Après les ignobles suppurations, suintements, eczéma, érythèmes, pustules et autres mycoses qui jalonnent de leur pus patronymiques notre bucolique scène extrême, voici venu une nouvelle infection germanique répondant au diagnostic d’ INFESTED.

C’est le tout premier album de ce jeune quatuor et déjà INFESTED affiche une ferme intention de déstabiliser son auditoire par un style assez fouillé riche d’ingrédients quasi-antagonistes. En effet, nous sommes en présence d’une infection se situant à la frontière de plusieurs tendances résolument métalliques qui ne s’associent pas souvent de la façon dont c’est ici le cas. Un cd résolument décalé par rapport au reste des productions germaniques

Musicalement parlant, INFESTED n’a pu se résoudre à faire un choix entre un brutal death à la DEVOURMENT et un métal moderne et disjoncté, tel celui des CEPHALIC CARNAGE et consort. Il en résulte des blast assez délirants, des changements de riffs à répétitions, le tout doté d’une base rythmique aussi alambiquée qu’hallucinante. Dans la distraction d’une analyse rapide, on serait tenté de taxer ce premier méfait de joyeux bordel tant les guitares, comme les roulements, partent un peu dans tous les sens. Pourtant, avec un peu d’attention, on s’aperçoit bien vite que les membres d’INFESTED savent parfaitement où ils vont quand il s’agit de tailler du tympan. Mieux que cela : les zicos sont parfaitement en place et semblent à l’aise dans les passages tortueux comme dans ceux les plus vindicatifs.

Pour ajouter à la dualité musicale de cette pathologie allemande, les lignes de chant, si on peut les appeler ainsi, sont assurées majoritairement par les borborygmes hideux d’un grunt flirtant avec les infra-sons. Pourtant, sur quelques passages (notamment sur « Guiding line » et « Part of existence ») , les hurlements hystérique d’un guest-vocaliste énervé viennent pimenter les compos d’un groupe déjà doté d’une certaine personnalité.

Comme toutes les médailles ont leur revers, l’infection ici présente souffre néanmoins de ne pas avoir bénéficié d’une production à la hauteur de son ambition. Le mixage manque cruellement de coffre et j’ose à peine imaginer ce que ce disque aurait pu donner s’il avait joui (raaahhh lovely !) d’un bon gros son dans la tradition des studios US ou scandinaves. Au final « …until it breaks down again » reste un disque surprenant qui mérite qu’on s’y attarde un peu. Avec plus de moyens ce groupe fera parler de lui, c’est certain.



Rédigé par : Tonton | 13/20 | Nb de lectures : 12777