riffs basiques, mais variés, collant idéalement au style pratiqué. Quelques rares soupçons de mélodies pointent parfois le bout de leur arpège, mais bien vite rattrapés par les riffs rapides et acérés purement Grind. Idéal pour coller à cette violence sous-jacente.

Mis en valeur par une production grasse, granuleuse mais puissante, associés à une basse plutôt présente, les 14 titres de 'Moulding The Deformed' illustrent tout le potentiel d’un groupe expérimenté et talentueux, ayant réussi à retranscrire sur album la puissance, la furie et l’authenticité de leurs prestations scéniques rageuses. Si la guitare ne ressort parfois pas assez dans le mix global, cela n’entrave cependant pas la redoutable efficacité de cet album, dont le son demeure très naturel et underground, mais tout en étant réellement puissant.

La sensible évolution se poursuit, pour Inhume, qui a sans doute atteint avec 'Moulding The Deformed' l’apogée de son Grind/Death. A la redoutable efficacité s’associent désormais de pertinentes variations rythmiques, qui aèrent et diversifient ainsi considérablement les compos, mais tout en conservant indubitablement une réelle rage et une violence musicale implacables.
Une tuerie. Tout simplement.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 18/20 | Nb de lectures : 14300