La démo trois titres sortie en 2005 le laissait présager: il allait bientôt falloir compter avec INBORN SUFFERING. Dix-huit mois plus tard, nous en avons la confirmation, il faut définitivement compter avec INBORN SUFFERING qui, avec ce premier album, vient directement s'asseoir aux côtés de ATARAXIE dans l'autobus des bonnes grosses pointures de la scène doom française.

Pour ceux qui n'auraient pas tout suivi, rappelons que INBORN SUFFERING est un sextet de la région parisienne qui voue une passion sans limite à la scène doom death anglaise du début des années 90. Scène incarnée principalement par MY DYING BRIDE, PARADISE LOST et ANATHEMA. Si ce que font ces groupes ou du moins ce qu'ils faisaient il y a quelques années vous intéresse, je vous conseille vivement de poursuivre la lecture de cette kronik.

"This is who we are" nous annonce le premier titre et, en effet, il résume bien la musique de nos Parisiens. En douze longues minutes, le groupe développe un doom-death majestueux qui n'a pas grand chose à envier à ses glorieux aînés. Les guitares vous sautent d'entrée aux oreilles, leur puissance, l'intelligence de leurs riffs et leurs mélodies regorgeant de feeling et d'émotions ne laisseront personne insensible. Le groupe a, semble-t-il, un peu accentué le côté puissant de sa musique délaissant quelque peu les artifices mélodico-émotionnels tels que le chant clair et les chœurs. Le piano et le violon sont toujours de la partie mais leurs interventions sont assez limitées mais néanmoins cruciales et toujours à propos. C'est donc sur la guitare et le chant que repose essentiellement la musique de INBORN SUFFERING. Le chant justement, se partage entre un chant death puissant, profond et convaincant et un "chant" clair à mi-chemin entre la déclamation et la plainte murmuré, lui aussi très convaincant. Le chant m'a d'ailleurs rappelé celui de Danny Cavanagh d'ANATHEMA lorsque celui-ci a repris le micro sur l'album "The silent enigma". Les morceaux sont dans l'ensemble assez longs mais, même si le groupe aime à faire progresser lentement ses morceaux autour d'un riff, d'une mélodie, on ne s'ennuie jamais tant la qualité de ceux-ci est grande. On s'ennuie d'autant moins que les ambiances sont variées au sein même d'un morceau. On passe sans peine d'un passage très puissant où la batterie se déchaîne à une partie beaucoup plus calme où un piano vient nous délivrer une petite mélodie majestueuse. Le groupe se permet en plus quelques fantaisies ici ou là, notamment sur le titre "Thorn of deceit" où une chanteuse vient poser quelques jolies lignes de chant et où, surtout, le groupe se permet, en plein milieu du morceau de nous poser un passage purement black metal que ne renieraient pas les maîtres du genre.

Bref, vous l'aurez compris, cet album est une très belle réussite. On y entend un groupe impressionnant de maturité, déjà affranchi de ses influences et qui maîtrise parfaitement son sujet. Pour ne rien gâcher, le groupe a doté son album d'une excellente production qui restitue parfaitement la puissance du groupe notamment par un son de guitare bien épais mais également toute la majesté et les émotions sincères dont regorge ce "Wordless hope".

Le groupe a récemment subi des changements de line-up avec les départs successifs de Fred (chant) et de Loïc mais le line-up est d'ores et déjà au complet avec l'arrivée de Manu à la gratte et de Laurent (alias Pokemonslaughter), déjà connu pour son implication dans MOURNING DAWN. Nul doute que ce nouveau line-up sera à la hauteur pour défendre cette galette sur scène. Un des albums de l'année.


Rédigé par : Sheb | 17/20 | Nb de lectures : 14389