« You see what happens Larry, when you fuck a stranger in the ass » c’est par cette délicate tirade de John Goodman, tirée du “Big Lebowsky” des frères Cohen, que démarre en trombe cette première démo d’INFEST. Comme vous vous en doutez peut-être déjà, ce INFEST là n’a strictement rien à voir avec le légendaire INFEST américain de la fin des années 80 à qui l’on doit quelques grands moments vinyliques du HxC. Cet homonyme cache un quatuor de Bayonnais énervés, visiblement expérimentés dans l’art de cogner vite et fort. En effet, INFEST pratique sur les quatre titres de cette maquette un genre de death/grind avec un grand CORE doté, au passage, d’une petite touche assez personnelle et suffisamment maîtrisée pour être signalée.

Ça bastonne virilement chez INFEST mais ici le grind n’a visiblement pas été choisi pour palier à des lacunes, des approximations techniques qui découlent souvent des apprentis-grindeux.

Même si le groupe reste discret quant au passé de ses zicos, il est fort à parier que le quatuor n’a pas attendu la formation d’INFEST, en 2003, pour étrenner ses instruments. Vu le calage précis des morceaux, les membres du groupe ont dû écumer l’underground du sud-ouest pendant quelque temps avant de se retrouver ensemble dans ce nouveau projet.

Entre les blast d’un grind modéré et des rythmiques plus posées presque HxC, le batteur réalise un fort bel ouvrage tout au long de cette démo. Il en est de même pour le chanteur qui semble toutefois plus à l’aise dans les braillements écorchés typiquement coreux que dans ses profonds growls qui manquent d’un brin de puissance. Détail surprenant qui apporte une petite touche singulière : toutes les parties de chant semblent être en espagnol (pas évident de tout saisir, vu les beuglantes poussées ici).

Si le son, plutôt bon, met bien en avant les rythmiques et le chant, les guitares se retrouvent quelque peu en second plan. Fort heureusement, cela n’enlève rien à l’efficacité du style pratiqué.

Cependant cette démo présente un revers de médaille. Si le groupe a minutieusement travaillé sur sa musique, la finition de cette démo sent le bâclage à plein nez. L’outro prévue en final de la maquette s’est retrouvée en tête des plages et INFEST n’a pas jugé bon de miser sur un véritable artwork pour présenter un cd visiblement pressé. Un peu comme si le groupe avait été pris de cours et qu’il avait délibérément accéléré les choses pour sortir ces quatre titres. Il faudra, bien entendu, mettre cela sur le compte d’un pêché de jeunesse qui n’enlève pas à INFEST le statut louable de « bon petit groupe à suivre ».
A noter qu’un extrait de 30 secondes de chacun des morceaux est disponible sur le site du groupe… Un titre entier n’aurait pas été de trop…


Rédigé par : Tonton | 3/5 | Nb de lectures : 11524