Avez les groupes italiens, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre. Capables du meilleur, pour quelques-uns, comme du plus pathétique, pour un plus grand nombre, les combos italiens ne nous facilitent pas la tâche lorsqu’il s’agit de trouver ceux qui valent franchement le coup. Et quand un groupe revendique sa musique comme étant du « Schizo death métal », tel INFERNAL POETRY, le pire est vraiment à craindre.

Pas franchement nouveau dans l’underground rital, INFERNAL POETRY sort ici son deuxième album après un « No light but rather visible darkness » datant de 2002. Force est d’admettre que pour un groupe fondé en 1996 (sous le nom de NECRONOMICON), nos italiens ne sont pas d’une productivité optimale. Pourtant, ce flegme créatif s’explique facilement après une seule écoute de ce nouvel opus car la composition des morceaux relève d’une savante alchimie.

On s’aperçoit très rapidement, en découvrant cet album, que c’est fort justement qu’INFERNAL POETRY a auto-diagnostiqué son style de « Schizo death métal » car il paraît clair que leur musique est touchée par un profond fractionnement de la personnalité. La base est death, c’est évident, mais la technicité est également de la partie, de même qu’une fibre progressive relativement développée et une prédisposition pour les dissonances parfois bizarroïdes. Mais pour que le tableau soit complet, il faut y ajouter des riffs thrashy à la ANNIHILATOR, de jolies volutes de six cordes sur lesquelles le regretté Chuck Schuldiner n’aurait pas craché, quelques « déflagrations » très brutales et une louchée de heavy.

Comme on pourrait s’y attendre avec un disque aussi diversifié, « Beholding the Unpure » semble plutôt confus lors d’une première approche. La tournure des phrases est totalement imprévisible tant le groupe saute d’un plan à l’autre, sans cohésion apparente. Pas facile d’appréhender la démarche d’INFERNAL POETRY vu l’aspect tentaculaire de leur dernier rejeton. Aussi, un nombre substantiel d’écoutes est nécessaire pour capter le parfum de franche démence qui ponctue ce disque et en savourer toute la témérité. « Beholding the Unpure » fait donc partie de ces disques qu’on découvre au fil des passages successifs.

L’aspect frappadingue du groupe est également appuyé par un chanteur tout à fait surprenant qu’on a délivré de sa camisole de force pour l’enregistrement. En parfait comédien (en tout cas j’espère pour lui) l’ami Paolo Ojetti renforce très bien la pluralité de cette galette par un éventail d’interprétations très réussi. Chuchotements d’autiste, halètements de pervers au téléphone, glapissements d’eunuque, grunts de bûcheron grindeux, braillements à se décrocher les amygdales et même un joli glaviot sur «I Always Lay Beneath », ce singulier vocaliste s’amuse visiblement comme un petit fou. Et lorsque qu’INFERNAL POETRY se permet de reprendre à sa sauce « Fear of the Dark » de MAIDEN pour conclure sa performance, les textes de cette chanson, repris par Paolo Ojetti, prennent une tournure plus significative que d’habitude.

Le groupe accompagnera DISMEMBER sur sa prochaine tournée européenne (qui évitera soigneusement la France). Quant à savoir s’ils seront disposés à regagner leurs cellules capitonnées respectives une fois rentrés au pays, voilà un point sur lequel je n’avancerai pas de diagnostic.



Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 12883