C’est qu’ils en ont mis du temps nos petits parisiens d’INHATRED avant de nous revenir deux ans après l’excellent « Olena ». Il faut dire à leur décharge qu’on comprend un peu mieux ces deux années de discrétion dès la première écoute de « 10 Seconds before Sunrise » car la mise en place des quatorze titres, aujourd’hui dévoilés, n’a pas dû relever de la simple formalité. Les franciliens d’INHATRED ont mis la barre très haute pour ce premier véritable album. En effet, la complexité des nouveaux titres laisse facilement imaginer que l’enfantement de ce bébé n’a pas été indolore.

Si l’on retrouve les penchants hardcore métal déjà présents sur « Olena » le groupe parisien a considérablement élargi son champ d’action tout en restant assez fidèle à une certaine ligne conductrice. Ainsi, INHATRED a enrichi son jeu d’influences purement rock’n’roll, de quelques plans de guitares à la KYUSS, de braillements screamos et d’une foultitude de détails rendant l’analyse de ce disque kafkaïenne.

Jamais la musique d’INHATRED n’a été aussi tortueuse et torturée. Les plans se suivent et s’enchaînent dans une orgie de breaks, de changements de thèmes comme autant de sautes d’humeur. En fait, la musique de « 10 Seconds before Sunrise » relève plus des sentiments que du solfège car c’est un véritable voyage au cœur de la psyché de ses cinq musiciens que le groupe nous propose. Tristesse acoustique, frénésie rythmique, Colère retentissante et j’en passe, les émotions sont nombreuses et surtout crédibles.

Si INHATRED semblait avoir des prédispositions pour le HxC métal chaotique, « 10 Seconds before Sunrise » ne suit pas exactement cette tendance. Au contraire, bien qu’étant définitivement alambiquée cette galette est parfaitement structurée et mesurée. Rien ne semble avoir été laissé au hasard ou à l’approximatif dans cet enchevêtrements de riffs et de rythmiques tourmentées.

Pénétrer dans cet univers n’est pas chose aisée vu la tournure assez personnelle et passionnée de l’œuvre. Impossible d’écouter ce disque en fond sonore en faisant autre chose. « 10 Seconds before Sunrise » capte irrémédiablement l’ouïe, exigeant notre attention. Un peu à la manière des vieux albums d’Henry Rollins mais dans un registre radicalement différent. Ainsi il m’a fallu plus d’une dizaine d’écoutes avant que l’amorce d’une chronique ne me vienne à l’esprit.

Côté prod, INHATRED a misé sur des valeurs sûres. Entre un mixage signé Francis Caste (COMITY, ZUUL FX, THE ARRS, ES LA GUERILLA) et un mastering remis aux bons soins d’Allan Douches (SEPULTURA, CLUTCH, DILLINGER ESCAPE PLAN, MASTODON, CONVERGE), le son de « 10 Seconds before Sunrise » est d’une clarté absolue qui n’enlève rien à la puissance du disque.

Difficile de noter et donc de donner un jugement cartésien à une disque qui ne l’est absolument pas. Autant vouloir donner une note à un trait de caractère, à une personnalité. L’appréciation de « 10 Seconds before Sunrise » relève des facultés empathiques de chacun. Si pour certains, l’approche de cet album sera facile, cela pourrait être radicalement différent pour d’autres. Les goûts et les couleurs feront le reste.

J’allais presque oublier d’ajouter un mot sur le splendide artwork qui accompagne le disque. Pour une fois qu’on nous propose quelque chose d’original et qui colle parfaitement à l’esprit de l’œuvre, ça mérite d’être plébiscité.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 15143