Ça y est ! C’est fait ! Relapse nous dévoile aujourd’hui sa dernière découverte bruitiste du moment avec les Swedish d’INEVITABLE END qui pourrait facilement se targuer d’un classement honorable dans la catégorie des groupes au blase tout moisi. Fort heureusement pour nos oreilles, le manque de goût de ce quatuor de Göteborg se limite exclusivement au choix du patronyme de leur groupe parce que le contenu de cette galette est diablement intéressant. A croire que les bonnes fées sourdes du métal extrême se sont bien penchées sur le berceau de ces ch’tiots pour leur insuffler une fougue et une approche relativement personnelles.

Parti de débuts death/thrash en 2003, INEVITABLE END a déjà parcouru un bon petit bout de chemin en l’espace d’une paire de démos pour débouler aujourd’hui avec un disque hybride qu’on pourrait qualifier de death/grind. Hybride car, si les Suédois ont une approche résolument brutale de la musique, leur façon de conjuguer diverses influences s’inscrit comme relativement inédite. En fait, ce petit côté singulier va même au-delà des métissages d’inspirations puisque la musicalité même d’INEVITABLE END est un peu à part.

Malgré ses airs ultra-bourrins dans la série « je-t’en-fout-plein-la-gueule-commence-à-recompter-tes-molaires », « The Severed Inception » est en fait un album défouraillé par de véritables orfèvres qui n’ont pas oublié leur cerveau dans leur local de répet. Il y a tout d’abord cette batterie placée très en avant dans le mix, et pour cause. Le mec derrière les fûts est une pure brute, un véritable cogneur, un bouffeur de cymbales. Lorsqu’il ne bombarde comme un orgue de Staline (cherchez sur Wikipedia si vous savez pas), c’est pour planter des martèlements lourds de forgeron ayant des envies d’enclume plate qui ne sont pas sans évoquer les rythmiques de Danny Herrera (NAPALM DEATH). Là-dessus, le groupe a choisi de planter des guitares alternant de gros riffs catchy parfois thrash ou punk ou des plans délicieusement masturbatoires à la ORIGIN et même parfois de bonnes vieilles mosh-part deathcore sur les bords. En fait le gars semble à l’aise dans tous les registres et arrive à placer des accords dissonants, des riffs plus chiadés ou encore un bref passage surprenant privé de toute distorsion sur l’énorme « Embrassing the Origin ». Ça aurait pu avoir l’effet d’un solo de balalaïka sur un titre de NAPALM DEATH mais, au contraire, ça apporte un brin de fraîcheur et d’originalité qui émaille toute la durée de l’album.
Du côté du chant, INEVITABLE END va, encore une fois, à contre-sens de ce qu’on pourrait attendre d’un authentique groupe de death/grind avec un chant braillé parfois à la limite du chant clair qui colle plutôt bien avec l’ensemble.

Atypique et personnel, semblent deux adjectifs adaptés à ce premier disque des Suédois. Mais quand on cherche plus en profondeur, le mystère de ce death/grind singulier trouve un embryon de réponse dans le CV de ses protagonistes. Si les noms de groupes comme BLEEDIENCE, VIXIVI ou encore CRIMSON MOONLIGHT ne vous évoquent rien de bien particulier c’est peut-être parce que vous n’êtes pas un érudit en matière de métal chrétien. Mais si, vous savez bien, cette scène parallèle qui évolue en autarcie grâce à la ferveur de ses fans convertis, guettant chaque CD comme une hostie à la fin de la messe. Et là le masque tombe, car même si Relapse se fait discret sur les convictions d’INEVITABLE END et sur le contenu de leurs textes, nous avons bien là un véritable groupe de death/grind chrétien ce qui explique peut-être cette approche, cette appréhension de la musique un tantinet différente de ce que nos âmes perverties et corrompues ont l’habitude d’entendre.

Outre ses qualités intrinsèques, cette galette est peut-être l’occasion pour nous d’entamer un chemin vers la rédemption. Vivement qu’ils fassent une tournée avec WACO JESUS (comment ça, c’est pas un groupe chrétien ? Avec un nom pareil ?)


Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 11091