This is not a conventional metal album.
C'est sur cet avertissement que s'ouvre le troisième album de INFERNAL POETRY, les douze morceaux suivants ne constituant en somme qu'une invitation à confirmer ou infirmer les prétentions des musiciens italiens. Mieux encore, l'avertissement met l'auditeur au défi de se relaxer à l'écoute de « Nervous system failure ». L'air revêche, je m'installe donc confortablement sur un sofa, ma tasse de café matinale à la main et l'esprit aussi vierge qu'une ardoise fraîchement nettoyée.
Séance de dégustation.

Ristretto.
L'album démarre avec des morceaux sous pression et plutôt groovy, idéaux pour les réveils laborieux, toutefois je peine réellement à entrevoir ce qui fonde le caractère si atypique du son de INFERNAL POETRY que certains n'ont pas hésité à qualifier de schizoid death metal. Excusez du peu. De cette classification qu'on dirait issue d'un vieux catalogue adipocère je retiendrai volontiers quelques structures rythmiques non-euclidiennes, une composition non linéaire, plusieurs breaks insolites et une volonté évidente de se doter d'une identité propre. Les guitaristes tirent convenablement leur épingle du jeu, notamment en exploitant au mieux leurs palettes d'effets et les multiples leads étranges émergeant du solide tissu des compos. Pour le reste, rien qui ne vienne véritablement légitimer le « nerves-wrecking schizo metal » du groupe.

Latte macchiato.
En dépit d'une paire d'albums, d'un split et d'un EP précédant de peu la sortie de l'album, on ne peut pas dire que les Italiens aient assis leur popularité de notre côté des Alpes. Il faut dire que dans un registre analogue les Toulousains de PSYKUP proposent une musique nettement plus éprouvante et novatrice, sans juger des qualités intrinsèques des deux groupes. Autant dire dans ces conditions qu'on est loin de la créativité d'un WHOURKR – dans une frange différente de l'avant-garde mais purement schizo. Et death metal me direz-vous? Pas vraiment non plus pour être honnête. Les vocaux tendent majoritairement à être hurlés sur un registre parfois monotone tandis que les riffs sont colorés d'une touche Core résolument moderne. Rien de rédhibitoire à mon sens mais la campagne de promo m'échappe un peu.

This is not a metal album...
...Aurait pu dire René Magritte pour nous forcer à appréhender la réalité concrète du son de INFERNAL POETRY au-delà de catégories forcement imparfaites. En effet, contrairement à ce que pourrait laisser penser le début de cette chronique l'album me laisse une impression plutôt positive grâce à son groove efficace, ses compositions à tiroir qui tombent rarement à plat, la sobre technicité de ses musiciens. Le sujet est largement maîtrisé, ne manque plus paradoxalement que le grain de folie qui entraînera un véritable « nervous system failure ».

Caffè corretto con liquore.
Fort du parrainage des fabuleux SADIST, dont le chanteur Trevor apparaît brièvement sur un morceau, INFERNAL POETRY entend promouvoir son éloge de la folie avec ce nouvel album. A vous de dire s'ils y parviendront en jetant quelques oreilles sur l'album entièrement disponible en écoute sur le site internet du groupe. Grazie signore!


Rédigé par : #Guillaume# | 14/20 | Nb de lectures : 10476