Sentant que leur dérive gothic/doom et que leur étiquette ‘groupe chrétien’ était en passe de montrer ses limites, les Australiens de PARAMAECIUM ont eu la décence de se faire hara-kiri eux-mêmes il y a trois ans. Sauf que ce fut pour derechef annoncer derrière la plus ou moins résurrection immédiate du groupe, mais sous un nouveau nom INEXORDIUM (en fait le premier morceau du deuxième album de PARAMAECIUM) et surtout nanti d'une nouvelle orientation musicale 100% death-metal. Mouais. Et pourquoi devrait-on s'en foutre alors que j'en vois déjà quelques uns au fonds en train de bailler? Et bien tout simplement parce que le batteur du groupe, Jayson Sherlock, a participé à MORTIFICATION entre 1990 et 1993 et surtout composé la grosse majorité des trois albums qu’il a alors enregistré avec eux, dont le cultissime ‘Scrolls of the Megilloth’ (1992). Et puis il y a le premier album de PARAMAECIUM, ‘Exhumed of the Earth’ (1993), et son colossal morceau d’ouverture de dix-sept minutes, monument indéfectible de la scène death/doom des années 90. Bref, on a pas affaire à des bleu-bites donc mais à des trentenaires bien costauds qui sont restés un peu bloqués sur un metal extrême assez épuré de toute influence extérieure et rien que pour ça, cela mérite qu'on s'y intéresse un peu. Mais pas trop non plus parce que le Valhalla n'est pas forcément au bout du chemin...

Alors je rassure les laïcs purs et durs, le discours ‘Jésus revient’ a été prié d’aller revoir son missel ailleurs car ‘InExordium’ fait dans le death pur et dur, comme on en trouvait à foison en Europe dans le milieu des années 90, et notamment en Allemagne, qui s’était alors fait une spécialité de donner naissance à de bons petits soldats jamais géniaux mais toujours prêts à partir au combat. Du supra-classique jamais trop bavard donc, un chouia mélodique mais avec quand même quelques blasts histoire de faire bonne mesure (« Rising Hatred ») mais aussi une pointe d’influences thrash encore bien visibles, plaçant le tout quelque part entre MORGOTH (période ‘Cursed’), BOLT THROWER et CARCASS pour le chant de corbeau à la Jeff Walker. Par contre je ne sais pas s’ils ont été influencés par ‘St Anger’ ou pas (ce qui n’est pas franchement une excellente idée) mais volontairement, l’album ne contient que peu de solos de guitares, ce qui a hélas tendance à accentuer le côté un peu monotone de l’ensemble qui peine à décoller. En fait, INEXORDIUM n’est jamais vraiment mauvais, ni vraiment excellent mais juste, euh, compétent en fait. En gros, c’est bien produit, bien joué mais cela ne réussit jamais vraiment à convoyer ce côté si viscéral et fou indispensable à tout vrai groupe qui se respecte.

Par contre, niveau business, chapeau bas. En plus de le sortir eux-mêmes, le groupe envoie à chaque acheteur de l’album un lien sécurisé pour télécharger tout l’album en mp3, histoire d’attendre sans stress que le CD fasse son petit bonhomme de chemin depuis l’Australie. Mais pour le reste, merci les gars mais bon, votre disque me donne surtout envie de me renvoyer un coup de ‘Scrolls’ dans les cages à miel quand même...


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 12/20 | Nb de lectures : 10062